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Billet de blog 25 mars 2025

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À bientôt, peut-être...

Après onze années passées ici, après 861 billets de blog publiés dans Le Club, j'ai décidé de prendre du recul dont je ne sais pas mesurer, aujourd'hui, la profondeur ni la durée. Pour celles et ceux que cela pourrait intéresser, je m'explique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai publié mon premier billet le 1ᵉʳ avril 2014 en faisant un clin d’œil « footballistique » à Edwy Plenel sous le titre « Edwy 1 Plenel 0 ».

Edwy a eu la gentillesse de me répondre sur le même ton, avec une incontestable sincérité.

Onze ans plus tard, après un total de 861 billets publiés dans le cadre du blog au titre déraisonnablement ambitieux « Contre la connerie envahissante », après un peu plus de 900 contributions, incluant des articles d’édition publiés dans « Des idées et des hommes », et avec plus de 6 200 commentaires au compteur, j’ai décidé de prendre du recul, dont je ne sais pas mesurer aujourd’hui la profondeur ni la durée. Je n’exclus rien.

Beaucoup de souvenirs accumulés. Un se détache :

Peu de temps après la tragédie de Charlie Hebdo, en janvier 2015, j’avais publié un billet dans lequel je partageais ma profonde tristesse et ma douleur face à ce drame. J’avais pris soin de préciser que je me distanciais du mouvement « Je suis Charlie », dont, en réalité, je n’attendais pas grand-chose de durable ni de consistant.

J’avais cité Wolinski, Cabu, Charb, Tignous, bien sûr, et les huit autres victimes, dont Bernard Maris, que je lisais et écoutais régulièrement. On peut mesurer à quel point ils nous manquent…

Je citais également L'Écho des savanes, Hara-Kiri et le professeur Choron, Fluide glacial… des publications qui avaient contribué à façonner ce que j’étais et ce que je suis.

Je parlais de Jean-Marc Reiser, de Nikita Mandryka et de Marcel Gotlib : mon Panthéon.

À la suite de la parution de ce billet, je reçois un message de la rédaction de Médiapart qui me demande l’autorisation de transmettre mon adresse électronique personnelle à « quelqu’un qui veut vous répondre en toute discrétion ».

Je dis « oui, sans problème », un peu intrigué par cette démarche inhabituelle, tout de même.

Le lendemain matin, je reçois le message suivant : « Ils ne sont pas tous morts… »

Signé : Nikita Mandryka.

Nikita, déjà malade, avait dicté ce message à sa femme, qui m’a expliqué que son mari me lisait.

Quand on a cet état d’esprit, ce recul, cet humour et cette incroyable sobriété, malgré des circonstances aussi tragiques, que rien ni personne ne peut altérer, ni contrarier, on se sent plutôt heureux d’être lu par un tel homme… peut-être même flatté par cette proximité. J’en parle aujourd’hui encore avec la même émotion, la même intensité, et avec le même sourire.

J’ai croisé la plume de nombreux lecteurs, eux-mêmes blogueurs et blagueurs. Certains sont devenus des amis, ils se reconnaîtront : Denys, Bruno, « l’autre Bruno », Joël et bien d’autres encore.

J’ai toujours refusé de répondre aux insultes par l’insulte ou le mépris. J’ai réussi à conserver mon sang-froid malgré les inévitables provocations, de plus en plus systématiques, de plus en plus insupportables. L’anonymat y est pour beaucoup.

Ceux que j’ai cités agissent à visage découvert, comme moi, comme d’autres – une minorité, malheureusement.

J’ai tenté de manier l’ironie et la dérision avec plus ou moins de bonheur : sur 861 billets, il y en a au moins 840 qui ont usé et abusé de ces armes de destruction sélective.

Avec des victimes… Je pense en particulier à Mireille Mathieu, qui m’a servi de référence. Je n’en dirai pas plus.

Le positionnement de Contre la connerie envahissante n’est pas complètement cohérent avec la ligne éditoriale de Médiapart, c’est peu de le dire. En faisant de l’humour une arme, je savais que mon ADN n’était pas celui du comité de rédaction. Pas plus qu’il n’était celui de la plupart des abonnés, d’ailleurs.

J’ai donc écrit pour d’autres : pour ces 300 personnes qui ont eu la patience de me suivre dans mes délires, de me lire et, enfin, de me pardonner d’avoir sacrifié à l’humour des sujets qui auraient mérité un autre traitement – plus sérieux, plus rigoureux, en un mot : plus conforme à leur schéma de pensée.

Or, c’est précisément parce que je n’ai pas de schéma de pensée que j’écris… comme j’écris !

Certains quotidiens, notamment de la presse régionale, m’ont demandé l’autorisation de reproduire certains de mes billets : j’ai accepté.

Le WWF aussi. J’en suis très fier !

En sortant du « cercle » Médiapart, et du Club, je me suis oxygéné, j’ai repris goût à une certaine idée que je me fais de la liberté d'écrire et de la place que doit avoir le rire.

En effet, au fil du temps, je me suis senti prisonnier, comme tenu d’obéir à une règle implicite : celle de faire sourire, encore et toujours.

C’est devenu de plus en plus pesant.

Ma sacro-sainte liberté vaut plus que cela. En vérité, elle n’a pas de prix : je vais là où mon humeur me pousse, là où mes indignations m’ordonnent de me révolter.

J’ai reçu de gentils messages : « Voilà un billet bien sérieux, j’ai hâte que tu nous fasses rire, comme d’habitude… »

C’est vraiment gentil, mais non !

Cette étiquette a fini par me lasser.

Le combat contre la connerie est une affaire sérieuse que l’on peut traiter avec humour, mais tout dépend des circonstances et du moment. Je garde la main pour décider comment la traiter. Je veux rester seul maître de mes choix.

Je ne suis pas influençable, mais j’écoute.

Et incorruptible, mais pas inébranlable !

C’est la raison pour laquelle, au moment de prendre du recul, j’ai publié L’éloge de la lucidité en ces temps de connerie massive, puis L’éloge de l’esprit critique en ces temps de connerie massive, et enfin L’écosystème politique et économique de la connerie massive.

J’ai pris soin de les publier dans le blog Contre la connerie envahissante, mais le format s’y prête mal. C’est pourquoi je les ai également publiés sur Des Idées et des Hommes au format Édition, dont je suis le rédacteur en chef, plus approprié aux longues dissertations.

Plus de 8 500 mots, 21 pages : pas un testament, mais une profession de foi argumentée, détaillée. Trop, sans doute.

Comme le dirait Mireille, «  La boucle est bouclée » ; elle ajouterait peut-être, pour mieux se faire entendre, « Une page se tourne, une nouvelle s'ouvre », car Mireille a l'optimisme chevillé au corps, sa carrière en témoigne !

Bon courage à celles et ceux qui voudraient connaître plus précisément les racines de cette connerie qui n’en finit pas de nous envahir et à laquelle j’ai consacré plus de dix ans, avec joie et plaisir. Avec vous !

Je vais bientôt envisager de me rendre plus utile, dans un tout autre environnement, au service d’une collectivité et d’une communauté à laquelle j’appartiens d'ici à un an environ.

Du fond du cœur, merci à vous pour votre gentillesse, pour votre patience et pour vos commentaires généreux qui m'ont récompensé par votre humour.

Bon vent à Médiapart !

Je vous embrasse.

À bientôt, peut-être.

Bruno.

P.-S. – Je reste abonné à Médiapart. Qui sait ? J'aurais sans doute le plaisir de vous commenter !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.