Le colloque des rayons.

Récit en roue libre

Au colloque des rayons, c'est un peu comme à la Samaritaine, on y trouve de tout ce qui, avouons le, n'est pas sans risque d'autant plus que certains se présentent masqués et restent anonymes : on les appelle les rayons X. D'autres tout au contraire irradient certes mais de manière plaisante et bénéfique pour peu qu'on n'en abuse pas. Ils sont solaires ce qui en fait la crème de la réunion.

Certains tournent en rond c'est d'ailleurs ce qui fait dire à leurs collègues qu'ils sont déjantés. Ils travaillent à la chaîne pour un rendement qui dépend de leur état de forme. Il y a depuis peu, dans cette catégorie, des rayons assistés qui bénéficient d'une aide extérieure. Entre les uns et les autres, un climat électrique s'est instauré.

Il y encore une famille inclassable en dépit des apparences. On les range à longueur de temps le long de couloirs très passagers ou bien dans des salles qui ne livrent leurs trésors qu'aux initiés et abonnés. Pour les plus nombreux, c'est avec un caddy qu'on se permet de leur mettre la main dessus pour faire des emplettes tandis que les autres se font parfois la jaquette quand un de leurs hôtes reçoit un prix.

Au centre, entouré d'un périmètre de sécurité dont le diamètre se calcule par dépit, demeure celui qui a le compas dans l'œil de son cycle One. Premier en géométrie, il fait souvent le cirque, se permettant d'amuser le cercle des initiés. Quand il prend la tangente, il va se distraire en tirant à l'arc au cœur de sa propre cible.

Certains se piquent de faire leur miel en se tapant la ruche. Ceux-là sont saisonniers mais ne sentent pas toujours la rose. Ils se sucrent souvent au passage comme leurs collègues qui sévissent dans les grandes surfaces même si à la différence de ces derniers, les produits alimentaires de la grande distribution mettent souvent leur production. Ils ont le bourdon quand ils ne parviennent pas à essaimer ou à polliniser.

D'autres rayons sont plus confidentiels et réservés à des spécialités qui demanderaient trop d'explications pour leur accorder le droit à la parole. Ils se contentent d'assister aux travaux de ce colloque qui a pour but de délimiter le champ d'action de chacune des catégories de rayons qui se trouvent représentées ici. Des observateurs sont tolérés à ce symposium à la condition de connaître personnellement un rayon.

Pour distraire les congressistes, à la fin de chaque réunion de travail des artistes circassiens font la roue, tandis que des musiciens invitent les participants à participer à des rondes, des rondeaux, des an-dros et autres danses en cercle. Des séances de cinéma sont également au programme avec les films : Le rayon vert, le cercle rouge, un chef de rayon explosif ou le cercle des poètes disparus.

Le rayonnement de ce colloque a dépassé largement les limites de notre planète puisque de sources autorisées, il est permis de croire qu'il a atteint une dimension cosmique au point que des spécialistes sont venus radiographier les participants pour comprendre les mécanismes de cet étrange phénomène irradiant.

Hélas, comme dans toutes assemblées de ce type, nous ne sommes jamais à l'abri du scandale et des affaires douteuses ou scabreuses. Des rayons auraient été abusés et ce, à maintes reprises. La presse a d'ailleurs titré : « Des rayons ultra violés ! » tandis que les enquêteurs seraient à la recherche d'un cercle vicieux. On se perd en conjecture d'autant plus que les journaux, refusant de changer de disque, tournent en boucle sur ce déplorable incident qui jette une ombre sur ce colloque.