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Billet de blog 14 juillet 2012

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Le bonimenteur sur une jambe

Jour de Pluie ... De Montlouis à Tours il n'y a qu'une douzaine de kilomètres, de quoi reposer un peu la mécanique vieillissante. Le chemin retrouve avec bonheur ce fleuve qu'il n'aurait jamais dû quitter. Je supporte vaille que vaille les eaux du ciel quand le fleuve coule à deux pas de moi.

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Jour de Pluie ...

De Montlouis à Tours il n'y a qu'une douzaine de kilomètres, de quoi reposer un peu la mécanique vieillissante. Le chemin retrouve avec bonheur ce fleuve qu'il n'aurait jamais dû quitter. Je supporte vaille que vaille les eaux du ciel quand le fleuve coule à deux pas de moi.

Je fais même un détour pour goûter aux merveilles de l'Île de la Métairie et ses chemins à ne plus savoir où vous êtes. Un magnifique aménagement du conseil général d'Indre et Loire qui devrait réjouir bien des cyclistes s'ils prenaient le temps de son détour. J'ai flâné, admiré, mouillé mes chaussures et réjoui mes yeux ; on ne peut tout avoir …

Puis ce fut Tours et son train de bateau du pont Wilson. Il n'y avait personne à mon arrivée et le ciel bouché me poussa à prendre refuge à l'auberge de jeunesse ( appellation bien flatteuse pour moi). Une petite sieste réparatrice plus tard, je retournai à la rencontre d'un vrai marinier de Loire.

Alain est un pur, un intransigeant qui ne pardonne rien à ceux qui ne respectent pas sa Loire. Il commença par maugréer contre tous ces riverains en goguette qui jettent à l'eau leur sales mégots. Lui, il joint le geste à l'opinion et chaque jour, il ramasse une centaine de ces détritus immondes, rejets naturels pour les fumeurs inconscients. « Un mégot pollue 600 mètres cubes de rivière, comment leur expliquer ? »

Il croit d'ailleurs qu'il n'y a rien à expliquer avec ces cannettes jetées à la mer, en signe de détresse éducative pour ces jeunes gens qui viennent s'alcooliser dans la plus totale démesure auprès d'une Loire qui n'est que leur poubelle. Et son embarcadère se trouve parfois jonché de tessons dangereux et indignes. Ce phénomène n'est hélas pas propre à Tours, je connais une autre ville ligérienne où curieusement les débordements viennent, là aussi, de terre …

Puis Alain abandonne ses récriminations sans effets. « Il en est désormais ainsi, on ne respecte plus rien surtout quand on se retrouve dans la force imbécile d'un groupe ! ». Il préfère évoquer cette Loire qu'il connait parfaitement, intimement. Il décrit l'action de la vague, les contre-courants, les effets de remplissage d'un bassin, le reflux quand il est plein, le jeu du sable et des cailloux … Il ne s'arrête pas, la Loire n'est finalement plus un puissant mouvement d'eau uniforme mais un être vivant aux variations permanentes !

Je laisse l'homme à ses bateaux pour pousser la porte d'une librairie, proche du fleuve. Son nom avait attiré ma curiosité à mon arrivée, cette fois « Lire au jardin » était ouverte ! Un vrai libraire jardinier tenait boutique. Nous parlâmes de tout et jamais de rien, nous trouvâmes bien des terrains d'entente même si, sur la Loire, notre bouquiniste n'avait rien à me dire.

Je passai là un moment délicieux à deviser. Je n'avais nullement l'intention d'acheter un livre qui viendrait hélas alourdir ma besace, il n'avait pas plus l'envie de me faire l'article. Une conversation gratuite, un échange qui vous remplit votre journée, un plaisir simple comme cette belle profession en danger sait le faire. Si vous passez par Tours, allez-donc lire au jardin !

En rentrant en mon refuge, je trouvai un message, un commentaire d'un lecteur inconnu mais habitant Tours. Je vous propose le gîte et le couvert si vous passez par chez moi. Je lui répondis bien vite que si j'avais trouvé un toit, je serais volontiers d'une table pour un ventre affamé qui n'avait pas peur de disposer d'oreilles !

Je ne sais si le miracle aura lieu. Je suis un marcheur sans téléphone, ce qui complique à plaisir la possibilité d'un rendez-vous. On doit s'octroyer quelques obstacles pour avoir matière à raconter. Je vous laisse sur votre faim et, rassurez-vous, aussi la mienne !

Chroniquement leur.

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