Opération noms propres.
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Une nouvelle liste émerge sur le flanc droit de cette campagne où chacun s'évertue à se prétendre au centre de l'échiquier à défaut de nos préoccupations pour déborder une vieille garde qui campe de plus en plus à l'extrême de sa main dextre. Pour porter l'étendard en duo, histoire de se mettre à la page et servir ainsi la cité Johannique qui chose peu banale a décidé d'établir une liste sur la base de noms communs pour notre commune.
En tête de liste Caroline Janvier flanqué d'un Ludovic Bourreau tout feu tout flamme qui de sources sûres, ne vient pas de Rouen. À l'origine de cette curieuse association, l'envie d'établir une liste peu commune dans laquelle chaque patronyme serait également un nom commun, manière sans doute d'éviter la dérive des egos, de gens plutôt jeunes pour s'épargner celle des incontinents.
C'est madame Janvier, pour être certaine de ne pas être débordée par ses arrières qui eut l'idée de trouver onze autres postulants portant comme blase les mois de l'année. La chose n'est pas simple et suppose de faire une recherche qui assure une véritable diversité des profils. Pour parachever cette démarche et dans son désir de remettre les pendules à l'heure dans la ville ligérienne, les jours de la semaine seront également de la fête.
De son côté, son alter ego est plus embarrassé dans le choix du lexique. Pour montrer que pour sympathique qu'elle puisse être, cette liste restera dans la ligne sécuritaire qui plaît tant par ici. Il entend trouver des candidats aux doux noms prometteurs comme Potence, Échafaud, Guillotin, Pilori, Nœud Coulant, … On devine l'ampleur de la tâche.
À ce propos, Nœud Coulant serait en cas de victoire de cette liste dévolu à assurer tous les mariages. On ne peut trouver plus opportune association l'idée pour célébrer l'union de deux êtres. On voit là tout l'à propos de cette proposition qui sort véritablement de l'ordinaire. Nulle recherche de minorités d'aucune sorte mais des patronymes aux noms évocateurs pour favoriser la compréhension des citoyens quant aux attributions de chacun.
Ainsi Madame Cartable sera déléguée aux affaires scolaires, tandis que monsieur Estrade sera adjoint à la culture. Madame Poussin ira à la petite enfance et Monsieur Muscle au secteur sportif. On peut tout à loisir décliner les différentes attributions d'autant que les permanences iront aux mois de l'année et aux jours de la semaine. Par ailleurs, en cas de conflit ou de simple désaccord au sein de l'équipe, c'est Monsieur Bourreau qui tranchera.
Seul souci d'importance dans cette formation politique d'un nouveau genre, les prochaines élections municipales se tiendront en Mars, ce qui remet en cause la première place sur la liste de Madame Janvier. Ce petit inconvénient ne devrait néanmoins pas causer trop de problème pour les électeurs orléanais, habitués qu'ils sont à perdre la notion du temps quand arrive le mois de mai.
Dans les listes adverses on regarde déjà d'un mauvais œil les candidats dont le nom peut trouver refuge dans cette équipe en cas de fusion au second tour. Ainsi on surveille attentivement les comportements de Madame Ricard et de Monsieur Gabelle, tandis que Monsieur Grand s'interroge si ce principe de ralliement vaut aussi pour les adjectifs.
Il se murmure également que madame Tiffanie Rabault du rassemblement national songe à modifier l'orthographe de son nom pour pouvoir figurer le cas échéant dans cette liste au second tour. On se perd en conjectures dans cette bonne cité où toutes les rumeurs vont bon train, d'autant qu'une hypothèse jusqu'alors improbable évoque le possible retour du vieux lion : Jean Pierre Sueur dans la danse. Seul point délicat Sueur en Janvier cela peut sembler peu crédible même avec le réchauffement climatique.
Fort heureusement, en Orléans, nul n'y perd son latin, c'est du moins là l'essentiel tandis qu'à la préfecture, on a fait l'acquisition du Petit Robert pour contrôler la validité de cette liste étonnante.
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