A l’origine il y avait de la curiosité entre eux, le charme, la beauté, les diplômes d’un côté (ça compte les diplômes !) et de l’autre l’attrait de la nouveauté, le besoin de rajeunir après tant d’années passées à se chercher sans se trouver.
Un doigt de méfiance aussi car ils jouent gros les deux zigotos, un tout petit doigt, l’auriculaire, qu’on ne voyait pourtant pas à pareille fête.
Jusque là rien de très original entre deux hommes, jusque là...
D’abord une œillade discrète, ensuite un sourire complice suivi d’un compliment puis des encouragements appuyés et pour finir le geste qui rejoint enfin la parole, le protocole habituel de la séduction hétéro pure sucre un tantinet beauf oriented.
Pour la façade.
Alors que dans leur cas…
Ils se sont croisés, côtoyés et frôlés pendant cinq longues années, il vient d’être nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée, il n’a pas encore 34 ans quand il croise le Boss pour le première fois, il en garde un souvenir ému.
« Qu’elle précocité ! mais il est bien trop jeune pour moi » pleurniche-t-il dans un soupir qui en dit long sur sa déprime car le Boss est déprimé depuis sa puberté, on sait pourquoi maintenant.
Son père né en 1925 avait pris les rênes de l’Organisation en 1981 juste au moment où la gauche prenait le pouvoir.
Le petit jeune était « de gauche », lui aussi, logé entre Hollande et Ayrault, nourri aux seins poilus de Jacques Attali et de Paul Ricœur : c’est de ce lait que lui viennent ses hoquets idéologiques, il a la foi fragile. Tout s’explique dès que l’on veut bien abandonner ses préjugés, de gauche et de droite, surtout de gauche car la droite n’a pas de préjugés, elle a un portefeuille.
Ils ont 18 ans d’écart, pas de quoi choquer, sauf Christine Boutin peut-être mais elle est passée de mode en tout cas jusqu'à l'élection du grand dadais, Laurent Wauquiez, à la tête du parti de droite en pleine décomposition-recomposition-décomposition-explosion-reconstruction d'après des experts patients et méticuleux.
Leur contrat comprend 156 pages, très précises sur les conditions de sortie, le divorce ne coutera rien, pas de CDI donc pas de préavis, rien.
Ces deux-là s’aiment.
Maintenant c’est officiel.
« Il faut de tout pour faire un monde, il me faut toi pour faire le mien »
Voilà Manu bien informé, au moins Pierre est clair sur ses objectifs.
Il a toujours été clair, Pierre, on sait après quoi il court.
Alors que Manu...
A peine marié déjà cocu ?