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Billet de blog 6 octobre 2025

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Secret de polichinelle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

... Savamment orchestrée

Illustration 1

Une curieuse habitude sévit dans le microcosme médiatique qui se plaît à pratiquer l'art de la fuite pour faire la soudure sans doute lors de l'annonce officielle. Une information doit fuiter, c'est devenu un impératif, une manière de préparer la population, d'en soupeser les réactions pour une éventuelle inflexion. Il se joue ainsi un terrible jeu de connivences entre l'informateur et sa source dont nécessairement le public en est le dupe.

Que vaut une information qui ne provient pas d'une enquête, d'une investigation, d'une prévision mais plus sûrement d'une confidence adroitement glissée à l'oreille bienveillante d'un obligé aux ordres ? Il est permis alors d'en faire un complice du pouvoir, un agent de propagande qui s'évertue à préparer le terrain, à déminer les chausse-trappes tout en arrondissant les angles. Si dans l'armée ce rôle appartient au génie militaire, nul besoin de crier au génie dans de telles circonstances.

La collusion fait collision avec l'actualité. Il y a une forme implicite de comportement de caste pour le seul bénéfice de la puissance en place. Le secret divulgué n'est certes pas une information de première main mais un joli coup de pouce consenti à la puissance publique. Flagornerie et obséquiosité sont alors récompensées par un tuyau qui est largement percé.

Illustration 2

Ce qui est le plus insupportable dans cette pratique c'est que le public s'habitue ainsi à apprendre par la bande des mesures qui devraient être annoncées à grand fracas d'effet de manche par les autorités de tutelle. La fuite parmi les sources bien informées est devenue la règle, le coup d'essai pour faire passer la pilule. Au lieu de quoi nous devrions y voir l'incroyable complicité des uns et des autres.

Polichinelle a deux bosses, l'une par devant l'autre par derrière. N'est-ce pas là une préfiguration de cette manière de faire qui entend nous leurrer et nous faire prendre des vessies pour des grosses badernes. En tombant le masque on découvre un personnage au nez crochu, au ventre proéminent de ceux qui partagent la bonne soupe. Le fanfaron est plus lâche qu'impertinent et son imitation du cri des oiseaux le pousse à singer le canard.

Nous sommes au cœur de cette caste qui s'évertue à nous tromper à longueur de temps, à se jouer de nous tout en s'empiffrant sur notre dos. Le secret à la petite semaine est devenu la règle. Les rédactions ne cessent de bruire de confidences savamment distillées pour continuer de brouiller les cartes et les esprits. Il n'y a pas d'investigation dans cette pratique mais plus sûrement une complicité honteuse qui rabaisse le quatrième pouvoir au rang de porteur d'eau du gouvernement.

Illustration 3

À titre personnel, quand je découvre par la bande tout ce qui fait l'objet d'une annonce officielle, d'une déclaration solennelle, d'un entretien exclusif, je ne vois dans tout ce cirque honteux que la preuve que les dés sont pipés, les cartes faussées et que rien d'un fonctionnement démocratique acceptable n'est respecté.

Quand le contre-pouvoir des médias n'est que le postillon du gouvernement, quand tout ce qui nous est confié en guise de confidence ou de supputation n'est que le fruit d'une complicité parfaitement huilée, le secret de Polichinelle prouve à quel point tout ceci n'est que farce dérisoire jouée par des pantins qui sous le masque, se jouent de nous à longueur de temps.

Où sont les diatribes d'antan, les batailles féroces à coups de manchettes et d'enquêtes impitoyables, les débats acharnés, les articles coup de poing ? Dans ce monde feutré d'un microcosme complice à tous les étages, l'information n'est que la chambre d'écho du discours officiel. L'absence réelle de pluralité en la matière est le signe inquiétant d'un totalitarisme sournois qui tisse sa toile.

Illustration 4

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