La corde sensible

Le trophée Guillaume Tell.

Les fines gâchettes de la droite qui se pensent encore républicaines, viennent soudainement de changer non pas de fusil d'épaule mais plus exactement d'arme. Soucieux de préserver l'environnement sonore, ils abandonnent le tir à vue bruyant pour bander en meilleure compagnie et faire feu de tous bois. La politique nationale se met au tir à l'arc en jouant sur une curieuse corde, sensible jusqu'alors.

L'arc serait donc leur nouveau cheval de Troie. Une manière astucieuse de tendre une corde pour tirer à vue sur ceux qui n'appartiendraient pas à cette redoutable arme qui pour assurer la létalité de la chose, serait munie de flèches au curare. Nos braves archers néophytes ignorent sans doute les lois de la géométrie et de la balistique. Il serait bon de leur mettre les points sur les « i ».

Mettre en place le trophée Guillaume Tell pour réunir toutes les insensibilités de la droite c'est faire peu de cas de l'héritage de leur cher mangeur de pommes, Jacques Chirac, qui a toujours repoussé cette trahison. C'est encore faire fi des leçons de l'histoire et des remugles émanant de cette composante du fascisme national. Mais là ne réside pas l'incohérence de cet élément de langage.

Il convient de rappeler quelques évidences à ces preux chevaliers de l'ordre et de la réaction. L'arc est une arme de trait destinée à lancer des flèches. Déjà là, ils se trouvent en difficulté puisqu'en dehors des éléments de langage, ces tristes individus sont incapables de saillies et de traits d'humour. Leurs flèches sont simplement vénéneuses.

La pièce courbe qui va emmagasiner l'énergie et permettre de restituer l'énergie qu'une corde tendue, suppose une symétrie parfaite des deux extrémités, ce qui ne semble être nullement le cas dans ce fameux arc républicain qui faute d'un tel équilibre, sera incapable de remplir sa mission. Il est vrai que nos politiciens sont plus sûrement des cibles que des flèches.

Les flèches, pour fendre l'air sont équipées en l'une de leur extrémité de plumes d'oiseaux. Les beaux merles de la dialectique sans rapport avec le réel sont suffisamment de drôles d'oiseaux pour que l'on puisse leur faire crédit sur ce point. Ils savent de quoi ils parlent sans pour autant être en mesure de se déplumer pour assurer l'intendance.

Quant à la pointe, dans cette nation à bout de souffle, il est fort probable que l'on n'en trouve qu'émoussée et d'un mauvais métal ce qui ne facilitera pas l'action d'archers qui ne valent guère mieux. Si la tension est leur point fort, elle se passe aisément de la force musculaire pour l'obtenir. Il ne s'agit que d'agitations verbales sans véritables effets.

Si l’allusion à cette arme peut valoir métaphore, elle puise ses racines dans des héros de la littérature qui n'ont strictement rien à voir avec les canailles qui en font référence. Peut-on imaginer le plus petit point commun entre Guillaume Tell ou Robin des bois et les sieurs Sarkozy et Retaillaud ? Nulle empathie pour le petit peuple chez ces représentants de la grande Bourgeoisie et du Capital.

Les cordes qui aujourd'hui sont faites de matériaux synthétiques conviendraient parfaitement à ces personnages si éloignés de la nature. S'ils avaient l'intention de revenir à la tradition, les tendons et les boyaux risqueraient fort de leur imposer de montrer ce qu'ils ont dans le ventre, c'est à dire pas grand-chose. Quant au lin et au chanvre, à moins que ce ne soit l'ortie, ils en ignorent l'existence puisqu'ils excluent les écologistes de leur Arc Républicain.

On peut mesurer au terme de cet exposé, combien ces beaux parleurs ignorent une fois encore tout du sujet évoqué. C'est bien ce qui les rapproche de ceux qu'ils entendent réunir à leur club de tireur d'élite.