Cécilia vient saluer Edwy au salon du livre "je vous félicite" ; Richard, son mari, ajoute "vous avez été très bon à Mots croisés", "excellent" disent-ils dans une touchante unanimité.
Prenez le temps d'aller écouter Edwy qui, au cours de l'émission, s'adresse à Eric Ciotti pour lui expliquer que c'est la prison qui attend Sarkozy, qu'elle s'impose face aux multiples dérives de l'ex Président de la république, le financement de sa campagne pour les élections présidentielles de 2007 par Kadhafi, les 50 millions d'euros, est en filigrane et expliquent sa conclusion, on connait les arguments d'Edwy, il n'a pas tort.
Le couple Attias semble donc apprécier le travail d'Edwy Plenel, la perspective de l'incarcération de Sarkozy n'a pas l'air de les choquer outre mesure.
Moi aussi, je ne suis pas le seul à aimer le journaliste, le bonhomme, son parcours, ses prises de positions, ses combats, Médiapart. Son dernier bouquin, "Dire non" prolonge sous un autre angle, parfois très personnel, ce que nous demandait hier Stéphane Hessel, l'indignation peut commencer par un refus.
Au delà de la personne du Directeur de la Rédaction de Médiapart c'est le journal, ses enquêtes, ses investigations, ses révélations qui semblent être au cœur de ces félicitations qui, contrairement à d'autres, ne m'étonnent pas.
Il faut prendre le temps de relire Sartre, "Les mots" :
"...je me demande parfois si je ne joue pas à qui perd gagne et ne m'applique à piétiner mes espoirs d'autrefois pour que tout me soit rendu au centuple. En ce cas je serais Philoctète : magnifique et puant, cet infirme à donné jusqu'à son arc sans condition ; mais, souterrainement, on peut être sûr qu'il attend sa récompense".
Hercule exigera de Philoctète qu'il se soumette à la volonté des dieux en échange d'une promesse de guérison.
Edwy Plenel n'est pas Hercule.
Mais Cécilia ? " ...souterrainement,on peut être sûr qu'il (elle) attend sa récompense"...
Quelques points de repères :
Cécilia se sépare de Nicolas une première fois en 2005 ; à cette époque tout Paris connaissait ses relations avec Richard Attias.
Elle revient "pour de bon" début 2006 dans une discrétion étonnante par rapport à l'exposition médiatique habituelle du couple.
Quitte une nouvelle fois, définitivement, son mari de Président en 2007, le temps d'une campagne présidentielle et d'une élection.
Elle retourne ensuite à New York où elle retrouve Richard avec qui elle continue de vivre "heureuse" comme elle le dit dans son bouquin.
Ce qui est intéressant c'est la chronologie des événements entre l'élection de Sarkozy en Mai 2007 et le divorce du couple annoncé en Octobre 2007.
Sans être obsédé par les agendas (décidément !) il faut s'intéresser à l'emploi du temps de la Première Dame au cours du mois de Juillet 2007, soit deux mois après l'entrée en fonction de Sarkozy et trois mois avant leur divorce.
Madame a pris l'avion à plusieurs reprises, début Juillet et fin Juillet, en compagnie de Claude Guéant à destination de la Libye afin de négocier la libération des infirmières Bulgares.
Dans cette affaire on retrouve des acteurs connus, Kadhafi bien sur, le Qatar et Claude Guéant, l'homme de confiance, l'homme à tout faire du Président, à l'époque Secrétaire Général de l'Elysée dont on sait aujourd'hui que les "papiers", ses archives personnelles, ont été curieusement égarés, on vient de l'apprendre.
On doit se demander pourquoi le Secrétaire Général de l'Elysée a tenu à accompagner Cécilia, on peut imaginer que c'est sur instruction directe du Président que Guéant a été désigné pour cornaquer Cécilia dont la personnalité envahissante et le caractère entier pouvaient inquiéter la garde rapprochée du Président. En dehors des liens personnels et très particuliers qu'entretiennent les deux hommes on ne voit pas bien ce que le Secrétaire Général est allé faire là bas...
Le 24 Juillet, donc, les otages atterrissent à Sofia avec Cécilia dans un avion spécialement affrété pour l'occasion par l'état Français. La médiatisation reprend, Sarkozy est très "ému"...il félicitera sa femme en publique lors d'une conférence de presse si ma mémoire est bonne.
Trois mois après, la belle Dame retrouve celui qu'elle n'a jamais vraiment quitté, Richard Attias. La boucle est bouclée.
Il faut se souvenir des déclarations d'un certain nombre de proches du dictateur Libyen, son fils, sa fille, un ambassadeur, François Gouyette et surtout les dernières déclarations de la fille d'Abdallah Senoussi, ancien chef des services secrets de Kadhafi : des versements en espèces auraient bien eu lieu après l'élection de Sarkozy, ils auraient continué, son père, actuellement embastillé, détiendrait des preuves qu'il serait prêt à transmettre à qui le demanderait...
Versés quand ? le 23 Juillet 2007 ?
A qui ? Philoctète ?
Pourquoi ? pour récompenser ses bons et loyaux services entre 2006 et 2007 ? entre Mai et juillet 2007 ?
Combien ? 2, 3, 4 millions d'euros ? plus ?
Moi, ce qui me fait plaisir c'est le sourire d'Edwy quand il tend sa carte à Richard Attias, avec ce commentaire assez peu innocent et enjoué : "je vous laisse mes coordonnées, sait-on jamais"...
Sait-on jamais, Edwy, en effet.
Cécilia ressemble à Philoctète, c'est maintenant évident mais elle tient aussi du papillon de nuit qui, pour s'orienter, se déplace de manière à maintenir un angle constant avec la lumière afin de voler en ligne droite, il a tendance à confondre la lune, fixe, avec une source de lumière artificielle, fixe elle aussi.
Lorsque le papillon arrive à côté d'une ampoule il commence à tournoyer pour garder le même angle, petit à petit il se rapproche de l'ampoule...
Une conclusion s'impose : si Edwy Plenel n'est pas Hercule, Cécilia, en tout cas, le voit comme une ampoule !
C'est cela le charisme !
Les Attias s'amusent, ils reconnaissent le talent et la perséverance d'Edwy Plenel, eux savent mieux que n'importe qui pourquoi, mais ils ont aussi le toupet et l'arrogance de venir saluer publiquement le "bourreau", une manière de dire "même pas peur", comme un défi.