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Domaine de recherches. La gouvernance politique des questions mondiales d'intérêt commun, notamment le climat à l'ère de la mondialisation.

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Billet de blog 25 avril 2020

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Domaine de recherches. La gouvernance politique des questions mondiales d'intérêt commun, notamment le climat à l'ère de la mondialisation.

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LE MONDE D'APRÈS.

Au moment où l'humanité s'interroge sur l'après-pandémie, l'OMC, le FMI et le G20 sont dans les starting blocks pour relancer la croissance mondiale sur un modèle à tous égards dévastateur. Cela rapproche l'échéance d'une planète-étuve inhabitable pour nos enfants. La société civile des nations doit s'ériger en contre-pouvoir majoritaire pour imposer un changement de cap écologique et social.

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Alors que le monde ne s'est toujours pas remis de l'effondrement de Wall Street en 2008, la pandémie de Covid-19 ouvre une nouvelle ère de crises économiques, financières, sociales et environnementales. Les peuples sont épuisés d'endurer de telles difficultés et de telles souffrances à intervalles de plus en plus rapprochés. Ils se désespèrent de subir d'inutiles sacrifices pour résorber les déficits publics abyssaux creusés à partir de 2003 par des guerres aux résultats peu probants, en 2009 par le sauvetage massif du système bancaire et demain par celui de l'aviation civile, de l'automobile, des banques une nouvelle fois et autres secteurs-clés.
Pour autant, rien ne laisse augurer d'une meilleure gouvernance des affaires du monde. La politique s'exerce entre états rivaux sur le marché mondial quand il faudrait des solutions coopérantes pour gérer les problématiques et les crises du XXIème siècle devenues planétaires. La lutte contre le Coronavirus a mis en lumière une pathétique cacophonie internationale qui retarde la résolution du problème. Quoi que nous souhaitions les uns.nes et les autres, les chefs d'État ne sont pas élus pour changer le monde, sauver le climat ou éradiquer un virus planétaire, mais pour défendre des intérêts économiques, énergétiques, géostratégiques et sanitaires strictement nationaux. Leur seul objectif, doper le PIB national sur l'horizon court des échéances électorales. Restant désarmés face aux mégacrises actuelles, ils se bornent à reproduire les stratégies compétitives inappropriées qui les ont générées.
Si le Coronavirus sera contenu d'ici quelques mois, en revanche, les catastrophes liées au dérèglement climatique sont devant nous. Sérieux problème pour l'espèce humaine, l'impuissance structurelle de la politique ne permet pas de faire face à l'urgence climatique. Contre toute raison, les gouvernements des nations projettent au coeur même de la pandémie de relancer tous azimuts l'économie mondiale en mettant à profit un cours du baril historiquement bas. Un moratoire fut même proposé le 24 avril sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de rattraper le retard de croissance dû au virus. L'objectif commun de l'OMC, du FMI, des pays du G20 et des firmes du S&P500 est d'intégrer d'ici 2030 quatre cent millions de nouveaux consommateurs -principalement Chinois et Indiens- dans le standard occidental insoutenable. Sachant que les effets des activités industrielles et commerciales sur le climat ne sont pas linéaires, ceux qui décident de notre futur commun à la tête des États et des institutions mondiales du commerce et du crédit nous imposent le scénario du pire modélisé par le Giec. Fin de partie pour les générations nées à partir des années 2000 qui auront à subir des tragédies d'une ampleur et d'une violence inédites. La colère et l'angoisse de Greta et des jeunes Fridays for Climate sont totalement justifiées.

NOTRE POUVOIR DE DIRE NON.
L'accélération qui va être donnée dans la voie qui propulse l'humanité, l'économie et la planète vers des catastrophes irréversibles doit être brisée. Nous devons explorer des pistes innovantes pour élever la politique au niveau global des problématiques du XXIème siècle. À défaut d'un organe de gouvernance mondiale, les dirigeants des nations ont le plus grand besoin d'un cadre légal international refonder le système actuel sur des bases saines et mettre un peu de bon sens et d'humanité dans l'économie mondiale.
Constatant de la même manière la faiblesse récurrente des réponses politiques sur la question climatique, Antonio Guterres déclara le 10 septembre 2018. "L’humanité va faire face à une menace existentielle directe. Si nous ne changeons pas d'orientation d'ici 2020, nous risquons des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent. J'en appelle à la société civile -jeunes, groupes de femmes, secteur privé, communautés religieuses, scientifiques, mouvements écologiques dans le monde..."
Le fait est que la société civile a toujours été en avance sur la politique pour faire progresser la condition humaine et défendre les plus grandes causes. Politiquement inconsistante jusqu'ici, est-elle prête à jouer ce rôle inédit de contre-pouvoir majoritaire en faveur d'un changement de cap équitable et durable?
Nous avons de sérieuses raisons d'espérer. Les mentalités sont en train de changer depuis la tragédie mondiale du Coronavirus succédant aux catastrophes climatiques de 2019. La société civile des nations prend conscience d'être embarquée sur le même bateau et de partager un destin et des intérêts communs. Derrière nos drapeaux nationaux se dessine concrètement celui de la planète. Et pour liés que nous soyons à notre pays et à notre culture, nous ressentons de plus en plus clairement être membres d'une communauté globale appelée à coopérer pour ne pas être naufragés corps et biens. Une initiative se développe en temps réel d'ici l'automne 2021 pour jeter les bases d'un nouveau contrat écologique et social au niveau transnational.

MATRICE D'UN CADRE LÉGAL INTERNATIONAL, LE PROGRAMME D'URGENCE 'GLOBAL CLIMATE PACT' ÉLABORÉ AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ CIVILE INTERNATIONALE CONSTITUE UNE AIDE À LA POLITIQUE POUR BÂTIR UN MONDE POLITIQUEMENT COOPÉRANT, SOCIALEMENT AVANCÉ ET ÉCOLOGIQUEMENT RESTAURÉ.

La société civile répond ici présent à l'appel au secours du Secrétaire-général de l'ONU. Un groupe multiculturel réunissant des délégués d'associations et des ONG, des économistes, des grand-patrons et des financiers conscients de leurs responsabilités, des hommes politiques clairvoyant et des jeunes Fridays for Future élaborera d'ici le printemps 2021 un programme d'urgence baptisé Pacte climatique mondial - Global Climate Pact.
Matrice d'un cadre légal international équitable et durable, ce programme commun proposera des principes, des orientations et des régulations globales de bon sens fédératrices des peuples des nations. En commençant par réformer l'indicateur du PIB responsable à tous égards d'une mauvaise croissance aux effets destructeurs avérés. Un chantier central sera celui de la réforme des institutions internationales -FMI, Banque mondiale, système monétaire international- créées en 1944 qui ne sont plus adaptées aux réalités écologiques, sociales et démographiques d'aujourd'hui. Le nouveau Fonds mondial sera missionné pour financer à hauteur des besoins -whatever it takes- la reconversion écologique et sociale du système actuel.
Les articles du Pacte seront soumis fin 2021 à un panel représentatif en tous critères de la population mondiale. Les votes majoritaires confèreront au Pacte une légitimité populaire sinon démocratique pour aider les dirigeants des nations à relever les immenses et passionnants défis du XXIème siècle et prolonger l'aventure humaine dans un monde politiquement apaisé, socialement avancé et écologiquement restauré.

L'urgence est là de mobiliser l'intelligence collective de l'humanité et son esprit de compétition, non plus pour gagner une guerre économique mondiale suicidaire, mais pour restaurer les dégâts et servir les intérêts des générations présentes et futures. Loin des constats résignés, des critiques stériles ou des alertes anxiogènes de fin de monde, le Pacte climatique mondial entend ouvrir un horizon d'espérance et susciter un élan d'enthousiasme à travers le monde. À l'occasion des élections présidentielles à partir de 2023, il est permis de penser que des majorités se construiront dans chaque pays autour de ce Pacte régulateur. La nouvelle génération politique au sein du G20 coopèrera alors à la mise en oeuvre de solutions équitables et responsables du plan local au plan global.

Soyons optimistes! Ayons foi dans les capacités humaines à réussir les plus grands exploits et à vaincre les pires menaces. Cessons de nous demander en tremblant quel sera l'avenir. Rédigeons nous-mêmes les lois internationales porteuses d'un futur équitable et durable et mettons-les aux votes du panel mondial.
Pour tout dire, l'avenir n'appartient ni aux commentateurs, ni aux sceptiques et encore moins aux poseurs de bombes, mais à celles et ceux capables d'utopies réalistes. Car les utopies qui répondent à la fois à notre instinct de survie et aux aspirations humaines à vivre en paix, de manière digne et libre dans un environnement sain s'inscriront plus tôt qu'espéré dans une réalité démocratique. Excellente nouvelle, les scientifiques affirment que la nature possède d'étonnantes capacités de résilience si nous changeons de cap sans tarder. Action!
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Extrait de l'essai  à publier LE MONDE D'APRÈS  - THE NEXT WORLD (Copyright international).
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3 mai 2020

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