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Billet de blog 31 mars 2020

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Science ou médecine

La science veut démontrer, comparer, prouver, la médecine veut soigner. Alliées, elles sont très efficaces, mais comment maintenir cette alliance dans l’urgence face à une maladie mortelle susceptible de toucher gravement des dizaines de milliers de personne? Pourquoi une telle unité dans la désapprobation ? Pourquoi font-ils semblant de ne pas comprendre ? Ignorance, dogmatisme, arrogance?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans l’antiquité, comme maintenant, plusieurs acteurs  avaient l’objectif de soigner : les coupeurs de racines (rhizotomoi), les marchands de drogue (pharmakopôlai), les guérisseuses (maiai), auxquels il faut ajouter ceux qui soignent en recourant au divin. Il faut y ajouter la médecine hippocratique qui, en simplifiant, s’est imposée en fondant sa pratique sur la compréhension de la nature. (Geoffrey Lloyd,  pour en finir avec les mentalités). Cette construction est concomitante de la construction de la science et de celle de la notion de preuve.

À notre époque les processus  mis en œuvre pour obtenir des preuves les plus solides dans le domaine des médicaments ont atteint un haut de degré de sophistication ce qui n’a pas suffi à éviter des drames pour des médicaments nouveaux. L’essai clinique est très encadré, il obéit à une logique permettant d’écarter différentes sources de biais.

C’est derrière cette référence que se cachent les opposants au traitement préconisé par le Pr Raoult lesquels semblent souvent être franchement hostiles au professeur Raoult lui-même

Les médecins de tout poil qui défilent sur les plateaux de télévision sont figés dans un formalisme qui au mieux relève de l’exigence scientifique, au pire relève de stratégie de compétition ou d’intérêts financiers. Mais quand il s’agit d’une maladie potentiellement grave et mortelle, très aléatoire… de croissance exponentielle, on le constate la science et la médecine sont en conflit. La science veut démontrer, comparer, prouver, la médecine veut soigner, alliées elles sont très efficaces. Mais comment maintenir cette alliance dans l’urgence face à une maladie mortelle susceptible de toucher gravement des centaines de milliers de personne. Et dont l'épidémie met à mal les autres standards de santé.

Les arguments des tenants de la prudence scientifique perdent tout sens quand on évoque un risque très potentiel d’effets secondaires graves,  parfaitement connus et maîtrisables alors que dans le même temps des urgentistes expliquent qu’après avoir choisi de ne pas mettre en réanimation des personnes de toutes façon condamnées, ils commencent à devoir choisir entre des patients qui pourraient tirer un vrai bénéfice d’une réanimation.

Il ne s’agit de comparer des avantages entre deux médicaments pour une maladie relativement bénigne mais on parle d’une épidémie qui sature les urgences et paralyse un pays.

Dans ces conditions il est impératif d’établir un compromis entre exigence scientifique (la connaissance) et exigence médicale (soigner). 

Les experts font semblant de constater que l'étude présentée par le Pr Raoult n'est pas un essai clinique mais un essai préliminaire. Le traitement est prescrit à partir de connaissances théoriques, d'un essai et d'une bonne connaissance des risques liées au médicament. C'est un choix éclairé.

Ce n'est pas de la "science" (connaissance), c'est de la médecine (soigner).

Quand les deux sont alliées c'est parfait mais quand la médecine n'a pas le temps, elle n'attend pas la science. Si le médecin est doué, imprégné de science et possède bien son sujet, il peut faire bonnes choses (PAS DES MIRACLES) cela reste de la médecine hippocratique.

Les chirurgiens qui soignaient en temps de guerre et découvraient des situations inédites n'attendaient pas les essais cliniques.

Molière reviens: en écoutant tous ces Diafoirus, les personnes contaminées vont mourir guéries.

Les mêmes détracteurs se fâchent à l’idée que les patients puissent souhaiter bénéficier de ce traitement. Ils semblent oublier que les patients ne sont pas des rats de laboratoire et restent maître de leur traitement. C’est la raison pour laquelle on doit leur demander théoriquement leur consentement éclairé. Comment donner son consentement à ne pas bénéficier d’un traitement potentiellement protecteur et peu dangereux sous surveillance médicale ?

Curieusement chacun se cache derrière son manque de connaissance scientifique pour s'en remettre aux "experts" et même les profs invités répondent des formules toutes faites à coté du pb.

Pourtant le jour où on vous demande si vous acceptez de participer à un essai clinique vous êtes dans la même situation: décider sans avoir de connaissance, simplement un résumé présenté par un médecin pressé à votre chevet. On observera que la situation est curieusement inversée. D’ordinaire le patient qui ne souhaite pas entrer dans un essai clinique se voit proposer le traitement de référence et toute la stratégie du clinicien est de le convaincre de l’innocuité et des bénéfices du traitement testé pour l’inciter à rentrer dans le protocole.

Les essais faits par le Pr Raoult ne sont pas un essai clinique conforme aux standards et ils ne prétendent pas l’être mais il s’agit manifestement d’un choix thérapeutique éclairé par le raisonnement et l’expérience, aussi courte soit-elle. Les critiques sur la pertinence de son attitude thérapeutique ne tiennent pas. Cela a été déjà décrit dans d’autres blogs. On notera seulement que l’absence de groupe témoin dans le second essai publié est largement relativisé par la multitude des cas soignés sans ce traitement.

Ce qui est intéressant, fascinant même, c’est le déploiement de la stratégie pour discréditer ce protocole.

Sur toutes les chaînes de télévisions mais particulièrement BFM-TV, CNIEWS, LCI, France Info défilent des personnes, pourtant compétentes selon leur titre (parfois pas) qui répètent un même discours basique et pas du tout convaincant. Les rares interventions des tenants du protocole du Pr Raoult sont immédiatement suivies du commentaire incontournable, sentencieux sur les risques, l’absence de preuve etc.

Aujourd’hui les journalistes des revues médicales demandent à Jérôme. Salomon des détails sur les éventuels incidents cardiaques qui sont tout de suite associé à la chloroquine alors qu’on apprend au détour d’une explication que les personnes concernées prenaient un autre médicament testé aussi (le kaletra, un antiviral) ou que de nombreuses personnes meurent d’une crise cardiaque à cause du virus lui-même. L’agence du médicament fait des alertes qui sont relayées avec gourmandise par BFM-TV et autres en faisant un subtil amalgame entre des accidents dus à des consommations en automédication de chloroquine ( y compris l’ingestion de produits pour nettoyer les aquariums !) et ces décès liés peut-être à l’un des médicaments sur lesquels des laboratoires pharmaceutiques fondent de grands espoirs. On rappelle constamment mais discrètement l’existence de ces autres produits.

Les mêmes qui mettent en garde avec une « extra-ordinaire » insistance contre les dangers de la chloroquine n’ont manifestement pas de pb avec les dangers de sédatifs puissants, des conséquences de la réanimation, du danger de surconsommer du paracétamol dont la dose toxique est proche de la dose thérapeutique, etc..

Personne ne comprend pourquoi (in extremis !) est testée une molécule dans les cas graves alors que l’équipe du Pr Raoult indique sans ambiguïté que le bénéfice n’est réel que dans le début de la maladie et en association avec un antibiotique. Que cherche-t-on à démontrer ?

Aujourd’hui  un résultat américain sur 500 patients confirme la pertinence du traitement proposé par le Pr Raoult mais nos animateurs de télé arrivent quand même à placer une réserve en invoquant un essai chinois sur 24 patients concernant un traitement différent de celui préconisé par le Pr Raoult et rappellent, bien sûr, les effets secondaires.

Les médicaments tuent 10 000 personnes par an. Peut-on me donner un lien pour un reportage de BFM-TV  sur un effet indésirable d’un médicament produit par Gilead ou autre?

Que BFM-TV et nombre de médecins  aient des liens financiers avec les laboratoires pharmaceutiques, que les journalistes de ces chaînes soient d’une ignorance crasse, d’un manque de culture scientifique élémentaire, d’une malhonnêteté intellectuelle évidente, d’un invraisemblable manque de curiosité, que certains experts désignés d’office fassent preuve d’un dogmatisme confit ou d’une ignorance évidente du dossier , que les conflits d’intérêts financiers vis-à-vis des laboratoires et les conflits personnels ou institutionnels (conflit INSERM / IHU)  soient flagrants, rien de tout cela ne suffit à expliquer une aussi spectaculaire et vaste orchestration de lavage collectif de cerveaux.

Ce n’est pas un complot … c’est un miracle

 Le vrai miracle du Pr Raoult ? ... il dérange pertinemment  le Prince

p.s. Dites à Cohn Bendit de "fermer sa gueule"

Pardon pour l'emploi de la formule désormais favorite et tellement significative des généraux de Macron ...fermer la gueule de ceux qui savent.

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