Une simple analyse des données de l'ISF entre 2013 et 20172 montre en effet que cet impôt fonctionnait et était bénéfique pour la France. Voici ce que disent ces chiffres :
- Le nombre de déclarations ISF a augmenté de 15 % en passant de 312 000 à 358 000, soit 1 % des contribuables
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- Le montant de l’actif brut déclaré par ces contribuables a augmenté de 28 % en passant de 863 milliards € à 1 103 milliards €, soit un gain de 240 milliards €, alors que l’inflation sur cette période a été de moins de 2 %
- L’actif brut moyen déclaré par chaque foyer redevable a augmenté de 11 % en passant de 2 762 000 € à 3 079 000 €, soit un gain moyen de 317 000 €. Le paiement de l'ISF n'a été qu'une broutille face à cet accroissement.
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- Les dons aux organismes d’intérêt général ont augmenté de 72 % pour passer de 157 à à 269 millions € par an en 2017.
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- Les investissements dans les sociétés, sociétés interposées, FIP, FCPI et FPR ont augmenté de 35 % pour passer à près de 1 à 1,4 milliards €
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Dans une période où on accuse les prestation sociales d'être responsables du déficit et du surendettement de la France, je n'ai aucun scrupule à apporter ma pierre à la réflexion quand je vois comment les politiques économiques fondées sur le ruissellement, qui ont été menées depuis 2018, ont totalement échoué :
- Le nombre de personnes en situation de pauvreté et le taux de pauvreté n'ont jamais été aussi élevés1.
- Le niveau de dette et de déficit budgétaire restent à des niveaux très importants.
Loin de remettre en cause leur dogme, ceux qui dirigent la France et une grande partie de ceux qui souhaitent la diriger persistent dans cette approche économique d'austérité avec une remise en cause du montant des prestations sociales qui sont souvent le seul moyen de survie de nombreuses personnes en France.
Et pourtant :
👉 Se priver d'impôts et de taxes auprès des plus riches entraîne une augmentation des taux d'intérêt et de la dette française. Ces mêmes personnes vont donc avoir des placements avec des taux d'intérêts majorés qui leur rapportent plus.
👉 Les 1 % le plus riches ont atteint un niveau de richesse qui fait que, beaucoup d’entre eux, ne savent plus quoi faire de leur argent, si ce n’est le placer pour essayer de devenir encore plus riche avec parfois des placements à risques qui contribuent à des bulles spéculatives. Quel sens cela a-t-il ?
Pour ne pas remettre en cause les dogmes économiques, on monte une partie de la population contre une autre partie de la population, en faisant croire que les prestations sociales génèrent de l'assistanat, en surestimant le montant des fraudes et tout cela pour faire croire que l'on peut récupérer des dizaines de milliards d'euros de ce côté là.
A contrario, on ne dit pas :
👉 que les faibles ressources que touchent les personnes les plus pauvres contribuent immédiatement à l’activité économique car ils les dépensent auprès d'autres personnes3 pour payer un loyer, des charges, leur alimentation, des vêtements, .... . Ces ressources dont les prestations sociales vont donc immédiatement contribuer à l'enrichissement d'autres personnes et à la richesse nationale par les taxes que cela génère.
Arrêtons de remettre en cause notre système social protecteur.
Redonnons sa valeur à un impôt sur la fortune revisité pour plus de justice fiscale et sociale, mais aussi plus de justice environnementale et climatique.
C’est une approche qui peut non seulement contribuer à rétablir l’équilibre budgétaire, mais également accroître le financement des associations et des entreprises engagées dans la justice sociale, environnementale et climatique.
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Pour plus d'informations sur l'ISF
(1) Source Insee Pauvreté - Précarité - Tableau de bord de l'économie française
(2) Data.gouv.fr fichiers de syntèse IFI et ISF et Fichier xls "l'ISF - montants et nombres des déclaration de 1999 à 2017"