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Billet de blog 3 février 2012

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Peau de vache et vieilles dentelles.

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Racler les fonds de culottes.

Les ouvrières de Lejaby semblent avoir remporté la partie. Elles vont conserver leur emploi. Leurs larmes et leurs cris de colère ne furent pas vains. Ceux qu'elles avaient traités de « Salauds » devant le tribunal de commerce ont entendu leur désespoir …

C'est du moins la belle histoire qu'on vous nous faire accroire en ces temps bénis de campagne électorale. La main sur le cœur chacun cherche à montrer dans le Landerneau de la gouvernance, qu'il a une âme, un cœur et quelques relations.

Les petites mains de la dentelle sont arrivées au bon moment. Leur détresse a touché la France qui va voter. Les amis du pouvoir et les postulants de service se sont multipliés pour trouver solution de remplacement, décision humaine dans un monde qui habituellement se passe de telles considérations.

Les caméras étaient braquées, la lingerie a émoustillé ces beaux messieurs, porteurs de tenues distinguées, bien loin des froufrous d'un déshabillé fripon. Pourtant personne n'a hésité à mouiller sa chemise pour trouver une doublure à la société en faillite.

On fit de droite et de gauche pastelle, assaut d'idées et de réponses pré-pensées. Chacun y alla de son point de croix, je te propose une Princesse Tamtam, je mets la main dans le sac de luxe. On se décarcasse pour remplumer la modeste société devenue d'un coup le symbole du produire français.

Heureuses les 96 ouvrières si les promesses deviennent réalité. Il n'est pas ici l'envie de cracher dans la soupe et de bouder leur immense plaisir. Il faut pourtant s'interroger sur ce qui se trama ici. Pour quelques dames courageuses et méritantes devenues symbole d'une industrie nationale qui s'effiloche, combien de charrettes innombrables et silencieuses ? On dégraisse à tour de bras, on licencie, on délocalise, on ferme en catimini sans jamais donner dans la dentelle. Les peaux de vaches qui sont aux affaires n'ont habituellement pas autant d'états d'âme !

Si seulement ce bel épilogue pouvait devenir le modèle des futurs conflits sociaux. Vœu pieux à n'en point douter, belle mascarade impudique jouée par les amis du pas encore candidat. L'industrie du luxe, ce fric qui dégouline, a levé le pouce en l'air pour sauver nos reines de l'aiguille agile. Il faudra pourtant qu'elles fassent preuve de talents bien différents pour se piquer le cuir !

Les voilà sauvées ! Elles feront du sac de luxe et tourneront le dos à leur petites culottes. Plus de main au panier, c'est dans le sac qu'il faudra la mettre ! J'espère simplement qu'on ne nous a pas joué ici une mascarade de saison, une belle fable pour faire pleurer Margot. Demain ou bien dans quelques mois, le luxe pourrait devenir citrouille et les rats pourraient bien quitter le navire si leur cher ami venait à subir un revers électoral improbable.

Nous devons rester vigilants, ne pas perdre de vue les belles promesses faites à la France ébahie et aux ouvrières rebelles. Qu'ils sachent, ces messieurs qui font ce qu'ils veulent de misérables vies, que nous leur pardonnerons jamais une forfaiture de plus. Il se peut que le peuple ne supporte pas plus longtemps leurs aimables facéties. Il doit se trouver encore dans ce pays quelques artisans peaussiers, de jolis artistes du travail de qualité, quelques tailleuses à la main agile, belles couseuses et ravaudeuses pour leur tailler croupières avec leur délicat cuir tanné.

C'est avec la délicate peau de leurs fesses altières que nous donneront à notre tour dans l'industrie du luxe, celui que nous rêvons de nous offrir depuis belle lurette. Qu'ils se le tiennent pour dit !

Tanneriement vôtre.

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