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Billet de blog 22 mars 2024

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Emmanuel Macron vise la présidence d’OGF-PGF en 2027

L'opérateur de référence des services funéraires en France propose un pont d'or à Emmanuel Macron pour prendre la présidence de la société en 2027.

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Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, OGF est le premier opérateur de services funéraires en France, la référence, avec un chiffre d’affaires proche de 630 millions d’euros et un résultat de l’ordre de 8 % en 2023, un ratio très satisfaisant pour les spécialistes ; et un EBITDA à faire pâlir d'envie Total, LVMH et, plus largement, tous les fonds d'investissements anglo-saxons qui lorgnent sur la France macronienne, nouvelle terre promise du libéralisme international.

L’activité d’OGF, on l’aura compris, se focalise essentiellement sur le business de la mort et les « services » qui lui sont associés.

Une communication sobre autant que consensuelle comme on peut en juger :

« Une cérémonie d'obsèques qui célèbre une vie.

Près de chez vous, dans votre agence PFG, votre conseiller vous guide dans les décisions à prendre. Ensemble, vous préparez une cérémonie qui raconte la personnalité du défunt. »

Célébrer une vie après la mort, un exercice dans lequel Emmanuel Macron excelle depuis 7 ans maintenant : près de 26 hommages nationaux rendus, 3,6 par an, un record dans la Ve République !

Des panthéonisations en veux-tu en voilà : celles et ceux qui avaient eu le tort de mourir avant l’élection du 8e président ont tout de même droit, eux aussi, à un hommage filmé et diffusé en direct sur toutes les chaînes d’information.

Quatre panthéonisations en six ans, 1,5 par an ! Qui dit mieux ?

Les hommages nationaux et les panthéonisations sont du ressort exclusif du président de la République, c'est lui qui choisit, c'est lui qui décide qui, quand, comment, il a besoin de l'accord des familles, mais c'est un détail.

Emmanuel Macron a acquis un savoir-faire unique, son talent est incontestable, un talent que certains pisse-vinaigre brocardent pourtant volontiers en expliquant que « Trop d’hommages tuent l’hommage », la formule est …maladroite, non ?

Les plus critiques dénoncent une autopromotion censée servir la personne du chef de l’État. Quelle injustice !

Ajoutons que Macron ne panthéonise pas systématiquement, l'exemple de Molière est là pour nous rappeler qu'il sélectionne rigoureusement les candidats : Joséphine Baker 1, Jean-Baptiste Poquelin alias Molière 0.

Nul doute que le président de la République aura d’autres occasions pour peaufiner sa méthode, trois ans, c’est long …il est très probable qu’il atteindra sans trop de problèmes la barre fatidique des 30 hommages.

Combien de panthéonisations en plus ? Qui ?

Même si les records sont faits pour être battus, celui-là risque fort de durer très longtemps ... un peu comme le record olympique de Bob Beamon au saut en longueur qui est toujours invaincu 56 ans après ; on parle bien du record olympique, pas du record du monde, précision utile, car il faudra être très rigoureux pour être sûr et certain de bien mesurer la performance de monsieur Macron qui s’annonce sensationnelle, soyons précis !

Le visage est grave, la voix est posée, un peu monotone, quelques silences pleins de respect et d’émotions émaillent ses discours toujours très documentés, bien charpentés. Convaincant aussi, bien sûr.  

L’écriture est soignée.

Le pas est lent, les déplacements de la tribune au pupitre, du pupitre au cercueil, le retour du cercueil vers la tribune, sont mesurés, cadencés, rythmés.

Un spectacle magnifique qui raconte la personnalité du défunt : à n’en pas douter, la promesse est tenue !

On le rappelle, les prédécesseurs de l’actuel locataire de l’Élysée sont très loin derrière, c’est un fait :  le général de Gaulle, par exemple, s’est appuyé sur André Malraux pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Mais il n’y a plus de Malraux …ni de de Gaulle … ni de Jean Moulin …

De Gaulle, VGE, Chirac, Sarkozy et Hollande avaient-ils moins de cœur ?

Ah, les ingrats !

Une cellule « grise » est en alerte permanente au Palais : une équipe composée de quatre femmes et de trois hommes scrutent en permanence l’état de santé de certaines célébrités, Françoise Hardy, Alain Delon et Gérard Depardieu dont la santé mentale est, décidément, mise à mal, ce qui justifie le soutien inconditionnel du président à son égard ; les rubriques nécrologiques sont déjà très avancées, elles préfigurent ce qu’en dira plus tard, au bon moment, le président devant caméras et micros.

C’est dans cet objectif que l’Élysée a reconduit ses abonnements à Voici, à Closer, à Ici Paris, à Gala et à CNews.

Et Mireille Mathieu ?

Ne mérite-t-elle pas d’être directement panthéonisée ?

« Entre ici, Mireille Mathieu, avec ton terrible cortège » : quelque fois, il en fait trop, c'est un peu vrai, mais peut-on vraiment lui en faire le reproche ? Mieux vaut trop que pas assez, c'est le genre qui l'exige, il peut arriver, en effet, qu'à force de multiplier les hommages, le président se prenne les pieds dans le linceul, c'est humain.

La réforme des retraites va incontestablement aggraver la santé de nos aînés tout comme la réforme du RSA et bientôt la diminution du taux d’indemnisation et de la durée de prise en charge du chômage vont fragiliser la santé des plus jeunes, sans parler de la situation catastrophique des hôpitaux publics : rien n’est laissé au hasard, il est là le ruissèlement.

Voilà pourquoi Emmanuel Macron est l’homme de la situation, OGF et les PFG ne pouvaient pas se tromper.

« Un enterrement est une cérémonie au cours de laquelle chacun des invités juge indûment occupée par le mort une attention qu’il voudrait fixée sur lui » expliquait fort justement Robert de Montesquiou.

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