La Talaudière est une petite commune de la Loire située à moins de 10 kilomètres de Saint Etienne, pas loin de là ou je vis maintenant.
Entre les Monts du Jarez et ceux du Forez, des sites exceptionnels de beauté et de douceur.
De la moyenne montagne, des pins, des lacs, un air pur avec un climat plus continental que tempéré, des valons qui montent et descendent d'une manière prudente et mesurée, dans un silence que ne viennent pas troubler les tracteurs qui passent pourtant souvent, nombreux et jamais très loin.
Un pays mal connu des Français même si le département emprunte son nom au plus long fleuve du pays, 1006 kilomètres, de quoi être fier, sorte de barrière naturelle entre le bleu du ciel et les nuages, entre les rayons du soleil et la pluie.
L'hiver, il y fait plutôt froid et sec ; en été, le thermomètre peut grimper au dessus de 35°.
Une région "franche" qui ne triche avec les éléments, qui parvient toujours à imposer sa rigueur météorologique, même aux rebelles qui, de toute façon, épuisés par tant d'acharnement, finissent par s'en aller, là où l'herbe est moins verte.
Une région qui tente de lutter contre un processus de désertification humaine et industrielle, les jeunes quittent la région, les vieux s'incrustent.
Sublime région que j'aime et où il fait bon vivre.
Mais on y meurt aussi...
La société GFD est spécialisée dans la visserie industrielle et propose "la vis bois la plus rapide du monde", vous pouvez les contacter ou leur envoyer un message de soutien http://www.vba3.fr/
54 hommes et femmes qui ont passé le plus clair de leur temps à travailler pour cette petite entreprise dont le logo s'entête à nous rappeler, assez maladroitement, d'après moi, le caractère innovant de ses produits, "GFD, INNOVATION MADE IN FRANCE". Fiers de leur société, fiers de cette région où ils se sont installés depuis des lustres, avec femmes et enfants, résistants à tous les vents contraires, résistants à toutes les tempêtes.
Celle là est peut être la dernière.
6500 âmes vivent à La Talaudière, ils compteront 54 chômeurs de plus d'ici peu, juste le temps pour le FONTANA GRUPPO, leur maison-mère, de les "recracher" encore plus vite qu'ils ne les ont absorbé.
Certains des salariés comptabilisent plus de 40 ans de "bons et loyaux services", une vie entière...
Sacrés Italiens ! sacrée Europe !
Satané libéralisme !
Elise Lucet sur France 2 vient d'en parler, elle a raison, ça peut les aider ; ou les couler, je ne sais pas, j'ai peur...
Lundi après-midi, dès mon retour, je vais aller leur rendre une petite visite.
Il y a une petite dizaine de jours, j'envisageais de contacter Arnaud Montebourg afin de le sensibiliser à la cause de GFD...
Je me vois mal en train d'appeler son successeur, le Macron-Céphalique, l'énarque-Mozart-de-la banque-Rothschild.
Pour lui dire quoi ?
Qu'il faut sauver cette petite entreprise ?
Que les chiffres sont trompeurs ?
Qu'il y a une dimension humaine qu'il faut intégrer ? respecter ??
Que la gauche pourrait...que la gauche devrait...
Pendant ce temps là, pendant que va durer l'agonie de ces hommes et de ces femmes qui ne pourront jamais retrouver du travail à leurs âges, entre 50 et 57 ans pour la plupart, et surtout pas dans cette région, le CAC 40 de Gattaz va continuer de s'acquitter, sereinement, des 3.3% d'impôts quand on sait que des entreprises du type de celle dont on parle, GFD, payent régulièrement jusqu'à 33.3%...10 fois plus ! continuer de se distribuer des dividendes de plus en plus "confortables", dans une ambiance boursière de plus en plus "euphorique", le tout dans des structures de délocalisations-défiscalisation parfaitement légales.
C'est face à cette réalité là et en toute connaissance de cause que Hollande et Valls font leur coming out devant un Gattaz qui n'en attendait certainement pas autant, avec un "j'aime les entreprises" vibrant qui les a tous obligés à se lever, sous un tonnerre applaudissements, dans une belle et poignante unanimité.
En voyant ces images je me suis demandé si ce n'était pas de la provocation, je me suis pincé pour me réveiller car je n'y croyais pas.
Et que dire de ces 200 couillons de députés socialistes qui s'empressent, dans la peur, dans la précipitation et sous la menace, de soutenir ce "virage libéral" sans la moindre gêne et qui va les mener tout droit dans le mur.
Je serai là, pas loin de ce mur, pour constater les dégâts et voir jusques où est allée la tache et combien elle est grande...
Bande d'abrutis !