KGB, procédés staliniens, STASI, totalitarisme, la défense de Sarkozy fait dans la nuance.
Inutile, comme on a pu le voir ici ou là, d'invoquer le Godwin Point (plus un débat s'éternise, plus la probabilité de se référer à Hitler ou à Staline est forte) car, en l'espèce, c'est un contre sens total puisque à peine entâmer on y a droit ! dès les premiers mots !
Passons rapidemment sur le "trouble", la "honte", le "scandale" le caractère "immoral" des écoutes qui offusquent au plus haut point Nadine Morano, Henri Guaino, Bruno Le Maire, NKM et Roger Karoutchi...
Ces sarkozistes du premier rang, ceux que j'appelle "les Raymonds", sont "outrés", furieux, l'indignation est poussée à son paroxysme : pour défendre leur champion, celui qui avait sauvé la démocratie occidentale (Guaino dixit) ils n'hésitent pas à invoquer les valeurs morales les plus exigentes, celles de tous les hommes de bonne volonté, celles de la république (de Montesquieu, pas de Platon attention !) avec un garde fou, la présomption d'innocence, "innocence" magnifique mot que je réserve d'habitude aux enfants...
La France de Hollande et de Valls serait donc celle de Staline et de Béria.
Deux choses m'étonnent chez les Raymonds :
- D'abord la référence (la révérence) faite aux valeurs morales est inversement proportionnelle à l'objet et à la nature des débats car même si Sarkozy n'est pas officiellement "coupable", pas juridiquement coupable, le moins qu'on puisse dire est que toutes ses affaires sont strictement immorales, fric, trafic d'influence, subordination de témoins, enrichissement personnel...Cahuzac n'a pas pu nier très longtemps, lui, le contenu de ses enregistrements.
- Ensuite les Raymonds n'éprouvent aucune espèce de gêne, de pudeur ou de honte à surenchérir sur la forme sans jamais aborder le sujet des écoutes stricto sensu car enfin c'est bien Sarkozy et son avocat qui reconnaissent que si "le droit est respecté" ils ont très peu de chance de s'en sortir ! c'est quand même absolument énorme !
Enfin la presse alterne le meilleur (que je ne vais pas nommer ici pour éviter la flagornerie) et le pire : je n'arrive pas à comprendre la timidité des journalistes quand ils sont en face d'un Guaino ou d'une Morano, il faut avoir le courage de "mettre les pieds dans le plat" et ne pas hésiter à leur demander de réagir sur le fond du dossier et non pas sur le caractère légal ou illégal des écoutes puisqu'elles ont été diligentées par la justice elle même.
La nature du délit, les propos tenus, les dérives avouées passent au second plan, on ne s'interresse plus au délinquant on se focalise sur celui qui porte le micro...curieux tête à queue.
Pire, les méthodes utilisées par ces pieds nickelés, les Raymonds, sont celles de la STASI, "c'est celui qui dit qui est". Ces gens là ne peuvent pas comprendre que Valls, Taubira et Hollande regardent passer le train passivement en laissant la justice faire son boulot, passivement mais avec gourmandise, c'est normal, on ne se refait pas, c'est l'ADN du politique.
L'enjeu de toute ces affaires est simple : pour que l'état de droit triomphe enfin partout en France nous avons besoin d'une justice indépendante. Si Les Raymonds arrivent à manipuler la justice, à éviter les sanctions en imposant un écran de fumée aussi énorme qu'opaque il sera impossible ensuite d'aller donner des leçons de morale aux petits trafiquants de nos banlieues.
Au delà d'une problématique gauche-droite nous sommes face à un défi majeur pour la démocratie, une menace.
Elle a un nom : Paul Bismuth.