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Billet de blog 6 novembre 2025

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Du coq à l'âne…

Illustration 1
© José Luis López Pérez

Randonner pour aller d'un point à ce même point en prenant bien garde de ne pas passer par le même chemin, tel est le défi que s'imposent les animateurs guides qui ont étudié attentivement la carte avant de tracer le chemin devant les membres de leur club. L'époque impose sa modernité puisque le circuit choisi est bien plus rarement tracé sur une carte d'état-major qui a dû baisser pavillon au profit des applications mobiles embarquées sur des boîtiers GPS.

C'est donc sous le contrôle lointain de quelques satellites et la bienveillante surveillance des guides que la troupe se lance dans une nouvelle épopée. Elle entend battre la campagne en évitant le plus possible de se retrouver le long du bitume routier, période délicate pour cette file indienne qui n'en finit pas. À chaque sortie, il convient de proposer un nouveau parcours, une version différente de la découverte sans cesse renouvelée du territoire environnant.

C'est presque les yeux fermés que les randonneurs suivent leurs guides. S'ils leur font une confiance aveugle, ils n'en perdent pas pourtant leur langue, qui ne cesse de ne jamais user de son frein. Le marcheur qui se respecte parle autant qu'il marche. Pour aller d'un bon pas, il convient de toujours avoir un sujet de conversation sous la semelle.

La plupart du temps, les propos passent du coq à l'âne tout en affrontant dos d'âne et nids de poule, histoire sans doute de faire bonne mesure. Tout est prétexte à relancer le propos, à rebondir à la manière du chapeau de paille, paillasson quand un mot entraîne l'autre en coupant parfois l'herbe sous le pied du dialogue précédent.

Si le marcheur taille la route sans se détourner de son but, il en va tout autrement des thèmes abordés qui ne vont que très rarement jusqu'à leur point final. Les bifurcations langagières sont légion. Le moindre incident, le plus petit événement parasite et le propos prend le travers tandis que le groupe ne dévie pas d'un pouce.

Illustration 2

Ce sont là les mystères de cette activité dont les adeptes ne suivent leur chemin que de la semelle tandis qu'ils se font les champions de la circonlocution permanente. Bien malins ceux qui voudront résumer ou rendre compte des différents thèmes abordés durant le trajet. D'une part car les groupes ne cessent de se former et de se défaire tandis que les propos s'égarent plus souvent que leurs locuteurs.

La marche du temps est un sujet fort prisé d'autant plus que le plus souvent un groupe de randonneurs est composé majoritairement de retraités. C'est sans doute pour eux une manière d'aller de l'avant sans trop se retourner sur ce passé qui est bien plus dans leur dos que le circuit qu'ils parcourent.

Il est à noter que le rythme des palabres est inversement proportionnel à l'allure adoptée par les marcheurs. Plus la randonnée va vite, moins on converse. Ce phénomène s'inverse de manière impressionnante quand le pas est pesé, mesuré alors que les propos se refusent soudain à ces deux qualificatifs.

Certains prétendront alors que je suis mauvaise langue. Que nenni, je me permets simplement de reprendre au pied levé les observations que j'ai pu constater au fil de ces balades à travers Sologne, Val et forêt d'Orléans. Il est vrai que le manque de relief de notre terrain de jeu influence sans doute la nature même des propos tenus.

Une pente conséquente et la parole cesse soudainement de prendre la mauvaise pente afin que chacun garde son souffle pour surmonter l'épreuve. Il est donc certain que ces différentes constatations ne marchent pas parmi les groupes de randonneurs en altitude. Que ceux-ci acceptent mes plus plates excuses tandis que mes amis vont monter sur leurs grands chevaux à la lecture de ce billet.

Bernard Chotil - Les Randonneurs © Dièse bleu

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