On ne fait pas d’omelette sans en casser.
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Chantre de la démocratie sans jamais avoir été élu en son nom propre, à l'imitation de son compère, l'actuel Président de la République, il entend prendre la succession en suivant la même voie royale, celle qui vous évite de vous confronter au peuple et à ses pauvres obligations que sont le travail et les difficultés du quotidien. Pourtant, ce haut personnage de la sphère médiatique ne supporte en rien l'ire d'un citoyen qui laisse exprimer son dégoût tout autant que sa défiance.
C'est ainsi que ce chef de l'État putatif a reçu terrible offense sous la forme d'un œuf lancé sur son occiput royal. La chose relève à n'en point douter du crime de lèse-majesté, qu'il convient prestement de rétablir, et le coupable mériterait le supplice de la roue si la justice n'était pas aussi bienveillante avec la canaille, pourvu que celle-ci ne fut pas financière. Il est bon de rétablir les véritables valeurs dans une nation qui a perdu le sens de l'honneur et de la patrie.
Examinons cependant les chefs d'accusation avant pour le moins de clouer au pilori ce fauteur de trouble avant qu'une révision du code juridique le conduise à l’échafaud. Quel a donc été ce crime totalement imprescriptible au regard de la personnalité de l'offensé ? N'exagérons cependant pas puisqu'il ne peut rentrer dans le champ du crime contre l'humanité, sa cible en étant hélas totalement dépourvue.
En premier chef d'inculpation retenons l'outrage manifeste et volontaire puisqu'au lieu d'envoyer une tarte à la crème, couverte d'une Chantilly bien de chez nous, l'odieux personnage a lancé un œuf qui comme chacun sait est constitué de deux liquides distincts. Recevant cette offrande, la cible se serait du reste écrié : « Le Blanc passe encore, mais le Jaune, quelle honte ! » L'enquête ne se limite pas à cette simple constatation.
La future qualité de l'outragé a conduit la justice à pousser plus loin des investigations. Le projectile n'était en rien un œuf basique issu d'une poule blanche française, ce qui aurait conduit peut-être le parquet à passer l'éponge. Après vérification de sa traçabilité, il s'avère que c'était un œuf de cane de barbarie. Il est clair que le message est de nature raciste ou pour le moins hautement symbolique.
L'enquête relève de plus que ce n'était pas un œuf frais et qu'il avait même largement dépassé la date de fraîcheur. Il convient de retenir ce point pour ajouter l'inculpation de tentative d’empoisonnement, chef d'accusation qui vaudra la peine de mort une fois que le pauvre offensé aura gagné les élections.
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D'autre part, l'œuf en question avait été fécondé par un canard. Il était porteur d'un embryon en devenir, ce qui évidemment a provoqué un grand émoi parmi les défenseurs de la vie, intégristes à la plume d'ange. Des mouvements intégristes exigent même du saint siège l'excommunication de ce personnage qui n'échappera pas à la damnation éternelle.
En parallèle avec cette sordide et pitoyable affaire, il se murmure parmi les proches de l'outragé que des journalistes issus d'organes de presse douteux et pourquoi pas le dire, inféodés aux services publics de l'information, auraient été aperçus en train de ramasser les coquilles. On sait ce dont est capable un journaliste véreux avec des coquilles et il est urgent d'organiser des perquisitions et que l'on prononce des fermetures administratives définitives le cas échéant.
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Dans les milieux proches du pouvoir, il serait fort apprécié que ce pauvre garçon soit promu à l'ordre national de la Légion d'honneur pour s'être ainsi trouvé courageusement sous le feu de l'ennemi idéologique. Enfin, la droite française entend profiter de cet attentat pour créer une nouvelle récompense, une médaille de l'ordre Guillaume Tell dont il serait le premier récipiendaire afin de valider définitivement l'entrée de son parti dans l'Arc Républicain.
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