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Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

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Billet de blog 10 juillet 2012

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Les mécomptes du conteur.

Dans le dur d'entrée.C'est à sept heures en ce petit matin incertain que je repris mon chemin par l' endroit où j'avais débuté ma remontée de la Loire. Je ne croisai pas de dames dans ma venelle à quatre sous, preuve que mes histoires ne sont parfois que des menteries. Je ne vis d'ailleurs personne de ceux que j'espérais sur ce premier pas, celui qui coûte le plus d'ailleurs !

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Dans le dur d'entrée.

C'est à sept heures en ce petit matin incertain que je repris mon chemin par l' endroit où j'avais débuté ma remontée de la Loire. Je ne croisai pas de dames dans ma venelle à quatre sous, preuve que mes histoires ne sont parfois que des menteries. Je ne vis d'ailleurs personne de ceux que j'espérais sur ce premier pas, celui qui coûte le plus d'ailleurs !

Orléans fut avalé comme une fleur. Les jambes en état et le temps pour l'heure se montrait Clément, un beau prénom qui lui va comme un gant. Puis les nuages s'amoncelèrent sur ma tête, la bruine me força à un premier arrêt, un petit vêtement de pluie ferait bien l'affaire. Les choses s'aggravèrent sans pour autant nécessiter la cape. Je fis appel à un brave homme qui couvrit mon sac, m'évitant ainsi de le poser une autre fois …

Puis, le ciel joua les chagrins. Cette fois, le grand poncho s'avéra indispensable. Je hélai un automobiliste qui passait au pas et qui fit semblant de ne pas me voir pour ne me venir en aide. C'est un intrépide cycliste, se jouant de la pluie qui me donna ce coup de main nécessaire pour que l'imperméable en forme de bâche couvre l'homme mais aussi le sac. Sitôt affublé de la sorte ou peu s'en faut la pluie cessa de m'importuner !

C'est quand même dans ce harnachement que je doublai trois marcheurs attiffés pareillement. Ils étaient pèlerins, venaient de Paris et allaient à Saint Jacques sur le chemin de la façade ouest. Jean Michel, Bernard et Odile marchait du pas lent de ceux qui font une démarche intérieure. Dans la discussion, j'appris que la femme du premier avait dû poser son baluchon, tenaillée par une sciatique traitresse. Nous discutâmes de chose et d'autres et je finis par leur promettre un conte à notre escale de Meung sur Loire.

Las, les pèlerins avaient sans doute préoccupations de plus haute importance. J'avais deviné à quelques propos que leur volonté était purement spirituelle. Les petites niaiseries d'un bonimenteur de Loire ne devaient pas coller au programme. Ils me firent gentiment faux bond, sans rien dire et c'est une cycliste en rade qui profita de l'aubaine : «  Il était une oie ... » Alain et Claude font la Loire en vélo, en tandem plus exactement. Le pédalier venait de céder et Alain était parti, grâce à un bon samaritain chercher son camping car à Orléans.

Je demandai naturellement des explications. La curiosité est le b-a-ba du raconteur d'histoire. Alain, le mari de Claude est un homme organisé. Il programme une série de trois ou quatre étapes, part poser le véhicule au terme de cette série et revient rejoindre Claude et le tandem en train. Voilà du bel ouvrage et une organisation que je n'aurai jamais. La dame délaissée provisoirement eut son histoire, manière agréable de passer le temps.

Ma gourde était vide, à Meung comme dans de nombreuses villes, il n'y a plus de point d'eau pour assouvir sa soif. Voilà un manquement embêtant quand on promeut la Loire à vélo. Le cycliste tout comme le marcheur fonctionnent à cet étrange carburant que l'on nomme eau. 

Un lundi à treize heures, tous les commerces étaient fermés et les habitants invisibles. Je sonnai à la dernière maison de la ville et Catherine m'ouvrit avec le sourire. Elle n'était pas surprise, la carence évoquée ici faisant d'elle, assez souvent, le point d'eau de la ville. Elle en profita pour me toucher deux mots du déplacement du banc de la Fontaine Saint Lyphare (qui ne fournit plus depuis longtemps son précieux liquide). Elle se plaignait qu'on (qui est On ?) ait pu mettre ce banc en plein soleil et dans un virage qui plus est qu'elle jugeait dangereux. Le message est passé !

Puis, juste avant Beaugency, ce sont deux épicuriens de la selle et de la Loire qui eurent leur récompense. Murielle et Jérôme prennent leur temps. Ils comptent rallier Orléans à Saint Nazaire en plus de temps que je n'espère le faire à pied. Il s'arrêtent souvent et je ne peux les en blâmer puisque ils ont écouté l'histoire du Pont de la ville. Je profitai de cette pause impromptue pour vérifier les nouvelles de la toile en particulier si un hébergement s'offrait à moi. Hélas, malgré le secours de France Bleu et des gars de la Loire, je ne voyais rien venir.

J'essuyai même rebuffade du camping et du syndicat d'initiative. Il n'est pas bon de proposer animation impromptue. Qu'importe, je décidai alors de quitter la ville des chats qui ne m'avait pas fait patte de velours ! J'allais la quitter pour un hypothétique point de chute à Tavers. Je croisai alors un autre cycliste. Ils sont de plus en plus nombreux et nous discutâmes longuement de tout et de Loire. Je lui promis un coup à boire au Girouet de l'ami Bertrand, c'est pourquoi je tairai son prénom de sorte que tous les amuse-bouillons ne passent pas se faire rincer chez lui !

Je terminai mon chemin par une erreur de balistique, habituelle chez moi. Il est vrai que lorsqu'on longe le Fleuve, les villages par côté ne sont pas indiqués. Je visais Tavers et j'ai eu Lestiou, 3 kilomètres plus loin. Village sans cabine téléphonique en état de marche ce qui devient une triste habitude et sans aucun hébergement. Heureusement, une bonne âme charitable me prit en pitié à me conduisit à rebours vers Tavers. Là, je payai cash mon comportement de bonimenteur, et dû trouver une chambre dans l'auberge du Tonnelier où l'accueil fut très agréable.

Demain, en route vers Blois ou j'espère trouver cette fois un endroit pour être reçu contre quelques histoires de Loire. L'aventure ne fait que débuter. À suivre …

Rancunièrement mien

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