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Billet de blog 2 août 2012

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Avant que la salle ne soit obscure !

L'installation des spectateurs au cinéma …  Laissons à Philippe Delerme le plaisir de vous narrer comme il sait si bien le faire la sortie au cinéma et attachons-nous ici aux quelques instants qui précédent le début du film. Les affres de l'attente et de la queue ont été franchis, les spectateurs font leur entrée dans une salle à la lumière tamisée. C'est alors que débute un petit ballet qui ne manque pas d'attirer mon attention.

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L'installation des spectateurs au cinéma

Laissons à Philippe Delerme le plaisir de vous narrer comme il sait si bien le faire la sortie au cinéma et attachons-nous ici aux quelques instants qui précédent le début du film. Les affres de l'attente et de la queue ont été franchis, les spectateurs font leur entrée dans une salle à la lumière tamisée. C'est alors que débute un petit ballet qui ne manque pas d'attirer mon attention.

Il y a d'abord les spécialistes de la bonne place, ceux qui sont disposés à taper du pied bien avant l'heure pour entrer en tête et choisir LA place qu'ils convoitent. Ceux-là sont redoutables, ils évoluent à domicile, ils sont chez eux et n'aiment guète qu'un quidam de passage vienne empiéter en leur royaume. Puis il y a les autres, les spectateurs ordinaires, amateurs éclairés ou occasionnels.

Vous remarquez immédiatement la petite troupe dissipée, si vous ne l'aviez déjà fait devant les guichets en espérant qu'ils choisiraient un autre film.. Ils s'installent pour poursuivre une conversation animée qui se prolongera au-delà des bandes annonces et des premières images du film. Ils sont redoutables, avec rires et sonneries téléphoniques, éclats de voix et bruits divers sont au programme. Il arrive parfois qu'ils vous gâchent totalement le plaisir que vous vous étiez promis.

Les autres spectateurs s'éparpillent. La salle se remplit de manière aléatoire. On cherche le plus souvent à s'octroyer un espace de sécurité avec le groupe voisin. Mais il y a toujours de curieux personnages qui désirent absolument la place juste à coté de vous. Si possible, leur arrivée vous impose une contorsion de genoux et le retrait des vêtements que vous aviez négligemment placés là pour dissuader les intrus.

Les isolés du septième art se dispersent. Ils ont chacun des préférences. Souvent au milieu de la salle, dans l'axe de l'écran, parfois au bord quand un peu de claustrophobie vient troubler l'amateur du septième art. Les uns lisent attentivement une revue spécialisée ou le programme de la salle quand d'autres se plongent dans un roman de poche.

Il y a encore les spectateurs migrateurs. Ils entrent, choisissent bien vite une place, attendent quelques instants, changent d'opinion; dérangent leurs voisins pour aller un peu plus loin. Il n'est pas rare qu'ils se remettent en mouvement quand la pièce s'obscurcit. Ils ont des raisons qui échappent à l'observation attentive.

Il y a les premiers retardataires, ceux qui arrivent au moment des bandes annonces. Les uns prennent une place discrètement en bordure d'allée quand les plus nombreux veulent absolument se retrouver au milieu. Ils font lever toute une rangée quand il eût été possible de faire le tour par une rangée vide. Ils se croient tout permis, ils ont payé !

Il faut supporter encore le téléphoniste compulsif, celui qui parle à très haute voix pour dire des secrets intimes, qui ne se soucie de personne et prolonge sa conversation en exaspérant la salle entière. Certains poussent l'indécence à oublier d'éteindre leur maudit engin qui ont souvent des sonneries d'une distinction sans égale.

La salle s'assombrit, les bandes annonces font leur apparition. C'est le moment que certains choisissent pour faire savoir à tous leur opinion pour ce film qui vient de sortir quand d'autres, tout au contraire, se fichent sublimement de cette partie du programme. C'est toujours à ce moment-là que des couples s'aperçoivent de la présence d'amis, se déplacent et se congratulent longuement avant que de disparaître à nouveau dans le secret des sièges.

C'est le moment où cesse l'observation des uns par tous les autres. Quelques coquettes en profitent alors pour glisser une paire de lunettes sur le bout de leur nez, quand d'autres se décident enfin à retirer cette jolie veste qu'il fallait offrir à l'admiration de tous. C'est la poursuite des conversations décisives qui exaspèrent tant ceux qui aiment le silence feutré de la salle inclinée.

La salle s'assombrit vraiment, le noir se fait. Les premières notes du générique se font tonitruantes. C'est vraiment le début de la séance, le petit théâtre de l'avant cinéma se termine, la magie du faisceau de lumière opère. De ce moment si intime, vous ne saurez rien. Il me faut silence et confort pour jouir de ce bonheur simple d'une toile.

Septièmartement vôtre.

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