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Billet de blog 10 mars 2012

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À fond la méforme.

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C'est comme le vélo ?

Dix ans, dix ans que je n'avais pas chaussé des skis de fond, dix ans que je ne cours plus après la gloire et ma condition physique. J'avais quelques inquiétudes à l'idée de reprendre ce contact avec l'effort. En bon hypocondriaque qui se respecte, j'avais sous la main un catalogue considérable de bonnes raisons de reculer devant l'obstacle.

Les antécédents familiaux sont bien commodes pour fixer une petite collection de maux intimes, de malaises potentiels qui ont déjà fait quelques moissons parmi les vôtres. Je n'échappai à la règle et me vis flanqué d'un cœur en fin de cycle, bon à jeter à la casse, le bonhomme avec. Il faut dire que depuis quelques années, j'ai le souffle court et que chaque essoufflement intempestif me fait mal au cœur.

J'ai consulté un cardiologue, espèce assez particulière de spécialiste qui ne se soucie pas de l'état de fragilité de sa clientèle en prenant dépassement conséquent à chaque visite. L'homme, qui avait sans doute des faux frais n'hésita pas ; trois rendez-vous pour autant d'examens différents et de surcoûts fastueux. Être potentiellement malade est un luxe de nos jours …

Mis à part un mauvais peu de cholestérol, héritage d'une gourmandise maladive et de quelques excès charcutiers et œnologiques, l'homme de l'art, malgré un électro-cardiogramme, une échographie et un test d'effort ne trouva rien à redire et me délesta de quelque menue monnaie mais d'aucun de mes kilogrammes en excédent. La vie est mal faite !

Ainsi, j'étais bon pour l'effort solitaire, je pouvais m'aventurer à nouveau sur les planches. J'espère que chaque vacancier ne pratique pas de la sorte ou il est urgent de supprimer les congés payés pour réduire le défit abyssal de la sécurité sociale. Remarquez, je lorgnais d'avantage vers les hauteurs enneigées que vers les gouffres marins …

Je vous ai narré mes premiers pas sur la neige. La prudence et la crainte me faisaient différer le retour à la case skating, effort conséquent pour celui qui est aussi élégant sur des  skis étroits qu'en tutu rose Je ne pouvais reculer, il me fallait accepter ce terrible principe de réalité que l'on nomme : « âge ! »

Les premiers pas avec l'engin diabolique ne faillirent pas se faire. J'en avais oublié jusqu'à la manière de fixer la chaussure à sa sécurité. J'avais bonne mine et fort heureusement, personne ne remarqua ma niaiserie. Je trouvais enfin l'astuce qu'un enfant n'eut pas même cherchée et pus me lancer dans mes premières glissades.

C'est exactement le mot qui convient. Cela tenait davantage de l'évolution d'un ivrogne au sortir d'une soirée alcoolisée que du geste gracile et efficace que m'offraient, comme un clin d'œil ironique et narquois, des bolides sveltes qui passaient près de moi. Je croisais mes skis, longs à vous rendre chèvre. Je me faisais crocs en jambes et frayeurs absurdes. J'étais pataud et grotesque et parfaitement inefficace.

Petit à petit pourtant, le corps retrouve trace en sa mémoire de gestes qui ne s'oublient pas. C'est comme le vélo, sauf que là, je n'avais pas de petites roulettes et que la piste avait la malencontreuse idée d'être fort glissante …

La première sortie fut pathétique au possible. Je n'étais qu'essoufflement et transpiration, épuisement et exaspération. Les quelques kilomètres que je fis me parurent longs comme un jour sans pain et chaque bosse devenait un mur infranchissable. C'est totalement épuisé que je remettais en doute le diagnostique exorbitant pourtant de mon cardiologue.

Le lendemain, j'osai la récidive, persuadé que j'allais encore me vautrer dans le ridicule. Curieusement, la nuit dut porter conseil, la sagesse ou le désir de ne plus passer pour un pantin désarticulé et dégoulinant de sueur me poussa à adopter stratégie plus calme et gestuellle plus coulée. Ce fut moins pire, si je peux me permettre l'expression mais il était temps de rendre le matériel et de m'en retourner chez moi.

C'est juré, je n'attendrai plus dix ans avant  que de renouveler l'expérience et oserai un peu plus faire confiance à ce vieux corps qui n'est pas encore hors d'usage.

Grotesquement vôtre.

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