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Billet de blog 14 octobre 2025

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Au pin sec et à l'eau pure…

Un conte pour une conférence

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Les mésaventures de Pollux.

Au pin sec et à l'eau pure © C'est Nabum

Un castor coulait des jours heureux au bord de sa rivière, feignant d'ignorer tous les périls qui le menaçaient. Il avait une épouse adorable, de beaux enfants qu'il couvait d'un regard bienveillant jusqu'à ce qu’il les invite à tenter l'aventure de la vie sur un autre rivage. Chaque fois, cela donnait lieu à des adieux déchirants, mais ainsi va la vie de ces magnifiques rongeurs.

Castor ne se doutait pas que son existence allait basculer par un curieux concours de circonstances que je vais tenter de vous décrire par le menu. Notre ami, que l'état civil castorien, par ironie sans doute, avait prénommé Pollux allait traverser d'étranges turbulences. Tout commença quand son épouse à quelques heures de donner naissance à une nouvelle portée lui demanda d'aller chercher du bouleau.

Pollux qui jusqu'alors avait toujours satisfait aux besoins des siens ne comprit pas cette surprenante requête. Non seulement il ne voyait pas pourquoi il devait modifier sa manière de gagner sa pitance mais de plus, il ignorait qu'il fut possible de se rendre à Pôle Emploi pour ceux de son espèce. Il est vrai que l'orthographe n'était pas son fort ce qui explique sans nul doute la confusion qui infléchit le cours de son existence.

Sans demander son reste, il prit ses cliques et ses claques et s'en alla courir la rivière à la recherche d'un emploi dans ses cordes. Il faut bien avouer qu'il disposait de compétences techniques difficiles à exploiter sur le marché du travail. Sur les dents, il pensa qu'il lui faudrait faire preuve d'agressivité pour s'imposer ainsi.

Mais sans lettre de motivation, à chaque endroit il devait faire d'interminables queues pour tenter d'effectuer une candidature spontanée. Il ne fut pas toujours bien reçu, c'est le moins qu'on puisse dire et à chaque endroit, on lui demandait de faire ses preuves. Las de cette rengaine, il se mit à l'ouvrage en s'attaquant aux chênes qui encerclaient le marché de l'emploi.

La réaction fut immédiate. Les employeurs trouvèrent qu'il manquait de charme et qu'il était impossible d'hêtre sans avoir étêté. Il était pourtant français de souche puisque sa présence sur le territoire remontait à huit millions d'années. La préférence nationale ne jouait guère en sa faveur, il en fut bien peiné.

Pour sortir du tunnel, il décida de changer de terrier, demandant aux siens de le suivre dans cette nouvelle aventure. Il lui fallait se jeter à l'eau, adopter une attitude plus agressive pour convaincre un éventuel employeur. Sortir du bois pour changer de filière, voilà une idée qui ne manquait pas d'allure. Pour son malheur, il se tourna vers l'industrie textile.

On lui fit immédiatement les yeux doux, le caressant dans le sens du poil. Il eut le pressentiment qu'on voulait lui faire la peau et fort opportunément prit ses jambes à son cou. Il se tourna vers l'industrie pharmaceutique, une très mauvaise idée vu les antécédents de ceux de son espèce. Il en eut des maux de tête ce qui lui mit la puce à l'oreille. Il ne laissa ni sa carte de visite ni son castoréum dans la place.

Il voulut faire un temps équipe avec le Grand Saint Nicolas prétendant qu'il était plus à même d'effrayer les enfants que le pauvre père fouettard. Sa queue constituait un argument tout aussi frappant que contondant pour remettre dans le droit chemin, des générations de bambins qui n'en faisaient plus qu'à leur tête. Une suggestion sans queue ni tête lui répliqua le Saint homme.

Contrarié, il voulut lui démontrer le potentiel de cet étrange appendice qui allait à son train. Il en usa sans ménagement sur le brave évêque de Myre qui mauvais joueur porta plainte. Las de ses frasques, la justice mis aux arrêts le pauvre Pollux qui fut immédiatement condamné au Pin sec et à l'eau pure. Il dépérissait à vue d'œil jusqu'à ce que l'opinion publique s'émeuve de son sort. Les citoyens réclamèrent pour lui le retour au droit du saule et c'est ainsi qu'il retrouva sa chère rivière sans plus se faire de mauvais sang.

Illustration 2

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