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Billet de blog 24 septembre 2016

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Tiens bon la rampe, Jérôme !

Jérôme Kerviel est condamné à verser un million d'euros à la Société Générale, c'est 4900 fois moins que ce qu'espérait la banque mais c'est encore trop. La très lourde sanction pénale, elle, n'est pas remise en cause alors que la responsabilité de la banque ne fait plus aucun doute. Vers un nouveau procès Kerviel.

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Pour avoir soutenu Jérôme et rédigé plusieurs billets en ce sens, après avoir lancé une pétition en sa faveur, je devrais être satisfait par la décision de la Cour d'appel de Versailles qui réduit drastiquement les indemnités que l'ancien trader devra - devrait ? - verser à son ancien employeur, la Société Générale.

Ce n'est pas le cas.

Je reconnais bien volontiers que les dernières décisions de justice vont dans le bon sens grâce, notamment, à l'excellent travail de David Koubbi, son conseil, grâce à la détermination de Jérôme et de son entourage.

Mais le dossier de Jérôme, ses arguments, méritent beaucoup mieux.

La justice fait marche arrière mais refuse toujours de revenir au point de départ de cette longue et pénible affaire : la banque a fait preuve d'un défaut de surveillance, d'un manque évident de contrôle et a profité, au sens premier du terme, de ses carences pour obtenir de l'Etat Français, de Bercy, un abattement fiscal de 2 milliards d'euros.

C'est le contribuable qui vient au secours de la banque pour l'aider à éponger ses pertes et à masquer ses nombreux manquements.

La stratégie de défense de cette banque a de quoi surprendre, elle se déclare victime de Jérôme Kerviel et fait reposer la totalité du désastre sur ses seules épaules.

Qui peut sérieusement et durablement la croire ?

Personne !

La maîtrise du "risque commercial" - ou risque crédit - comme la maîtrise du "risque marché" - lié aux opérations de trading - sont la base même du métier de banquier, les banques dépensent des sommes considérables pour mésurer et contrôler en temps réel ces 2 types de risques.

La justice est en train de corriger le tir mais a beaucoup de mal à éviter une certaine forme d'adhérence liée aux décisions qu'elle avait prise il y a 8 ans maintenant.

C'est l'obstacle principal auquel Jérôme et David sont et seront confrontés : revenir au point de départ, refaire un procès, s'affranchir définitivement des erreurs d'une instruction menée à charge, exercice très difficile pour une justice qui n'a pas l'habitude de s'autocritiquer, même indirectement, par le biais d'un nouveau procès.

Que penser et que dire d'une des premières banques européennes qui déclare publiquement qu'elle est totalement impuissante face aux indélicatesses d'un de ses traders ?

Qu'en pensent ses clients ? Qu'en pensent ses partenaires ? Que disent ses actionnaires ? Quelle image se dégage d'un tel aveu ?

A la suite de la mal nommée "affaire Kerviel" - qui est, en fait, une "affaire Société Générale" - la banque a fait appel à un grand cabinet américain pour l'aider à revoir toutes ses procèdures, tous ses outils et toute son organisation en matière de maîtrise des risques, preuve qu'elle a parfaitement eu bien conscience de ses manquements et de ses erreurs.

On ne fait pas appel à un garagiste quand sa voiture fonctionne parfaitement.

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