Entre Rimarde et Essonne.

Sans mettre nos godillots au bord de l'œuf.

En ce jeudi 9 octobre, dix-huit randonneurs sullylois osèrent affronter le bassin versant de la Seine en logeant deux de ses affluents. C'est en face de l'église de La Neuville-sur-Essonne qu'ils se donnèrent rendez-vous, en ce petit matin préservé du mauvais temps. Située à l'extrémité du Loiret, elle ouvre le bal du Gâtinais, terme qui renvoie au vieux françois Gast qui signifie mauvaise terre. Nul doute que nos amis randonneurs constatèrent en longeant les grandes fermes et les belles demeures que la terre n'était pas de cette nature en cette contrée et il convient de préciser que c'est le Gâtinais riche qui s'en vient tutoyer la plaine de Beauce.

Le nombre de magnifiques moulins qu'ils croisèrent attestèrent l'opulence d’une région qui se love contre des cours d'eau : l'Essonne, la Rimarde et l'Œuf qui ont façonné son terroir avec un léger relief qui surprend toujours ceux qui marchent habituellement en Val de Loire. Une voie romaine et un tumulus attestent d'une longue présence humaine que confirment les vestiges de châteaux forts qui subirent les avanies de la guerre de cent ans et des soubresauts de la Ligue et des conflits religieux.

Par la suite, de belles et riches demeures vinrent s'établir dans cette zone et chacun peut admirer à distance le Château de Bouville, propriété d'un avocat de Metz qui rêvait de se faire châtelain. Chacun son rêve et ses désirs en fonction de ses moyens tandis que nos amis marcheurs se seraient contentés d'un moulin à eau à la toiture de chaume, flanqué d'un lavoir.

Pour aborder la suite du programme, après un parcours agréable bien qu'il fut assez boueux, nos courageux auraient pu s'abreuver à la fontaine miraculeuse de Saint Amand, quoique les vertus médicinales des eaux de la Neuville se sont perdues dans les mémoires. Nul doute qu'il faudrait remonter à la période pré-chrétienne pour en savoir plus.

Revenus au point de départ en longeant les jardins du théâtre des minuits. Depuis 2016 des travaux sont entrepris pour restaurer ce site d'excellence de la Route de la Rose du Loiret. Sur les terres d'un ancien château, ce n'est pas un jardin comme les autres ! Grande prairie, forêt interdite, potager cramoisi, vergers suspendus, clairières... et le magnifique conservatoire, conçu par le célèbre rosiériste André Eve, de plus de 200 rosiers. Le château des Deux Tours date des XIIIème et XVème siècles et constitue un lieu de vie, de création et de représentation d'une troupe Théâtrale.

Avant de repartir, chacun put admirer l'Eglise Saint-Amand Saint-Sulpice qui se dresse ici depuis près de dix siècles. La nef rectangulaire contre laquelle s'appuie le clocher du côté Sud n'a jamais été voûtée. Elle est la partie la plus ancienne (XIIème s.) de l'édifice qui a gardé intact son beau portail roman.

Il fallait se résoudre à quitter ce charmant village pour rejoindre la seconde étape de cette sortie culturelle sans oublier les nourritures terrestres, ça va de soi. Il fallut différer cependant l'arrivée au restaurant pour mener une chasse au téléphone volant, une facétie concoctée par Thierry : animateur hors pair, qui n'hésite nullement à mette en péril son matériel pour distraire les troupes.

Après un repas de qualité, le musée de la Shoah constitua le point d'orgue de cette journée avec une présentation passionnante d'une animatrice qui sut restituer le drame qui se déroula à Pithiviers, comme à Beaune-la-Rolande et Jargeau dans notre département. De l'ancienne gare de la ville qui fut le point d'arrivée et de départ des malheureux qui furent les victimes d'une histoire qui nous appartient de ne jamais oublier, le groupe se rendit à l'emplacement du camp puis se recueillit devant les stèles qui évoquèrent les noms de ceux qui partirent vers les camps de la mort.

En dépit de la gravité de cette visite, chacun apprécia cette journée, riche d'une diversité et d'un apport culturel et historique dont tous les participants se félicitèrent. Il convient de remercier les organisateurs d'avoir pensé un tel programme.