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Billet de blog 30 août 2024

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Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est drôle !

Pavel Durov et Emmanuel Macron sont dans un bateau, Pavel tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ? Emmanuel, bien sûr ! bien au sec et propre sur lui, innocent comme le nouveau-né.

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Pavel Durov et Emmanuel Macron sont dans un bateau, Pavel tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ? Emmanuel, bien sûr ! bien au sec et propre sur lui, innocent comme le nouveau-né.

Voilà un homme, Pavel Durov, président de Telegram, recherché par le FBI aux USA, recherché par la police et la justice française depuis une petite dizaine d’années, c.-à-d. avant l’élection présidentielle de 2017 ; coupable de ne pas répondre aux injonctions des autorités internationales qui veulent obtenir des réponses précises sur l’hébergement de terroristes, de criminels et trafiquants de drogue, de pédocriminels qui dialoguent sur ses réseaux cryptés, en toute impunité.

Le bonhomme refuse obstinément de livrer ses clefs de déchiffrage, le droit est pour lui, (pour l’instant) Snowden hurle au scandale…

Au cas où ces charges ne seraient pas suffisantes, il est suspecté, bientôt accusé, de maltraitance sur un de ses enfants mineurs qui vit à Paris, car une partie de la famille de ce monsieur vit en France en toute légalité.

Cet individu peu recommandable aux yeux des services de renseignements, de la police et de la justice a pourtant bénéficié en 2021 d’un traitement de faveur tout à fait exceptionnel pour un étranger de la part d’Emmanuel Macron pour « services émérites rendus à la France » : il obtient la nationalité française et un passeport pendant que la justice et la police lui courent après.

Il aurait rendu des « services exceptionnels à la France et « contribué à son rayonnement international » !

Ah, bon ?

Résumons : Pavel Durov risque 20 ans de prison, Emmanuel Macron lui déroule le tapis rouge de l’Élysée.

Services rendus à la France ou bien au président de la République intuitu personae, élu entre temps, en 2017 ?

Pas un journaliste en France pour s’interroger publiquement sur la chronologie et l’enchaînement des évènements qui, le moins qu’on puisse dire, semblent étrangement paradoxaux et tout à fait inadaptés à la situation d’un super délinquant qui mobilise tous les services de l’État français.

Pas un journaliste pour parler de ces contradictions qui sentent le souffre à plein nez, il y a eu, il y a où il y aura de la barbouzerie dans l’air.

J’en parle à mon voisin et ami, Jean-Paul, il s’interroge lui aussi, le brave homme, il ne comprend pas. Il est malin, le Jean-Paul !

Il m’explique qu’Emmanuel Macron n’a jamais accepté de révéler le nom de ceux qui ont financé sa campagne électorale de 2017 ; il ajoute que, d’après lui, Emmanuel Macron et ses amis auraient très bien pu utiliser le réseau ultra-crypté de Durov pour élaborer le tour de table avec promesses de dons, noms et adresses, dates, montants versés.

Et là, tout devient plus clair, évidemment : en localisant l’entreprise Telegram en France, en donnant la nationalité française à ce russe en rupture de banc avec Poutine, Macron faisait d’une pierre trois coups, lui qui rêve de la Start up Nation.

Je ne crois pas à ce que dit mon Jean-Paul, Emmanuel Macron ne ferait jamais un truc comme ça, par simple calcul personnel.

Mais non, voyons !

Emmanuel Macron n’est pas homme à confondre ses intérêts avec ceux de l’État, ce n’est pas le genre de la maison.

Il est con ce Jean-Paul quand j’y pense.

La preuve ?

Emmanuel Macron déclare aujourd'hui depuis Prague « Assumer totalement » l’octroi de la nationalité française à Pavel Dubov qu'il justifie en ces termes : « Cette décision a été prise dans une stratégie totalement assumée, de permettre à des femmes et des hommes, (…) lorsqu’ils font l’effort d’apprendre la langue française et qu’ils développent de la richesse, de l’innovation...etc.»

D'habitude, le président de la République n'est pas le dernier à reconnaître ses erreurs, d'ailleurs il admet avoir dîné avec Dubov plusieurs fois, il ne sait plus combien de fois exactement, mais c'est un détail.

Bon, d'accord, ces rendez-vous n'étaient pas inscrits dans l'agenda officiel du président, mais enfin, chacun a le droit à une vie privée, après tout.

Franchement, Jean-Paul, tu n'as pas honte ?

Ben si, justement, tu devrais avoir honte, Jean-Paul, monsieur Macron est innocent comme le nouveau-né.

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