Nelson Mandela a passé 26 longues années de sa vie, de 46 ans à 72 ans, dans les geôles Sud-Africaines au nom d'un combat pour la liberté, contre l'apartheid, un mot afrikaans qui désigne l'organisation d'une société construite sur le "développement séparé" à partir de critères ethniques et raciaux, une institution organisée, imaginée et mise en place par une minorité blanche au détriment d'une immense majorité noire.
Ségrégation économique, sociale, politique et géographique. Déterminée, volontaire, cynique, dramatiquement mortifère.
La minorité blanche, 20 % de la population, imposait son modèle de société, un des plus répressifs au monde, à une majorité de noirs,70 % de la population, des bantous pour la plupart.
A mort les indiens (les coolies, des immigrés, tiens tiens), à mort les métis, à mort les noirs !
No coloured people !
Des émeutes à Soweto en 1976, des milliers et des milliers d'arrestations, des centaines, des milliers de morts jusqu'en 1986, les "escadrons de la mort" de triste mémoire, qui massacreront tout sur leur passage.
D'après Valls, la République Française appliquerait donc sur son territoire le "modèle" et les principes qui accompagnent l'apartheid.
Mais qui ?
Que penserait, que dirait Mandela de cette comparaison ?
Cet abus de langage, cette faute politique majeure, est une insulte au peuple Sud-Africain et à la mémoire de ceux qui se sont battus pour rétablir la démocratie dans ce pays.
C'est aussi une façon de stigmatiser nos banlieues, de les pointer du doigt, avec une hypocrisie et un cynisme que personne n'avait osé avant lui car en l'écoutant j'avais le sentiment que ce sont ces gamins, nos gamins il ne faut jamais l'oublier, qui tiendraient le manche.
Des ghettos en France. Ou des townships, pourquoi pas ?
Fox News et Rupert Murdoch avec leur "no go zone" ne sont pas loin.
Pauvres, isolés, pas formés, mais délinquants, criminels, terroristes et maintenant afrikaners...
Que les banlieues soient plongées dans une crise profonde ne fait aucun doute, ça dure depuis près de 40 ans.
Que Valls souhaite se frayer un chemin entre la droite de la gauche, la gauche de la droite et la droite de la droite, ça le regarde.
Il faut d'abord faire le bilan de tous ces politiques, de toutes ces politiques qui ont lamentablement échoué dans ce domaine comme dans celui de l'économie, du chômage et de la croissance des inégalités, échoué face au libéralisme triomphant qui, à lui seul, explique beaucoup de choses.
Mais pas ça !