N’allez pas chercher en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, ou je ne sais où, ce que vous avez en France, il suffit d’ouvrir les yeux en jetant à la poubelle les œillères confortables que nous tend une presse globalement soumise aux lois du capitalisme financier qui la sponsorise généreusement, grassement.
Des nuances existent, elles sont trompeuses – salutaires pour qui veut sauver les apparences malgré les évidences – car les faits sont têtus.
Ne nous voilons pas la face, la France est bel et bien en train de dévier de sa trajectoire républicaine et démocratique, la comète Macron est entrée en collision avec une culture, une histoire et une sociologie riches de 230 ans d'expérience.
Sous l’effet du choc, les nuages s’accumulent, l’obscurité gagne du terrain, la nuit arrive.
Le froid s'installe.
Au-delà des nuances, ce qui compte c’est la tendance qui se dégage depuis un peu plus de deux ans : le moins que l’on puisse dire est que la situation est très préoccupante, le mouvement des gilets jaunes a l’immense mérite, entre autres, de révéler la nature profonde d’un pouvoir libéral qui ne recule devant rien ni personne pour renforcer sa volonté de puissance et mâter la contestation.
Jusqu’au sang.
Jusqu’à la mort s’il le faut.
Plus le libéralisme avance, et avec lui son cortège d'injustices, plus il se défend violemment. De plus en plus violemment.
On cherche encore une « doctrine du maintien de l’ordre » pour justifier la répression policière – d’ailleurs plus militaire que policière – comme si la répression, une fois repensée, serait plus comestible, plus naturelle, plus juste ou moins arbitraire…bio, pendant qu'on y est…on cherche, mais on ne trouve pas !
La répression n’a pas d’autre fondement que de préserver les intérêts du pouvoir en place, économiques et financiers en l’occurrence, inutile donc de faire surchauffer tes deux malheureux neurones, Castaner, ça sent l’huile chaude d’ici…ne te risque pas à penser, surtout pas, tu vas te perdre dans le désert aride qui te sert de boite crânienne.
Des LBD 40, des grenades GLI-F4 à effets combinés contenant 25 grammes de TNT : la France est le seul pays européen à utiliser une arme à explosifs lors de manifestations ! des bulldozers antiémeutes, des chars !
Le droit de manifester garanti par l’article 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme rétrécit comme peau de chagrin aux grès des humeurs de Macron, de Castaner et de leurs sbires à plumes : il faut sauver la vitrine de la BNP, de la Société Générale et du MacDo, la patrie libérale est en danger !
Insupportables images d’une Porsche en feu, avenue Kleber, dans le 1.6, à Paris…un bref instant, j’ai cru qu’elle était à moi, cette bagnole…sont forts ces journalistes de BFMTV !
Il est toujours possible de manifester, mais sur un confetti entouré d’un cordon de CRS protégé par des chars. Il faut « préalablement » demander la permission à la préfecture de police…mais dans quel pays vivons-nous ? Que sommes-nous devenus ?
Les blacks blocs permettent à l’État réactionnaire d’user de toutes ses armes, il tire dans le tas, gaze tout le monde, matraque toutes les têtes y compris celles de retraités qui osent défendre leurs droits ; ou ce qu’il en reste.
Un amalgame, un argument, un prétexte qui autorise tous les excès, tous les abus de pouvoir !
Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on ne peut ni identifier ni contenir une poignée de jeunes radicalisés, radicalisés, notons-le au passage, par une société parfaitement inique, insupportable en fait…
Non ! la police de Macron a besoin des blacks blocs pour mater les GJ, sans perspective de guerre, pas besoin de canons !
Le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, la police et la presse se liguent pour faire triompher l’ultralibéralisme dont Macron est « en même temps » le porte-drapeau et le fer de lance.
Les images préformatées que nous proposent les chaines d’informations chaque samedi après-midi, entre deux spots publicitaires, sont destinées à habituer le consommateur moyen, qui est aussi un électeur moyen, aux violences policières légitimées par une doxa authentiquement réactionnaire : l’électeur de Macron n’a plus rien à craindre ni à redouter du discours autoritaire et nationaliste de l’extrême droite, il s’est mithridatisé au fascisme rampant des uns et des autres, Sarkozy avait ouvert la voie il y a dix ans. Quand Emmanuel Macrozy et Nicolas Sarkon se tapent sur les cuisses en rigolant, copains comme cochon, ce n'est pas neutre, c'est symptomatique d'une dégénérescence politique profonde, la démocratie française est malade.
Le samedi après-midi, les généraux ont la parole ! sur toutes les antennes !
Le consensus n’est plus « mou », il est devenu militariste !
Des GJ qui se sont fait infiltrer ; qui se sont laissé infiltrer ; qui sont complices ! Ah...les salauds !
Le fascisme moderne a fait de l’ultralibéralisme sa religion avec, à sa tête, une meute d’intégristes fanatisés par le pouvoir de l’argent et le culte du profit, c’est de cela que la planète est en train de mourir, de rien d'autre, tout le reste en découle.
L’union de la gauche, de toutes les gauches, est plus que jamais nécessaire pour inverser cette tendance politiquement, économiquement, écologiquement et moralement mortifère.
Au suicide libéral que propose Macron doit succéder un espoir socialiste – et écologique – digne de ce nom.
Pour réinventer cet espoir, il faut d’abord l’imaginer. Et le vouloir, bien sûr !
Pour l’imaginer, il faut en rêver.
Commençons, peut-être, par réinventer ce qui différencie la gauche de la droite, revenons à la source : la gauche est antilibérale, elle est par nature anticapitaliste.
Ou elle n’est pas.
P.-S. : Qu’on en finisse une bonne fois pour toute avec les polémiques stériles liées à la France Insoumise et/ou à la personne de Jean-Luc Mélenchon, ne nous laissons pas manipuler comme des marionnettes décérébrées, car pendant que les « pour » et les « contre » s’écharpent, le business libéral continue sa course folle !