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Billet de blog 24 novembre 2016

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La reddition du Septième Bourgeois.

La notion de reddition est d’actualité, elle est même spectaculaire au point d’être gênante et clairement inconvenante : les fans de Sarkozy qui rêvaient d’un « blast » susceptible d’éliminer tous ses concurrents se rallient ipso facto, sans gêne et sans pudeur, à l’ennemi d’hier, François Le Mou. Luc Chatel, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti et plein d’autres.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 3 août 1347, les assiégés de Calais, isolés et affamés, abandonnés par le Roi, savent qu’ils ne pourront plus tenir longtemps après un an de lutte acharnée.

Jean de Vienne, gouverneur, informe Edouard III qu’il est prêt à lui rendre les clefs de la ville à condition que le sang ne coule pas.

Edouard III accepte le principe mais exige en contrepartie que les six plus gros notables-commerçants de Calais viennent, pieds nus, la corde au cou, en chemise blanche, lui rendre symboliquement les clefs de la ville.

Eustache de Saint-Pierre, le plus riche des négociants, s’en remet à la justice divine, à la miséricorde, et accepte de mourir pour le salut du peuple, il accepte donc de se rendre aux Anglais.

Cinq autres grands bourgeois, les plus connus, les plus riches, suivent son exemple, leur reddition se fait dans des conditions parfaitement humiliantes.

Les six bourgeois de Calais auront la vie sauve grâce à l’intervention de la Reine Philippine, l’épouse d’Edouard III qui supplie son roi de mari de les gracier.

Calais, possession britannique pendant plus de deux siècles, devient la tête de pont commerciale et militaire de l’Angleterre conquérante.

Il faudra attendre 211 ans -1558- et un certain François de Guise, Duc du même nom,  pour que Calais réintègre la Couronne française.

A ce stade un glossaire s’impose pour qui veut comprendre le lien entre les six bourgeois de Calais et le second tour des primaires de la droite et du centre puisqu’il s’agit de cela.

Inutile de s’éterniser sur les « bourgeois », qu’ils soient originaires de Bordeaux, du Man, de Paris ou de province, l’enjeu des primaires intéresse et concerne en priorité voire exclusivement ces bourgeois à qui on promet de les rendre encore plus riches – suppression de l’ISF – , l’augmentation de la TVA de 1 ou de 2 points ne les concerne pas, question de trésorerie…

Les Anglais sont, ici, vus comme les défenseurs d’un libéralisme conquérant  et omnipotent, dans sa version la plus sauvage, comme le symbole d’une pensée ultra libérale dont la figure  de proue s’appelle Margaret Thatcher, Fillon dixit.

La notion de reddition est d’actualité, elle est même spectaculaire au point d’être gênante et clairement inconvenante : les fans de Sarkozy qui rêvaient d’un « blast » susceptible d’éliminer tous ses concurrents se rallient ipso facto, sans gêne et sans pudeur, à l’ennemi d’hier, François Le Mou, Luc Chatel,  Laurent Wauquiez, Eric Ciotti et plein d’autres.

Le discrédit de la classe politique se renforce au spectacle affligeant de ces retournements de vestes, à la vue de ses pantalons qui tombent brutalement sur des chaussures usées jusqu’à la corde. Cette impudeur me dérange, cette exhibition qui n’a plus de filtre me donne envie de vomir.

Et votre fierté ? votre honneur ? votre dignité ?

Que faites-vous de vos convictions ? tellement acharnés à combattre vos ennemis d'hier...

J’entends mes amis m’expliquer que de dignité et d’honneur ils en sont dépourvus mais…mais pas à ce point, pas avec cet empressement…

Dans cette logique, mais en se bouchant le nez, on peut tout aussi bien assimiler Sarkozy à Eustache de Saint-Pierre d’autant plus facilement qu’on a pris soin de désigner nommément 3 de ses apôtres. Sa reddition est qualifiée de « digne » alors qu’il n’avait pas le choix, alors qu’il était humilié par le cinglant désaveu de son électorat des Alpes Maritimes et des Hauts de Seine.

Comment faire autrement ? réclamer une deuxième portion de frites ? nettoyer la place à l’aide d’un Karcher ?

Pauvre con !

Son arrogance l’a tué, il est mort avec elle, étouffé par des frites rances coincées entre les dents.

Deux autres apôtres pour terminer la liste ?

Rachida Dati, bien sûr ! si elle était un homme je me risquerais à utiliser un qualificatif approprié que je m’interdis mais, à la différence de Sartre, je ne lui trouve rien de respectable. Passons.

Christian Jacob, oui, pourquoi pas, le big boss des L.R à l’Assemblée, il le vaut bien, non ?

Concernant la reine Philippine…j’hésite encore…

Bernadette Chirac, sans doute, mais il faut attendre sa déclaration de soutien à Fillon, elle ne va pas hésiter à flinguer Juppé en faisant d’une pierre deux coups : en humiliant encore un peu plus Juppé elle continue de poignarder son mari.

Je fais le pari qu’elle plaidera pour un retour au calme des vieilles troupes. Va pour Philippine-Bernadette !

Au terme de cette – trop longue –  analogie, un constat s’impose : le Septième Bourgeois s’appelle Juppé, il va bientôt retourner à Bordeaux, la queue basse, ses espoirs présidentiels définitivement enterrés.

Sa reddition est prévue pour dimanche prochain, en début de soirée, entre le fromage et le dessert.

En attendant il fallait bien parler de celui qui va s’opposer, ce soir, à Margaret Fillon et à François Thatcher, l’histoire des Bourgeois de Calais immortalisée par Rodin ne comptabilise que six bourgeois or Juppé ne fait pas partie de l’histoire.

C’est pourquoi il est le Septième Bourgeois.

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