La chronologie des évènements qui ramènent Yaël Braun-Pivet au perchoir de l’Assemblée nationale après la lourde défaite des législatives du camp macroniste est parfaite.
Mardi 16 juillet : Emmanuel Macron accepte la démission du gouvernement Attal qu’il avait pourtant refusé au lendemain du résultat catastrophique de son camp au second tour des législatives, le 7 juillet, après la claque des Européennes.
Jeudi 18 juillet : Yaël Braun-Pivet est réélue à la présidence de l’Assemblée nationale avec 13 voix d’avance sur le candidat du NFP après avoir bénéficié des votes de 17 ministres qui tordent ainsi le cou à l’article 23 de la Constitution, Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, s’étrangle d’horreur.
Confusion des pouvoirs ? Non : con-fusion !
Emmanuel Macron a accepté in extremis la démission du gouvernement Attal dans la perspective du vote de ses ministres pour échapper à une potentielle condamnation pour incompatibilité : les ministres démissionnaires auraient le droit, en effet, de voter, seule exception au principe de séparation des pouvoirs d'après une loi organique qui règle le code électoral.
Il n'y a pas de consensus parmi les constitutionnalistes...
Entre le 8 et le 18 juillet, le « méchant » Emmanuel Macron aidé par le « gentil » Gabriel Attal a négocié avec le maître spirituel et chamane de ce qui reste du LR, Laurent « Raspoutine » Wauquiez : six ou sept postes clefs seront réservés aux députés « amis » du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans la « nouvelle » organisation de l’ancienne Assemblée nationale artificiellement ressuscitée.
Emmanuel Macron avait refusé d’acter la victoire du NFP arrivé en tête de la consultation : il a réussi à transformer une authentique déroute électorale en fausse victoire grâce à une salade composée en dix jours de négociations secrètes avec les débris d’un parti politique « gaulliste » piloté par un homme qui jurait ses grands Dieux qu’il ne participerait jamais à une coalition macroniste, il promettait d’être dans l’opposition.
À décharge, reconnaissons tout de même qu’entre « coalition » et « collation », la salade "Scrabble" composée de neuf lettres avait des arguments pour exciter les papilles macronistes anesthésiées par une série de défaites électorales depuis 2022.
L’homophonie entre « macronisme » et « droite » est aussi saisissante que celle entre coalition et collation.
Les électeurs du NFP et du RN sont les grands cocus de cette misérable histoire qui ressemble tout de même un peu beaucoup à un coup d’État.
En 2007-2008, Sarkozy avait cocufié les Français après le referendum de 2005 qui rejetait le projet de constitution européenne : l'avenir nous dira ce que le peuple, qui a de la mémoire, va faire de cette nouvelle entourloupe.
Le « Front républicain » a permis d’éviter que le RN arrive en tête tandis que le front anti-NFP qui lui a gentiment répondu a permis au camp macroniste de survivre, un retour de bâton qui en dit long sur le cynisme politique.
On se souviendra aussi de cet admirable et imposant Jean-Luc Mélenchon, celui du 7 juillet, à 20 h 01, et de son péremptoire « Le programme, tout le programme, rien que le programme (du NFP) » qui restera dans les annales de l’arithmétique électorale, ou autre part : 182 députés = 289 députés.
Magnifique en effet, en qualité de prestidigitateur : il fallait aller vite devant les caméras, être le premier, pour proposer cette équation très personnelle qui fait penser aux mathématiciens Riemann ou Lobatchevski, il faut bien ceux-là pour comprendre celui-là… Mélenchon, un « non-euclidien » qui vous veut du bien ?
Après sept ans de gestion sociale et économique catastrophique, Macron va devoir assumer, seul, le désastre que pointent du doigt l’UE, le FMI, les agences de rating, mes voisins et Mireille Mathieu pourtant à la retraite : on ne pourra pas reprocher au NFP d’en être responsable, c’est déjà ça !
Les rendez-vous sont pris pour le projet de loi de finances 2025 (PLF 2025) : censure, vous avez dit censure ?
Le pourrissement est en cours ; rien ne sert de courir !