Encombrants
Rappelons tout d'abord la belle histoire d'une société fondée en 1928 qui a laissé son nom dans le vocabulaire, devenant, ce n'est pas commun, un terme générique. À Dettwiller un fabricant de chariots pour les commissions est le digne héritier d'une longue histoire de progrès techniques pour faciliter la vie du consommateur.
Tout a commencé en 1936 en plein essor du consumérisme. Le panier en osier commençait à peser lourdement dans les bras des acheteurs et acheteuses compulsifs. Il convenait d'alléger la charge sans rouler le client. Sylvan N. Goldman, un Américain entreprenant, invente l’ancêtre du chariot de supermarché. Afin d’inciter ses clients à consommer plus, il leur propose un objet permettant d’emporter de nombreux produits, quelle que soit leur force physique. Il met au point un châssis à roulettes permettant de superposer deux paniers.
Le pli est pris et les consommateurs ne manqueront plus de bras pour leur simplifier l'existence dans l'exercice de la plus noble activité conçue par le libéralisme : ACHETER ! Avec l'accroissement spectaculaire du nombre des clients surgit alors le problème du rangement du chariot. En 1946, Orla E.Watson propose un chariot à charnières d'une capacité de 40 litres qui permet d’emboîter les chariots les uns dans les autres grâce à une porte battante. Nous entrons dans une rationalisation de l'achat.
L'innovation traverse l'Atlantique pour qu'en 1947 un Allemand Rudolf Wanzl, fabrique sans oublier de commercialiser de nouveaux modèles de chariots inspirés du premier prototype de Goldman, avec un panier fixé au chariot, un petit pas technique mais un bond en avant pour le consumérisme triomphant.
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Mais tout ceci a tendance à rester au ras des pâquerettes. Il faut attendre 1957 en Alsace pour qu'après de longues années de développement, car tout ne fonctionnait pas comme sur des roulettes, Raymond Joseph crée le Caddie dans l’usine de Schiltigheim. Il fait breveter son chariot roulant en 1960, ce chariot de très grande contenance pour ouvrir l'ère des achats délirants. Son chariot va devenir célèbre partout dans le monde et fera même des petits, avec le siège pour le bambin.
Puis le temps passant, l'entreprise connaît quelques couacs et doit traverser quatre redressements judiciaires. Caddie a été placée en liquidation judiciaire le 27 juin 2024 ce que craignaient depuis longtemps ses ouvriers qui avaient les jetons. Mais depuis lors, un nouveau concurrent est arrivé sur le marché, de manière cette fois totalement anarchique, dans un monde qui roule sur la tête.
L’innovation n'a pas encore franchi les caisses de nos hyper-super-marchés mais se fait de plus en plus présente sur les marchés. Le consommateur moderne et soucieux de l'environnement pour la planète, vient à bicyclette faire ses achats. La chose est fort agréable et utile, je n'en disconviens pas jusqu’à un certain point. Car depuis peu se généralise l'usage de la fameuse petite reine comme nouveau chariot commercial. Son encombrement n'a rien à voir avec le défunt Caddie qui avec ses quatre roulettes avait de la tenue au sol.
Cette fois nous nous trouvons confrontés à un obstacle d'envergure, instable au demeurant quand il est chargé et poussé par un consommateur « ben emberlaudé » quand il s'agit de maintenir son engin - surtout si celui-ci est à énergie nucléaire et forcément plus lourd – et de régler ses achats, ranger ses provisions tout en continuant d'avancer dans la file des autres usagers. Fort heureusement pour lui, il dispose d'un casque pour éviter d'entendre les jérémiades de ceux qui prennent des coups de pédales dans les mollets.
Je ne désespère pas de voir ses braves gens exiger des marchés en mode circulatoire pour ne plus à devoir descendre de leur coursier. On n'arrête pas le progrès pas plus que le vélo quand il se fait tout puissant !
