
Agrandissement : Illustration 1

Le Grateful Dead a branché les amplis en 1965. Influences du rock, du bluegrass, du jazz, du folk, du blues. D’emblée, le délire : improvisations débridées, fusion des genres, inspiration des envolées coltraniennes, recours aux substances décommandées. Comme plusieurs formations du rock psychédélique américain des années soixante : aussitôt la révélation, le fantasme, la légende. Pourtant, le Dead ne s’est jamais endormi sur ses lauriers. Leur public est resté fidèle trente années durant. Un public de fans. Les Belmondo ont été pareillement suivis par les aficionados. Originaires du Var, ils ont conquis - avec famille et amis d’enfance - la capitale, le pays, la planète, cela depuis une trentaine d’années (premier disque en 1993). Comme le Dead, ils fonctionnent en communauté. Perpétuellement en phase : en renouvellement. Sans artifice. Coïncidence : les Belmondo retiennent le titre de l’un des premiers disques du Dead pour baptiser leur chef d’œuvre (Hymne au Soleil ; traduction de Anthem of the Sun). L’Hymne : l’un des monuments du jazz français des vingt dernières années. Nous avons salué cette merveille en 2003, primé par tout le monde. Et couru au concert voir - sur scène à leur côté - le géant Yusef Lateef à La Cigale (Paris) !
Comment l’arrangeur de DeadJazz a-t-il réussi l’alliage ? Lionel Belmondo : « Le Dead avance derrière Jerry Garcia, figure de proue indéniable. C’est un virtuose. Toutefois le Dead, reste avant tout un groupe. Le bassiste Phil Lesh vient de la contemporaine. Le batteur Mickey Hart et le guitariste rythmique Bob Weir du jazz. Ils ne se répètent jamais. J’ai essayé de retrouver leur son. Les deux claviers remplacent les deux guitares. Eric et Laurent interviennent de façon complémentaire. Leur jeu restitue la cohérence de la musique, la douceur du son, l’absence de tension, la créativité du Dead ».
Le collectif DeadJazz jouera en formation complète au New Morning jeudi 23 novembre (Lionel Belmondo - trompette, arrangements; Stéphane Belmondo - saxes; Eric Legnini - claviers; Laurent Fickelson - orgue, piano Rhodes; Thomas Bramerie - contrebasse; Dré Pallemaerts – batterie). Célébration programmée : la sortie de l’album Dead&Jazz (Label bflat Records/Jazz&People). Les briscards à leur top, en fusion intégrale, a l’intention d’ouvrir leur porte au répertoire des Californiens du The Grateful Dead. Ces derniers pouvaient rester branchés 4 heures durant à improviser. Le connaisseur pressent une prestation mortelle.
Bruno Pfeiffer
Cds
DeadJazz - Dead&Jazz (Label bflat Records/Jazz&People). Livret (Analyse riche de Vincent Bessières).
Paul McCartney in Jazz (A Jazz Tribute to Paul McCartney) - Label Wagram. Comme quoi les Beatles nous transportent également très haut en jazz. De Larry Coryell (She's Leaving Home) au Gauthier Toux Trio (Jenny Wren) en passant par Stan Kenton Orchestra (Live and Let Die), la preuve en 19 titres ! Sélection résolument convaincante du journaliste musical Lionel Eskenazi.
CONCERTS 2023
Xavier Richardeau les 30 novembre et 1er décembre au Duc des Lombards (Paris 1er), fort du répertoire de son disque A Caribbean Thing (Label Continuo Jazz). Depuis son déménagement il y a 7 ans, à Gosier (Guadeloupe), le saxophoniste (baryton-soprano), qui a fait les beaux soirs des clubs parisiens, a muté vers un jazz chaleureux, tonique à souhait, toujours brillant, marqué davantage "Caraïbes". Le voilà là-bas directeur artistique du club New Ti Paris, une plaque tournante des musiciens de jazz les plus actifs de L’Arc insulaire oriental des Petites Antilles. Il y jouera du reste les 14, 15 et 16 décembre prochains. Avec lui au Duc : Jocelyn MENARD - saxophone ténor/Léonardo MONTANA - piano/Anthony JAMBON - guitare/Régis THÉRÈSE - basse électrique/Yoann DE DANIER - batterie.
Sullivan Fortner le dimanche 3 décembre au New Morning (Paris 10e - 19h30), pour la sortie du double album de piano Solo Game (Artwork/Distribution PIAS). La palette du Néo-Orléanais impressionne, au même titre que son talent. Je l'ai entendu en 2015 avec le clarinettiste Oran Etkin. La même année à Marciac (Gers), en solo, en seconde partie de l'Indonésien Joe Alexander. Et il y a trois ans, en duo, à La Philharmonie de Paris, en duo avec la sublime Cecile Mc Lorin-Salvant. Avec elle également au Sunside. Fortner a fait partie du quartet du trompettiste Roy Hargrove. Le pianiste joue dans quasiment toutes les configurations. Ses pairs recherchent sa collaboration. On devine la raison : en sa présence, aucune chance de fléchir au plus haut niveau.
"Kay! Lettres a un poète disparu », le mardi 5 décembre (20h), à la Maison de la poésie (Paris 3e). Le spectacle jazz de Lamine Diagne & Matthieu Verdeil (une création festival Marseille Jazz des 5 Continents 2023), tourne autour du poète américain Claude McKay, figure de proue du mouvement précurseur de la Harlem Renaissance. Avec Sam Favreau (contrebasse), Ben Rando (clavier), Jérémie Martinez (batterie), et Mike Ladd (récitation, chant, rap). En préambule, un colloque autour de McKay se tient jusqu'au samedi 2 décembre à Marseille (Musée d’histoire).
Emile Parisien (saxophones alto/soprano) et Roberto Negro (piano) seront le mercredi 6 décembre à l'Opéra de Lille pour Les Métanuits et pour notre félicité (partenariat Tourcoing Jazz). Les deux improvisateurs d’exception, habitués à jouer ensemble, ont adapté la partition du quatuor à cordes Les Métamorphoses Nocturnes, de György Ligeti. Leur réécriture espiègle pour duo, baptisée Les Métanuits, inspirée du quatuor de Ligeti -au programme de la Philharmonie ce printemps - nous avait littéralement sidéré. Un sentiment d'exploit maîtrisé...
La Litanie des Cimes le 9 décembre au Comptoir (Fontenay-sous-Bois). Le trio du violoniste français Clément Janinet (ce dernier tient actuellement le haut du pavé dans le jazz européen), jouera le séduisant dernier opus Woodlands (Label Budapest Music Center). Le concert de sortie d'album a adouci les cœurs du public du Studio de l'Ermitage (Paris 19e), cela en octobre dernier. Deux projets de La Litanie des Cimes verront le jour cet hiver sous la forme de captations vidéo. L'une avec la pianiste Estonnienne Kirke Karja dont Janinet a croisé la route en septembre dernier lors d'une tournée Finlando - Estonienne. L''autre avec l'immense chanteuse malienne Mah Damba. En outre, le violoniste était l'invité du journaliste Alex Duthil dans Open jazz sur France Musique, le 11 Septembre dernier. Il a commenté quelques titres de Woodlands. Émission à réécouter ici.
Jeanne Michard Latin Quintet le jeudi 14 décembre à 20h30 au Jazz Club Etoile (Paris 17e - M° Porte Maillot) pour l'album Songes transatlantiques (Parallel Records/Socadisc). Une saxophoniste ténor dotée de la ferveur sacrée coltranienne, d'une cascade d'idées, d'un coffre lyrique et désarçonnant. Son disque sorti en juin 2021 - savouré d'un trait - m'avait emballé, et (entre autres pépites), permis de supporter la période du confinement. En décembre 2022, elle est élue Révélation française de l’année par les rédactions de Jazz Magazine et Jazz News. La consécration à 29 ans! Cette fois - au 2e set - la jeune musicienne servira un jazz trempé dans la musique latine et afro-cubaine. Au 1er set intitulé Jodie's Mood Project , Jeanne Michard plongera davantage dans l'esprit des jam sessions parisiennes, avec notamment, des musiciens du Zoot Collectif ; Paris Jazz Sessions, etc. Entourée de tous ces talentueux artistes, le double concert s'annonce top.
PIERRE DURAND Electric 4tet le mercredi 20 décembre au Studio de l’Ermitage (concert à 20h30), pour la sortie du disque The End & the Beginning (Les disques de Lily / Distr° Absilone). On est frappé, depuis plusieurs années, par la cohérence de l'évolution du musicien : ancrage tradi - actualité du discours - recherche d'originalité - influence de nombreux genres musicaux - suivi de l'inspiration dans les compos - musicalité des chorus. Résultat, cet album passionnant d'une formation haut-de-gamme, ingénieuse, complice, fidèle à la joie qu'elle nous procure. Line Up du CD : Pierre Durand (guitare, compositions)/Fred Escoffier (synthé, claviers/vocoder)/Jérôme Regard (basse électrique)/Marc Michel (batterie, guitare sur un titre).
Saul Rubin Quartet les 2 et 3 janvier 2024 (20h) sur la barge Le Son de la Terre (au pied du 6 quai de Montebello, M° Hôtel de Ville, vue sur Notre-Dame de Paris, Paris 5e), avec Saul Rubin - guitare; Ramona Horvath - piano; Nicolas Rageau - contrebasse et Philippe Soirat - batterie. Super date, super site, super musiciens. Je me répète? On peut dîner. Lien résa : https://www.sondelaterre.fr/event/saul-rubin-quartet/#billetterie.
Sophie Darly le 19 janvier 2024 au Studio de L'Ermitage (Paris 20e). Son prochain album, le troisième, (Slow Down Fast, sur le label Broz) sera alors sorti. La vocaliste a composé les huit titres : une abondance de gospel, de blues, de soul, de jazz brûlant, de passion partagée. Partout, grâce, feeling, virtuosité à revendre. Qu'on juge aussi de la qualité de l'ensemble par les présences des musiciens : Pierrick Pedron, Julien Alour, Antoine Reininger, Daniel Mizrahi, Arnaud Gransac, Mathieu Penot, Hector Gomez. Une révélation.
Thierry Maillard le 31 janvier 2024 au Studio de l'Ermitage (Paris . 20e) - 20h30 - pour la sortie du disque Maman (Ilona Records / L'Autre Distribution). Sur le modèle de l'auteur Albert Cohen qui livre ses regrets dans l'émouvant Livre de ma mère (paru en 1954), le pianiste signe en trio un hommage à sa mère disparue au mois de juillet 2023e. Une œuvre enregistrée le mois suivant. Line up de l'album : Dominique di Piazza (basse) et Yoann Schmidt (batterie). Invités : Olivia Gay : violoncelle - Philippe Gaillot : guitare.