En 2013 la France comptait 285 partis politiques agréés dont 56 étaient éligibles à l'aide publique contre 28 formations recensées en 1990.
Sur 12 mois, entre 2012 et 2013, 44 nouveaux partis se sont créés.
L'aide publique pour 2013 s’élèvait à environ 28 millions d'euros pour le PS, à 20 millions pour l'UMP, à 5,5 millions pour le FN, à 4,5 millions pour EELV et à 3,2 millions d'euros pour le PC, les partis "classiques"...qui se disputent parfois le même électorat !
Plus de 61 millions € au total pour seulement 5 partis, un record qui est appelé à être battu car, comme on le constate, l'inflation galopante continue de s'accélérer., il y a comme une sorte d'emballement, une course folle à l'armement idéologique, le militantisme atomisé ne répond plus ou de plus en plus mal aux enjeux de la société, un gros cœur malade qui bat de plus en plus vite, de plus en plus mal.
La réponse des électeurs à cette inflation se mesure au taux d'abstentions, le seul baromètre qui vaille car il ne ment pas, lui :
- Second tour des élections législatives de 1978 : 15.10 %.
- Second tour des élections législatives de 2012 : 44.59 %
Dix fois plus de partis mais trois fois plus d'abstentions !
Les "trente foireuses" ont remplacé les "trente glorieuses"...
Et demain ?
La crise économique vient de prouver, ici en France, surtout en France, que notre personnel politique est à peu près totalement impuissant ou totalement incapable : Hollande ne fait pas mieux que Sarkozy qui n'a pas fait mieux que Chirac.
Les mêmes écoles, les mêmes professeurs d'économie, les mêmes recettes, la même arrogance pour un même échec. Aucune imagination, aucune remise en cause, on s'entête, on s'acharne, on promet, on "sur vend" à grand renfort de promesses dont on sait qu'elles ne seront pas tenus car elles ne sont pas tenables.
Des bonimenteurs.
Les consommateurs sont prudents, on le serait à moins, du coup les recettes fiscales dégringolent ; en réponse, nos énarques, de gauche comme de droite, augmentent la pression fiscale ! plus la pression fiscale augmente, moins les ménages consomment...cercle infernal !
Le chômage continue de croître, le moral est en berne, la consommation se fige durablement...
La démagogie s'ajoute au cynisme, plus personne ne croit aux "jours meilleurs", le désespoir cède le pas à la rancune, à l'amertume, au dégoût.
Le corporatisme explose, toutes les catégories sont touchées, elles s'expriment, elles hurlent car elles se sentent menacées, tout le monde est menacé, la reconstruction passe par des remises en cause profondes...mais tout le monde n'est pas prêt, personne n'est exposé exactement de la même façon...et moi ? et moi ? et moi ?
La conséquence est immédiate : une défiance de plus en plus prononcée à l'encontre des deux blocs qui constituaient historiquement l'alternance, gauche et droite. Le bipartisme est mort, trop simple, trop réducteur.
L'abstention grimpe.
L'extrême droite progresse.
Le bipartisme quadripartite, 2 partis à gauche avec, en face, 2 partis à droite, PS-PC contre Gaullistes-Démocrates Chrétiens, agonise pitoyablement sous les coups de boutoir du FN sans que la relève commence à pointer le bout de son efficacité, de sa crédibilité, pas assez précis, pas assez nuancé...
Les "travailleurs zé travailleuses" de Marchais vont bientôt aller se recueillir sous la statue de Jeanne d'Arc...
La surabondance cache mal la pénurie, pire qu'un cache misère, elle en est le révélateur.
Deux hommes incarnent, à des degrés différents, la faillite morale du personnel politique Français : Sarkozy et Cahuzac ; inutile de rafraîchir les mémoires, ce n'est pas tant le nombre d'affaires qui collent à la peau de l'ex qui doit faire pencher la balance en sa défaveur, un ministre du budget qui fraude le fisc mais qui donne des leçons de civisme est d'autant plus catastrophique, ou nuisible, que la gauche revendique des "valeurs morales".
Jean-Luc Mélenchon se retire, Borloo aussi, on sait que Copé reviendra et que Sarkozy y songe très sérieusement...Besancenot, qui au demeurant a du talent, ne s'implique pas beaucoup, pas assez à mon gout.
Les absents ont toujours tort mais les revenants, en tout cas ceux là...
Le système Français de caste politique étouffe sous les privilèges, "faire carrière" en politique est encore trop synonyme de puissance, de pouvoir, d'argent, de luxe, de passe droit et d'abus de toute sorte, on peut sortir par la petite porte et rentrer par la grande...une fois, deux fois, dix fois.
Il y a peu on avait inventé une notion assez ambiguë, celle d'être responsable sans être coupable ; aujourd'hui on est allé encore un peu plus loin, on peut être coupable et éligible en même temps...la dérive devient de plus en plus préoccupante, d'autant plus préoccupante qu'elle ne répond pas à quelque chose de clairement exprimé, il s'agit d'un vide juridique dans lequel s'engouffrent tous ceux qui ne s'abstiennent pas ! des fanatiques ! sourd, aveugles, mais pas muets, très actifs même.
Le "tous pourris" est contre-productif, il est certainement aussi injuste, dans une certaine proportion dont j'ignore l'équation exacte.
La surabondance des partis politiques est sans doute le signe avant coureur d'une reconstruction qui doit réinventer le discours, la pratique, les idées et les projets.
Pour l'instant, le "quantitatif" l'emporte, haut la main, sur le "qualitatif", le "combien" remplace le "comment".
La reconstruction que nous attendons (et à laquelle certains participent ici, peu ou prou) passe par d'autres hommes, par d'autres femmes, par d'autres équipes, il faut en finir avec "l'homme providentiel".
C'est urgent !
Car pour l'instant c'est la pénurie.
Au fait, à part ça, combien vas-tu ?