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Eric Clapton On doit au label Warner son meilleur disque de blues (rangeons le chef d'œuvre Layla and Assorted Love Songs dans la pop). L’album « From the Cradle » sort en septembre 1994. Après le succès de « Unplugged », le label ne pouvait s’opposer au désir de Clapton d’enregistrer quelques purs joyaux du blues, nous apprend l’excellent ouvrage de Jean-Sylvain Cabot sur la discographie de l’artiste (Eric Clapton - Blues Power /Editions Le Mot et le Reste 2021). L’Anglais retrouve ses fidèles, le pianiste Chris Stainton et le guitariste Andy Fairweather Low. L’inspiration jaillit en permanence, ne faiblit dans aucun morceau. Les solos féconds foisonnent. Le guitariste transforme le disque en feu d’artifice. L’album décroche un double Disque d’or en France (performance alors inégalée pour du blues). Et obtiendra l’année suivante (1995), le Grammy Award du meilleur disque de blues.

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Le succès impose une tournée (From the Cradle Tour), dont apparaît aujourd’hui un concert de novembre 1994. Cette prestation inédite apparaît en CD et Vinyle (avec deux titres supplémentaires). Cerise sur le gâteau, le concert, tourné au Fillmore de San Francisco, s’ajoute à la réédition du documentaire de 1995 sur Clapton, Nothing but the Blues (cette fois avec quatre titres supplémentaires). Ecoutez Have You Ever Loved a Woman. Le blues immortalisé par le bluesman Freddie King ne quittera pas la platine de la semaine. Le documentaire contient une interview-fleuve de Clapton, très parlante, conduite par Scorsese.
LIVRE : Jean-Sylvain Cabot : Eric Clapton - Blues Power/ Le Mot et le Reste (2021)
Eric Clapton : Nothing but the Blues (Reprise records) 2CD - 2LP - DVD - BlueRay

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Jimi Hendrix, l’un des grands créateurs de la musique du siècle dernier, mort en 1970, a tout bouleversé. Le cours du blues, du jazz, mais également celui du rock, de la pop, de la soul, etc. Dans les musiques populaires, mais également de nombreux autres genres (la liste s’allonge encore), son influence n’a d’égale que celles de Charlie Parker et de John Coltrane dans le jazz. Chacun d’eux a renversé les codes ; a brûlé son existence par les deux bouts; a vécu mille vies en une. Tous trois sont morts jeunes (Hendrix / 28 ans - Parker / 35 - Coltrane / 41). Chacun d’eux a entretenu un cortège de drames, de légendes et d’affabulations. Il n’est pas commode de restituer la trajectoire d’êtres de chair qui respiraient comme des brasiers. Raison de plus pour saluer Jimi Hendrix en BD. Rythmés par les pastilles documentaires de Yazid Manou, d’une précision d’horloge suisse (les chercheurs américains qui débarquent en Europe sur le sujet se passent le mot : « allez voir Yazid Manou, le seul qui connaît tout d’Hendrix »), vingt-sept dessinateurs s’expriment. En séquences de 4/5 pages, ceux-ci ouvrent la fenêtre du dessin aux itinéraires de l’artiste qui révolutionna la musique, cela en 4 ans. Inviter à suivre pareil génie ? Pas évident. Là, le lecteur entre avec facilité dans chaque épisode. Olivier Petit rédige les scénarios. Parmi les dessinateurs, citons : Audibert Anthony; Alessandra Joël; Redolfi Tommy; Follet Brice; Gaillard Mathieu; Williamson Sarah; Labruyere Benjamin; Palasie Hugo; ; Balard Thomas; Larcheveque Lionel; Faessel Raphael; Bielak Celine; Lavoix Cedric; Uong Pierre; Bouchet Jeremy; Gautier Marie;Tuzzolino Alexis; Amsallem Baptiste.
Jimi Hendrix en BD - 192 pages (Editions Petit à Petit).
Egalement unique en son genre : Batteurs en 150 figures (Editions du Layeur). 470 pages d'illustrations (essentiellement pochettes format vinyles) et de textes fouillés. Ne sont pas oubliées les éminences du blues dans le domaine (Fred Below - Sam Lay/batteur du Paul Butterfield blues band), et celles du blues-rock (Steve Gadd/batteur de Clapton - Mitch Mitchell/batteur d'Hendrix). Sous la direction de Daniel Dumoulin.

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Vincent Bucher gratifie le premier morceau du disque de David Gastine (From Either Side/Label Ouest) d’une intro à l’harmonica qui vaut son pesant d’éblouissement. Certes, l’interprétation par Gastine de la chanson de Steve Goodman (City of New Orleans, une merveille) mérite à elle seule le détour. Pourtant, l’émotion jaillit d’abord de cette note venue d’ailleurs, maintenue une vingtaine de secondes avant le lancement de la première strophe.Vincent Bucher n'est pas le premier styliste venu. il a joué avec CharlElie Couture, Bill Deraime, Patrick Verbecke, et une pléthore de bluesmen, comme Jimmy Johnson et Louisiana Red. Il a été nominé aux Grammy Award en 2013 avec son groupe. Le Français commente son inspiration sur City of New Orleans : « l’harmonica possède ce pouvoir de concentrer le feeling dans une seule note. Je recherchais l’effet : ce fut simple, le potentiel fait partie du vocabulaire de l’harmonica. On introduit forcément l’héritage qui habite sa propre connaissance du blues, celles des grands harmonicistes qui vous ont influencé. Mes héros ? Les deux homonymes (Sonny Boy Williamson 1 - Sonny Boy Williamson 2) - Sonny Terry – Little Walter. » Autant de figures dont la personnalité forge l’identité de leurs disciples. Autant d’artistes dont le langage du blues reste aujourd'hui incroyablement moderne. Autant d'improvisateurs d'exception dont Bucher se veut le dépositaire sur cet album, essentiellement country-folk. En mixant l’album, sur chacune des pièces, David Gastine, chanteur et guitariste, l’a restitué superbement
CD David Gastine : From Either Side (Label Ouest)
Bruno Pfeiffer
CONCERTS 2022
Jazzlab Quintet le jeudi 3 novembre à 20h30 au Sunset (Paris 1er). La formation du contrebassiste-compositeur québecois Alain Bédard présente un nouveau programme, une nouvelle formation, mais toujours la même inspiration, la même classe, le même humour, et la même fougue. Avec, cette fois, Claire Devlin (saxophone ténor); Félix Stüssi (piano); Michel Lambert (batterie) et le formidable trompettiste Jacques Kuba Seguin. Les musiciens auront à cœur d'illustrer le jazz actuel de Montréal à Paris. Une chance. Je suis allé les écouter lundi 31 octobre aux Deux Pianos (Paris 15). L’effervescence était grande, portée sans interruption par des musiciens de haut-niveau. Des thèmes absolument délicieux. Comme ce Wayne 64, hommage à qui vous savez. Je me suis régalé.
Haboyan/Pallaro Quintet le 9 novembre au Sunset, une approche originale de l’improvisation par la formation de deux saxophonistes et un disque remarquable (One Page / Jazz en Face - Juste une Trace).
Moodswing, le quartet de Joshua Redman le jeudi 10 novembre à La Philarmonie à 20h, salle Pierre Boulez (Paris 19e). Avec Joshua Redman, saxophone - Brad Mehldau, piano - Christian McBride, contrebasse - Brian Blade, batterie. L'album fondateur (Moodswing) date de 1994. Récemment retrouvés en studio, pour enregistrer l’album RoundAgain (Nonesuch, 2020), les quatre jeunes de l'époque, en ascension inarrêtable, confirment le plaisir du studio. Egalement l'envie du live. Il viennent ici rencontrer le public français, en revisitant Moodswing. Ajoutant au programme quelques morceaux plus récents.
David Linx, Guillaume de Chassy, Matteo Pastorino le jeudi 10 novembre au Sunside (Paris 1er). Sagesse, folie, poésie pure, dans un contexte où se croisent - sur des pièces de Chopin, Bach, Ravel, Scriabine, Schubert, etc. - le piano (de Chassy), la clarinette (Pastorino), et le chant (quelle voix fabuleuse!) de David Linx, qui rédige des paroles. Album enchanteur (sortie en novembre) sur le label ENJA (On Shoulders we Stand). Je le passe en boucle sur le lecteur.
Jean-Charles Richard, compose et joue "Consolation" du poète suédois Stig Dagerman les 10, 11 et 12 novembre à St Aubin sur Mer, Caen et Cherbourg (voir lien pour les salles). Avec Bruno Boulzaguet, comédien et metteur en scène - Corinne Basseux-Béguin, violon - Vincent Vaccaro, violoncelle, et lui-même aux saxes. Traduction de Philippe Bouquet. On a entendu Jean-Charles Richard au Sunset la semaine dernière en duo avec le pianiste Marc Copland, à l'occasion de la sortie de leur album "L'Etoffe des Rêves". Magnifique!
Louis Sclavis Trio le 11 novembre à l'Arrosoir de Chalon sur Saône (71). La figure des jazz actuels sera entouré de Richard Bonnet (guitare) et Adrien Chennebault (batterie). Ecouter Sclavis, voilà qui vaut un grand voyage près de chez vous.
D'Jazz Nevers festival du 5 au 12 novembre à Nevers (Nièvre). Une affiche super-relevée : Céline Bonacina/Laurent Dehors le 5; Airelle Besson le 7; Louis Sclavis Quartet le 8; Noces Translucides, le groupe de François Corneloup, le 9; Thomas de Pourquery &Supersonic le 10; Emile Parisien Sextet le 11; Rhoda Scott Lady Quartet le 12. Entre mille autres surprises.
Louise Jallu solo (bandonéon - CD "Piazzola 2021") le 10 novembre 2022 au Bal Blomet, Paris (75015). Entre tango, jazz, écritures contemporaines, la visite inspirée, personnelle, puisée au cœur de la tradition, des œuvres d'Astor Piazzolla.
Tedeschi Trucks Band en novembre à Paris : le 12 et le 13 au Trianon - le 15 au Bataclan, cela pour leur quadruple album sur le label Fargo : I Am the Moon.
L'Orchestre national de Jazz dirigé par Fred Maurin jouera Dracula le 15 novembre à 19h à la Seine musicale (Boulogne-Billancourt, 92). Le lendemain mercredi 16 à 14h30, séance scolaire pour les enfants. Avec Estelle Meyer (Dracula) et Pauline Deshons (Mina). J'avais assisté au spectacle l'an dernier à La Villette : inouï, luxuriant, jamais vu, truffé d'inventions musicales et scéniques! Quant à l'interprétation? Les artistes sont grandioses. Absolument pas angoissant, je précise, contrairement au roman de Bram Stoker ou aux films de Terence Fisher.
BLACK LIVES from Generation to Generation le 18 novembre à Strasbourg, dans le cadre du festival Jazzdor. 16 artistes sur scène : Cheick Tidiane Seck (claviers, voix), Tutu Puoane (voix), Christie Dashiell (Voix), Sharrif Simmons (Voix), Dj Grazzhoppa (D.J.), Marcus Strickland (Clarinette basse, Saxophone), Jacques Schwarz-Bart (Saxophone), Andy Milne (Claviers, Piano), Federico Gonzalez Peña (Claviers, Fender Rhodes), Jean-Paul Bourelly (Guitare, Voix), Adam Falcon (Guitare, Voix), David Gilmore (Guitare), Reggie Washington (Basse, Voix), Gene Lake (Batterie), Marque Gilmore (Batterie, Machines, Sampler), Sonny Troupé (Batterie, Ka).
Laurent de Wilde programme "Le Jour et la Nuit du Piano" le dimanche 20 novembre aux Bouffes du Nord dans le cadre du festival Pianomania :
Matin : 11h : Edouard Ferlet "Pianoïd" - 11h40 : Leila Olivesi - 12h20 : Benjamin Moussay - 13h : Cheick Tidiane Seck
Après-midi : 15h : Giovanni Mirabassi - 15h40 : Chassol - 16h20 : Pierre de Bethmann - 17h : Mario Canonge - 17h50 : Clelya Abraham - 18h20 : Bernard Lubat
Soir : 20h : Grégory Privat - 20h45 : Laurent de Wilde / Ray Lema
Leila Olivesi le dimanche 20 novembre aux Bouffes du Nord, dans le cadre du festival Pianomania (voir ci-dessus). Son disque "Astral" (L’Autre Distribution) sortira le 18 novembre. On y retrouve le gratin du jazz hexagonal. Le disque m’a transporté.
François Corneloup le 24 novembre à l'Atelier du Plateau, pour une performance scénique avec Guy Le Querrec (photos), Sophia Domancich (piano), Anne Alvaro (voix), Jacky Molard (violon), et Joachim Florent (contrebasse). Corneloup a imaginé, conçu, composé Noces Translucides (texte de Jean Rochard). Corneloup souffle des saxophones de façon atypique, bourrée de feeling. Il nous a toujours (très agréablement) surpris. Le musicien est entouré par la crème du jazz actuel.
Dany Doriz et Michel Pastre le 1er décembre au Caveau de la Huchette (Paris 5e), pour la sortie de PÈRES ET FILS un concentré de super-swing à la Lionel Hampton, sorti par le label Frémeaux&Associés. On est ému pour deux choses : d'abord le partage de ces deux grands artistes de la musique des années trente (et début quarante), cela pendant toute leur vie. À un très haut niveau. Ensuite par la transmission de leur passion à leurs deux fils, Didier Dorise et César Pastre. Concert à 21h.
Ramona Horvath et Nicolas Rageau le 18 décembre à 18h sur la Péniche Daphné pour un concert en trio autour de chansons françaises et roumaines. La pianiste (quel feeling!) et le contrebassiste joueront avec un invité : le guitariste Jean-Philippe Bordier, l'une des fines cordes de l'hexagone. Le Bateau Daphné est garé au 11 Quai de Montebello (Paris 5e).
Bruno Ruder le 13 janvier 2023 au Triton (Les Lilas), en piano solo pour le concert de sortie du superbe disque Anomalies (L’Autre Distribution).