Je n’ai pas beaucoup d’imagination et je suis paresseux, j'aurais dû être journaliste : le titre de ce billet m’est venu très spontanément, dicté par une assez mauvaise ambiance, dans un contexte un peu tendu, mais sitôt posé le point d’interrogation, je me rends compte que je suis confronté à un très cruel dilemme.
J’aurais dû y penser à deux fois, au moins.
À qui s’adresse cette injonction ?
De qui s’agit-il exactement ?
De Macron ou de Mélenchon ?
Des deux !?
Ou d’autres en plus des deux égocentriques ?
No me lo puedo creer.
Quand je suis au bord de la crise de nerfs, il m’arrive de parler espagnol. Pardon.
D’un côté, nous en avons un qui explique urbi et orbi qu’il est ravi d’avoir balancé une grenade dégoupillée dans les pattes des « extrêmes » ; dans la foulée, il met en garde les Français contre le risque d’une guerre civile à cause de ? Des extrêmes, voyons ! Donc une guerre civile qu’il a ou qu’il aurait ou encore qu’il aura déclenché !
C'est grandiose, non ?
Il devait se taire, disparaître pendant deux toutes petites semaines : on le voit partout, on l’entend partout… perso, je n’ai jamais cru qu’il se ferait discret, il ne peut pas.
De l’autre côté, nous en avons un qui explique qu’il a payé Raphaël Glucksmann avec 100 circonscriptions en échange des 3 points de plus réalisés aux Européennes versus la F. I. Un marchandage, un troc, quoi !
Il balance ça à moins de cinq jours du premier tour… il n’est pas idiot, ce n’est pas improvisé.
Pour compliquer encore les choses, je sors du cabinet de mon oculariste, ce matin, à Lyon, mon ami Arnaud que je vois tous les six mois pour polir ma prothèse oculaire : j’entends DSK soutenir le NFP ! Mais il sort d’où, exactement, le gars ?
Ma prothèse, pourtant délicatement polie, me gratte furieusement, notamment au niveau des paupières. « C’est psychosomatique », c’est probablement ce que mon voisin, macroniste avec lequel je me suis foutu sur la gueule l’été dernier, me dirait, ils sont cons ces macronistes, pas un pour relever l’autre.
Un bref moment, sous le coup d’une légitime émotion, l’image subliminale de Jérôme Cahuzac se superpose à celle de mon compteur de vitesse, je ne dois surtout pas dépasser les 110 kilomètres à l’heure sur le tronçon Lyon-Roanne, aux abords de l’embranchement de l’A89…
Condamné pour fraude fiscale, Cahuzac est candidat dans le Lot-et-Garonne aux prochaines élections législatives, il se présente sous l’honorable étiquette du « centre gauche ».
Ça a quand même de la gueule, non ? Un ancien ministre du budget, « de centre gauche » qui a entubé le fisc jusqu’à la moelle qui se présente aux législatives, comme si de rien n’était ! Ça vaut tous les programmes du monde, non ou c’est moi qui délire ?
Vous allez me dire « oui, tout ça, mais il a purgé sa dette à la société ». Si c’est un mec de « centre-gauche » qui me dit ça en face, je peux comprendre, ce sont des gens qui votent Macron…
On a beau m’expliquer que la candidature de Cahuzac « divise la gauche », cela ne me rassure pas du tout, au contraire : en clair, ça veut dire qu’il y a des électeurs qui trouvent que sa candidature ne pose aucun type de problème !
L’extrême droite n’est pas en reste : Joseph Martin, candidat Rassemblement national aux législatives dans le Morbihan, est d’abord radié pour des propos antisémites puis disculpé par Bardella.
Il avait dit que « Le gaz avait rendu justice aux victimes de la Shoah ».
Belle saloperie, non ? Difficile de faire mieux dans l’ignominie.
Abjecte.
Il me donne des frissons, ce gars-là.
M'sieurs-dames, on s’était lamentablement, bêtement trompé : en fait, il parlait de la mort de Robert Faurisson, le théoricien des Le Pen qui expliquait que la Shoah était une invention d’esprits malades, des juifs certainement.
Ce pauvre Joseph Martin pensait que ? Il pensait quoi, au juste, le Joseph ?
Il pensait que Faurisson s’était suicidé au ? Vous ne devinerez jamais ! Au gaz, justement ! Ah ! si, si, je vous le jure, je n’invente rien !
Du coup, forcément, il est blanchi, le Martin, c’est pas mal non ?
Comme quoi, sur un quiproquo…
Premier constat : la connerie vole en rase-mottes, à très, très basse altitude. Le plus curieux est que, même à très basse altitude, elle ne rencontre aucun obstacle ; cela s’explique par le fait que les médias balisent le terrain avant d’appuyer sur la gâchette.
Deuxième constat : vous, je ne sais pas, mais j’ai quand même un peu le sentiment qu’ils nous prennent pour des cons, en tout cas moi, ça ne fait aucun doute, vous, peut-être pas.
Pas des « petits cons », attention, non ! Des gros cons, des vrais de vrais, bien gras, bien puants.
Et honnêtement c’est assez logique : ils prennent tous exemple les uns sur les autres, c’est un problème de références et d’ambiance. Une contagion aussi.
Mélenchon sur Macron, Cahuzac sur Mélenchon, Martin, lui, s’inspire un peu de tous les autres.
Pour DSK, je me tâte encore.
Dans ce magnifique paysage, il y a quelqu’un qui manque : Gérard Depardieu, je le vois bien se présenter avec Damien Abad comme suppléant.
Décidément, je suis trop con, Abad est candidat à sa réélection dans sa circonscription de l’Ain, soutenu par Macron, il ne peut pas être le suppléant de Depardieu.
C'est dommage, non ?
P.-S. Pour une raison technique que j'ignore, ce billet est publié en caractère gras et dans la mesure ou je ne coprends plus rien à rien, je ne m'en offusque pas, d'autant moins qu'il est question ici de la connerie la plus grasse qui soit, le hasard fait bien les choses, après tout.