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Billet de blog 27 février 2017

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Echangerais emplois fictifs contre guerre civile

En pleine campagne électorale peut-on raisonnablement employer le terme de "guerre civile" quand on ambitionne d'accéder à la magistrature suprême ? Les mots ont-ils encore un sens ? Que cache cette pitoyable manœuvre de diversion ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le PenelopeGate aura servi de révélateur, désormais on connait assez bien, ou mieux, François Fillon, on sait comment il réagit en cas de coups durs.

Voilà un homme qui ambitionne d’exercer la plus haute fonction de l’Etat, garant des institutions, garant de l’indépendance de la justice, chef suprême des armées, un attaché-case d’une trentaine de kilos qui le suit partout et lui permettrait de déclencher une frappe nucléaire en cas de besoin ; ou pas…

Depuis six semaines, grâce notamment au Canard, les Français ont découvert un François Fillon très différent de celui que nous brossaient spins doctors et journalistes complaisants, très loin du catho-tradi donneur de leçons de morale qui puisait son inspiration, nous disaient-ils, dans ce qu’il y avait de mieux chez le Charles de Gaulle président de la république, probité, intégrité, sens de l’intérêt général : exemplarité d’un comportement politique vertueux qui aurait dû servir de modèle à toute une nation, pour tout un peuple.

Une devise : « Faites comme moi ! »

Un sous-entendu « Pas comme Sarkozy » : il a travaillé avec lui, pour lui, pendant cinq longues années… l’ingrat !

La perfidie est monnaie courante chez les politiques, y compris au sein d’une même famille, dans ses propres rangs, hyènes, chacals et vautours raffolent des restes, c’est bien connu.

Mais la trahison n’existe dans le clan des hyènes et des chacals, je connais moins bien les vautours.

Et moi non plus, je n’ai aucune pitié pour Sarkozy !

Monnaie courante, vous avez dit monnaie courante ?

Il s’agit bien de cela, en effet : près d’un million d’euros prélevés sur nos impôts, détournés au profit de sa femme, de ses enfants et de ses amis, s’il en a encore, il en avait.

De récompenses en contreparties, de contreparties en cadeaux et de passe-droit en  coup de pouce : les classiques balais essuie-glace de l’oligarchie parisienne avec un zest de brosse à reluire, qui une légion d’honneur à la boutonnière, qui grand-croix : l’argent achète tout, le pouvoir se monnaye.

Artisan de son propre malheur, il pointe du doigt les rares journalistes qui ont déterré l’affaire, le messager remplace le message, le scandale change de trottoir, le coupable change de peau, c’est un complot médiatique !

Dans un amalgame qui en dit long sur l’absence d’argument, à chaque réunion publique il fait huer tous les journalistes y compris ceux que ses amis emploient pour prêcher la bonne parole, la sienne en l’occurrence…

Aveugle, sourd, injuste, maladroit, Fillon le dépressif a des yeux qui parlent pour lui, cernés…il est sonné, il titube, fait semblant et cela se voit, cela commence à se savoir y compris dans les salles de rédaction « amies », seule BFM TV résiste encore… et lui trouve des circonstances atténuantes « il faut le comprendre » confessait ce matin un journaliste de la chaîne, compatissant, un rien ému.

A force de se discréditer et de se fragiliser, Fillon glisse dans les sondages, après les révélations du palmipède il tente un come back en karchérisant son programme, il ajoute des édulcorants, élimine épines et arêtes  et explique que nous n’avions rien compris : non seulement il ne changera rien à la couverture sociale mais maintenant il promet de rembourser les lunettes, les dents, les prothèses auditives…pour le cerveau il faudra faire la queue, elle promet d’être longue rue de Vaugirard, il parait qu’il y a une liste d’attente.

Fillon n’a aucune consistance, il n’a pas de conviction, face aux menaces programmatiques d’hier on peut s’en réjouir mais que penser d’un homme politique qui expliquait, il y a trois semaine encore, que rien ni personne ne viendrait infléchir, ou adoucir, son projet ultra libéral ?

Sur quoi se baser, sur qui se fier pour entamer un débat, un échange démocratique digne de ce nom ? sur le Fillon d’hier ? sur le Fillon post PenelopeGate ? sur le Fillon de demain, celui qui va perdre encore 3 ou 4 points dans les sondages ?

La prostitution politique a des limites, Fillon ne les voit pas encore, il est pourtant déjà en chaussettes et en caleçon, attention aux hyènes, elles chassent en meute.

Mais l’affaire ne s’arrête pas comme cela, pas encore.

Il  avait juré ses grands dieux : à la moindre tache, à la première salissure, il retirerait immédiatement sa candidature en prenant soin d’expliquer qu’il était le seul à tenir un tel engagement…oui ! le seul !

Mais les promesses, c’est bien connu, n’engagent que ceux qui y croient, la faute au PNF.

Parjure et forfaiture : est-il seulement imaginable de confier la Nation à un tel homme, après de tels reniements ? après  un tel parjure ? Est-il encore crédible ?

La semaine dernière Fillon glissait dans les sondages mais sans s’effondrer, aujourd’hui il commence à dévisser : il ne serait plus présent au second tour or nous sommes à moins de deux mois du 17 avril…ce que Georges Fenech  redoutait est en train d'arriver, le cauchemar  est là, bien là, il s’installe et déforme tout.

Fillon cherche, Fillon renifle, la truffe au ras du sol, juste au dessus des égouts : Hollande et Cazeneuve seraient à la manœuvre et fomenteraient un coup d’état, que dis-je un coup d’état ? une guerre civile !

Les mots ont un sens, non ?

Une guerre civile ?

Une guerre civile, non mais...vraiment ?  sérieusement ? comme en Espagne ? comme au Mexique ? comme aux Etats-Unis d’Amérique ? comme en Grèce ? comme à Cuba ? comme au 18e  et au 19e ? comme en 1936 ? comme au Darfour aujourd’hui ? Une vraie guerre civile ?

Non ! une simple, une grossière, une minable, une pitoyable  manœuvre de diversion.

Non Monsieur ! les mots ont un sens.

Mais une manœuvre dangereuse : imaginez qu’une bande de fanatiques mordent à l’hameçon ?

Après demain, après un énième sondage négatif , on aura droit à « un complot des forces judéo-maçonniques » car le désespoir mène à tout, on a déjà vu cela, de triste mémoire.

Echangerais emplois fictifs contre guerre civile.

Allons, François ! soyez raisonnable !

Il est temps d’assumer.

Il est grandement temps de se retirer.

C’est peut-être même déjà trop tard…

François Hollande vient de se rendre au Musée de la franc-maçonnerie :  le « complot » judéo-maçonnique n’est plus très loin…

Le Pen non plus !

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