Le proverbe turc dit exactement « Si un clown emménage dans un palais, il ne devient pas roi, le palais devient un cirque ».
Dans le cas qui nous intéresse et eu égard à l'actualité – le 27 septembre, Nicolas Sarkozy a représenté Emmanuel Macron, à sa demande, lors des funérailles de l’ex-Premier ministre japonais, Shinzo Abe – il n’est pas interdit de conjuguer ce proverbe au pluriel, Si deux clowns emménagent dans un palais …
Le cirque du palais de l’Élysée !
Tiré de la Comedia del arte qui a sans doute inspiré Charles de Gaulle (auteur de La Discorde chez l'ennemi, paru en 1924) lorsqu’il a pensé la Constitution de la cinquième République, il avait des lettres, le Monsieur ! et de l’humour !!
Avec deux clowns qui se renvoient la balle, j’ai nommé Nicolas Sarkozy dans le rôle de l’auguste et Emmanuel Macron dans celui du contre-pitre.
Le contre-pitre est le second de l’auguste, auguste de l’auguste en quelque sorte : c’est un serial gaffeur qui ne comprend rien à rien, arrogant, dédaigneux, méprisant, il oublie tout, et tout ce qu’il entreprend se termine en catastrophe. Son destin est tragique.
Garçon de piste, maladroit, l’auguste aurait trop bu, il trébuche, il fait rire parents et enfants ; il porte des vêtements trop grands s’il est petit ou trop petits s’il est grand, l’important est qu’il ait l’aire ridicule en toutes circonstances. Un rôle sur mesure pour Sarkozy qui joue à l'instinct plus qu'il ne compose.
Ses chaussures sont démesurées, la version moderne propose des talonnettes, l’effet comique fonctionne toujours.
Ses défauts le caractérisent, il est impertinent, provocateur et vulgaire, il accumule les bêtises comme d’autres collectionnent des timbres ; ou des « affaires » …
La répartition des rôles obéit à une logique subtile : ils se ressemblent, ils sont interchangeables, ils se copient et se font la courte échelle, ils se complètent : il y a de l’auguste chez Emmanuel Macron, il y a du contre-pitre chez Nicolas Sarkozy.
Ils sont inséparables.
Auguste Sarkozy a quelque chose d’Eugène-François Vidocq, délinquant, évadé du bagne et chef de la « brigade de sûreté » au début du XXe. Sarkozy fera le chemin inverse.
Le contre-pitre Macron est un personnage de fiction, il s’inspire de Lucien de Rubempré, un provincial qui débarque à Paris avec de fortes ambitions littéraires, mais un piètre talent. Il se fera une raison à l’ENA.
Blond aux yeux bleus, le sémillant Lucien de Rubempré, personnage principal des « Illusions perdues » dans la Comédie humaine, Balzac vaut bien de Gaulle.
Comment ne pas penser à Madame de Bargeton quand on voit Brigitte ?
Quel est leur secret ?
D’où vient cette inépuisable solidarité, cet inavouable acoquinement ?
S’aiment-ils à ce point qu’ils se craignent ? Se craignent-ils à ce point pour s’aimer si follement ?
Emmanuel rêve-t-il de Carla ? Nicolas aurait-il croisé la route de Brigitte au siècle précédent, elle est de sa génération, après tout …
Jusqu’où ira cet amour ?
Laissons le mot de la fin à Honoré de Balzac : « Rien ne renforce plus l’amitié entre deux hommes que lorsque chacun des deux considère qu’il est supérieur à l’autre », il ajoutait « Pour atteindre à de hautes places, ce sont deux choses : il faut être aigle ou reptile ».
Reptiles, je crois.