Les hypothèse du COR sur l’espérance de vie sont dépassées

Actualisation de l’article du 15 décembre dernier 

Les hypothèses du conseil d’orientation des retraites, en ce qui concerne l’augmentation de l’espérance de vie à 60 ans, ne sont absolument pas en lien avec les dernières données de l’INSEE qui viennent d’être mises à jour il y a quelques jours.

En effet, il est indiqué, pages 13 et 14 du rapport du COR que l'espérance de vie des hommes à 60 ans augmenterait de 2 ans entre 2016 et 2030 et celle des femmes de 1,4 an. L’espérance des vies atteindra ainsi 23,5 ans en 2018 pour les hommes et 28 ans pour les femmes. En 2030, cette espérance de vie serait de 25,2 ans pour les hommes et de 29,2 ans pour les femmes.

En 2018, ces hypothèses sont déjà fausses puisque les données publiées par l’INSEE donnent 23,3 ans pour les hommes et 27,7 pour les femmes.

Pour les hommes à l’horizon 2030, en prenant la moyenne d’augmentation de l’espérance de vie des 5 dernières années, serait obtenu 24,1 ans. En prenant la moyenne des 10 dernières années, 24,7 ans. L’écart à la baisse par rapport aux hypothèses du COR est compris entre 0,5 et 1,1 an.

Pour les femmes à l’horizon 2030, en prenant la moyenne d’augmentation de l’espérance de vie des 5 dernières années, serait obtenu 28 ans. En prenant la moyenne des 10 dernières années, 28,7 ans. L’écart à la baisse par rapport aux hypothèses du COR est compris entre 0,5 et 1,2 an.

Le tableau suivant donne une indication de la tendance à la baisse de l’augmentation de l’espérance de vie annuelle depuis maintenant 20 ans.

Comment imaginer que l’espérance de vie reparte à la hausse en demandant aux français de travailler de plus en plus tard ce qui est déjà engagé par la dernière réforme des retraites ?

Les constats suivants peuvent d'ailleurs plutôt amener à penser que l’espérance de vie va cesser d’augmenter ce qui est pratiquement déjà le cas pour les femmes :

• Le stress et la fatigue au travail augmentent en lien avec :
  • Le recul de l’âge de la retraite en lien avec la réforme en cours
  • L’augmentation demandée des rendements par les employeurs (faire plus avec moins)
  • Le travail accru en soirée, de nuit et le week-end
  • La perte de sens de certaines missions
• Les activités physiques pénibles sont plus usantes pour les personnes de plus de 60 ans
• Les canicules de plus en plus fréquentes accroissent les décès de personnes âgées et les dernières prévisions de réchauffement climatiques ne sont pas des plus rassurantes par rapport à l'augmentation du nombre d'évènements extrêmes
• Les cancers du poumon augmentent chez les femmes
• L’obésité augmente dans la population
• Les personnes obligées de partir plus tôt pour des raisons de santé ont des retraites plus faibles et le niveau de vie a un impact sur l’espérance de vie. (Lien vers l'étude INSEE)

Ce dernier point est d’ailleurs un point fondamental de la réflexion puisque les 5% des personnes les plus pauvres ont un écart d’espérance de vie par rapport aux 5% des personnes les plus riches de 12,7 ans pour les hommes et de 8,3 ans pour les femmes.

Les personnes les plus pauvres sont déjà pénalisées par l’allongement de l’âge d’activité. Elles le seront encore plus demain.

La priorité est de lutter contre la pauvreté et pas de demander aux français de travailler encore plus longtemps. 

Nous avons également besoin de retraités en bonne santé pour faire vivre bénévolement le tissus associatif et de laisser la place aux jeunes pour qu'ils puissent entrer sereinement sur le marché du travail. 

Bases de calcul

Espérance de vie des hommes à 60 ans

Espérance de vie à 60 ans des femmes

Espérance de vie moyen sur les 5, 10, 15 et 20 dernières années