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Billet de blog 12 avril 2020

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Réponse à la tribune de Luc Berlivet et Ilana Löwy dans Le Monde-

Le double aveugle randomisé multi-centré n'est pas le seul accès à la connaissance rationnelle. Retour sur un commentaire mal venu au sujet de l’article parodique: L’utilisation de parachutes aux fins de prévenir les décès et traumatismes majeurs en cas de difficultés gravitationnelle, une recension systématique des essais cliniques randomisées.

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/10/le-professeur-raoult-les-maniaques-et-le-parachute_6036266_3232.html

Parachute use to prevent death and major trauma related to gravitational challenge: systematic review of randomised controlled trials:

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC300808/

Je n'ai lu que le début de l'article dans Le Monde. Je ne suis pas abonné et il est hors de question que je m'abonne, les premières lignes lues me confirment dans mon opinion sur ce journal et sur votre article dont je ne peux qu'imaginer la teneur et le parti pris à la lumière de la formule:

Ce que le professeur Raoult n’a pas jugé utile de préciser clairement aux lecteurs du Monde est que l’article auquel il fait allusion, sobrement intitulé « L’utilisation de parachutes aux fins de prévenir les décès et traumatismes majeurs en cas de difficultés gravitationnelles [gravitational challenge] : une recension systématique des essais cliniques randomisées », qui fut publié en 2003 dans le British Medical Journal, constitue en réalité une parodie d’article scientifique.

On voit dès le début que l'article est très mal engagé avec un faux procès : le Pr Raoult n'est pas honnête... vous voyez il ne vous a pas tout dit ...

Je pense au contraire que cette introduction est malhonnête car tout le monde a bien compris qu'il s'agissait d'un article satirique et cette pseudo précision n'a pas d'autre intérêt que de tacler le Pr Raoult en hurlant avec les loups ce qui dénote un grand courage intellectuel. on devine que dans la suite on va nous expliquer que cet article n'est qu'un trait d'humour mais qu'en réalité le double aveugle randomisé multi-centré s'est imposé comme le seul moyen d'accès à la connaissance et que le Pr Raoult fait son travail sur de l'intime conviction et que l'opinion ce n'est pas scientifique etc.

Si je me trompe qu'on me fasse parvenir l'intégralité de l'article...🙂

De la part de chercheurs de haut niveau, la morale de cette tribune est très faible, d'un niveau inférieur à une mauvaise copie d'un élève de terminale qui ressort les cinq lignes de son manuel d'épistémologie.

Les auteurs n'ont pas manifestement pas compris qu'au travers d'un pastiche (savoureux) qui n'est pas que de l'autodérision, l'article est beaucoup plus profond et qu'il est pleinement dans le cœur du débat actuel. Oui les méthodes statistiques ont tout leur intérêts dans le progrès scientifique. Mais ces méthodes et notamment le, double aveugle randomisé multi-centré ont leurs limites surtout de la façon dont elles sont revendiquées actuellement.

A ce sujet: Il faudrait arrêter de prendre du paracétamol il n'a pas été testé en double aveugle si ça se trouve c'est le paracétamol qui produit les effets dermatologiques que l'on observe sur le covid: pas de double aveugle pas de paracétamol, toxique pour le foie! la dose toxique est proche de la dose thérapeutique et on ne connait pas le comportement sur ce virus!

Arrêtez de prendre du paracétamol il n'a pas été testé en double aveugle si ça se trouve c'est le paracétamol qui produit les effets dermatologiques que l'on observe sur le covid pas de double aveugle pas de paracétamol toxique pour le foie la dose toxique est poche de la dose thérapeutique et on ne connait pas le comportement sur ce virus PAS SCIENTIFIQUE STOP STOP STOP NE PRENEZ PAS DE PARACÉTAMOL EN CAS DE COVID  CAR PERSONNE N'A FAIT D'ESSAI EN DOUBLE AVEUGLE RANDOMISE SUR CE MÉDICAMENT TOXIQUE POUR LE FOIE ET QUI PEUT DIMINUER LE TAUX DE NEUTROPHILES LORSQU'IL EST ADMINISTRÉ STOP IL FAUT FAIRE UN ESSAI PARACÉTAMOL CONTRE RIEN SINON C'EST PAS SCIENTIFIQUE! PAS SCIENTIFIQUE! PAS SCIENTIFIQUE! 😮

Stupide? ... Quel processus mental et/ou scientifique fait accepter sans broncher l'emploi du paracétamol...?

...

Que les résultats du Pr Raoult soient plus compliqués à interpréter qu'un "double aveugle" est certain mais que cela soit impossible est faux. De même qu'il est faux d'affirmer que la stratégie thérapeutique proposée ne soit qu'une question d'opinion. (cf pb du paracétamol)

La comparaison avec la moyenne générale  ( ou d'autres séries) donne aussi une information qui permet d'avoir une référence.  Prenons le cas de l'Allemagne dont l'épidémie a débuté en même temps que la France,  qui a un excellent système de santé avec 28 000 places en urgence et qui affiche 5 à 6 fois moins de morts qu'en France (!!!) pour une population plus élevée tout en effectuant un dépistage  massif incluant donc des positifs asymptomatiques. On ne peut pas dire que c'est un élément de comparaison avantageux pour l'IHU de Marseille. Pourtant dans le rapport nombre de décès nombre de cas positifs on obtient 2,2% dans un cas et 0,4% dans l'autre. Admettons que ceux qui sont traités à l'IHU  soient soigneusement choisis et que l'APHM récupère les autres (3,1% de décès) bien qu'on ne connaisse pas les raisons de la répartition (choix personnel, arrivée tardive etc.)  Mélangeons APHM et IHU,  on obtient 1,5% pour l'ensemble!   Faire baisser la mortalités de 31% sans effets graves pour les personnes traités serait déjà un résultat qui mérite autre chose que de l’opprobre. Des études plus fines, parfaitement statistiques intégrant plus de paramètres sont possible sans passer par le double aveugle.

Le double aveugle randomisé multi-centré n'est pas le seul accès à la connaissance rationnelle.

Vous savez sûrement que l’association des deux médicaments a déjà été testée dans le passé à des doses plus fortes. Chacun peut consulter la fiche de l’Haute Autorité de Santé au sujet du ZITHROMAX 250 mg ou les sites médicaux :

L’allongement de l’intervalle QTc a été étudié dans le cadre d’une étude randomisée, contrôlée contre placebo, en groupes parallèles, menée sur 116 volontaires sains recevant de la chloroquine (1 000 mg) seule ou en association avec de l’azithromycine (500 mg, 1 000 mg et 1 500 mg une fois par jour). L’administration concomitante d’azithromycine a entraîné un allongement de l’intervalle QTc dépendant de la dose et de la concentration. Lorsque l’on compare les résultats observés entre les volontaires sains recevant de la chloroquine associée à l’azithromycine et ceux recevant de la chloroquine seule, il a été observé que les moyennes maximales (limite supérieure de l’intervalle de confiance à 95%) de l’intervalle QTcF étaient augmentées respectivement de 5 (10) ms, de 7 (12) ms et de 9 (14) ms avec des doses d’azithromycine de 500 mg, 1000 mg et 1500 mg.

A comparer avec 600mg HCQ + 250mg Azit. / J pendant 10 jours sauf le 1er jour 500mg

On peut se faire une idée avec des infos largement disponibles : « des valeurs comprises entre 430–450 ms chez l’homme entre et 450–470 ms chez la femme doivent être considérées comme « borderline ». La surveillance d’un traitement médicamenteux pouvant allonger le QT et favoriser l’apparition de torsades de pointe est bien codifiée. Un QTc > 500 ms justifie l’arrêt du traitement. NB pour un ordre de grandeur un QTcF se situent normalement entre 350 et 440 (95% des cas). La situation à l'IHU (2000 patients traités)  confirme l'absence d'incident grave attribuable au traitement.

Il y a ainsi une masse de connaissances accumulées qu'un médecin peut exploiter pour guider son choix (ou un particulier qui veut se donner la peine de faire un choix éclairé par autre chose que la soupe médiatique).  On peut supposer que toute une équipe hospitalière (IHU) a intégré ce type d'informations et bien d'autres pour faire des choix  rationnels et éthiques.

Dans des situations plus ordinaires,  on teste une nouvelle molécule inconnu aux risques inconnus par rapport à une méthode thérapeutique éprouvée. On peut alors persuader le patient qu’il n’a pas de perte de chance. Mais on voit très bien que dans cette pandémie la situation est inversée. Le traitement « nouveau » est très bien documenté (d’autant qu’en cas de dépistage positif systématique le patient est encore en bonne forme) alors que l’absence de traitement est un jeu de roulette russe dans un barillet à 20 balles. (la survie ... après une intubation de trois semaines n’étant qu’un demi succès thérapeutique).

Le problème éthique prend alors tout son sens parfaitement illustrée par le pastiche.

Le persiflage "il n'a pas dit que c'était un pastiche" et la conclusion attendue ne sont pas à la hauteur des enjeux et cet article parfaitement en phase avec la ligne éditoriale du journal Le Monde; n'éclaire personne. Une économie potentielle de 4000 morts sur les 13000 actuels  (peut-être plus) à cause d'un intégrisme méthodologique n'est pas une mince affaire. Cette dualité science (certitude)/médecine (soigner) où l'objet d'étude n'est pas un rat mais un être humain qui veut avoir le plus de chance de survivre suppose une réflexion d'un autre niveau.

Il y a encore 900 morts par jour en dépit du confinement et vous gloussez!

Dans quelques années des historiens se pencheront sur les raisons profondes de ce barrage médiatique et académique. Je suis certain qu'en plus de la querelle méthodologistes intégristes / praticiens rationnel et pragmatique, ils interrogeront, en toute indépendance, la rivalité INSERM/IHU... et l'importance d'attendre de voir si le remdesivir donne des résultats...

Ils s'interrogeront sur la rationalité de faire un test en double aveugle qui a l'apparence "médiatique" de la rigueur mais qui teste (la moitié de) ce traitement en phase de sévère (*) alors que tous s'accordent à dire qu'à ce stade ça ne sert à rien. Ils en interrogeront aussi la porté éthique et la façon dont des intérêts financiers et un intégrisme méthodologique doublé de rivalités peuvent conduire à sacrifier de façon totalement absurde des centaines de patients. Idem pour Hycovid dont la logique méthodologique est aberrante.

En attendant il est recommandé de réfléchir à l'usage du paracétamol et à la logique scientifique qui conduit à ne pas le tester sur ce nouveau virus avec un bras "sans rien"... et qui démontre que tout ne passe pas par un essai randomisé en double (aveugle), lequel n'est d'ailleurs pas mis en œuvre: ni pas DISCOVERY, ni par HYCOVID, ni par CIVIDOC,

Pourtant "En Australie entre 2007 et 2017, 95 668 admissions à l’hôpital suite à un diagnostic d’intoxication au paracétamol ont été enregistrées. Plus grave, le nombre de personnes souffrant de lésions au foie à cause d’une prise trop importante de paracétamol a augmenté de 108%. Au final, plus de 200 morts sont à déplorer. (Pop. 25 M)".

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https://www.doctissimo.fr/medicaments/news/hausse-overdoses-paracetamol

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Parachute use to prevent death and major trauma related to gravitational challenge: systematic review of randomised controlled trials:

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC300808/

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(*) Les responsables prétendent qu'il est faut d'affirmer que seuls les stades sévères seraient inclus dans l'étude. Cette information erronée résulterait d'un communiqué de presse du 22 mars mal rédigé ... pourtant on peut lire dans le protocole :

Inclusion Criteria: [...] Hospitalized patients with illness of any duration, and at least one of the following:

-Clinical assessment (evidence of rales/crackles on exam) AND SpO2 ≤ 94% on room air, OR

-Acute respiratory failure requiring mechanical ventilation and/or supplemental oxygen.

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