Comment enterrer une avancée philosophique.

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Je crains que le Panthéon pour Robert Badinter soit une manière fort adroite d'enterrer le combat d'un homme qui a consacré son existence professionnelle à s'opposer à la peine de mort. Il est à ce titre paradoxal que le Président actuel qui fait tout son possible pour amener au pouvoir un parti favorable au retour de cette ignominie soit en même temps le fossoyeur de l'œuvre d'une vie et celui qui prépare le terrain pour le rétablissement de la peine de mort.
Il ne faut pas se leurrer. Le vent mauvais qui souffle sur le pays s'accompagne d'un terrifiant retour de cette sentence dans l'esprit des braves gens qui subissent le lavage de cerveaux des médias à la solde de Bolloré pour dérouler le tapis rouge au parti de la haine, du populisme et de la réaction la plus rétrograde.
Les sondages sont formels, le climat de peur et d'insécurité largement fomenté par les Cassandre médiatiques porte ses fruits vénéneux. La France a peur, la France réclame une reprise en main ferme pour rétablir la sécurité et la tranquillité des braves gens. Assommés de mauvaises nouvelles, gavés de fait divers scabreux, nourris de discours virulents, les électeurs du Rassemblement National seront les futurs hystériques qui crieront : « À mort ! » accrochés aux grilles des Palais de justice…
Ils seront loin les discours de Badinter ou de Victor Hugo et nos deux grands hommes pourront bien se retourner dans leur catafalque, les furieux rétabliront cette mesure qui flatte les plus bas instincts des humains. Une mesure qui nous pend au nez pour dire sans vergogne :« Nous vous avons compris ! » tandis que toutes les mesures économiques iront dans le sens du patronat.
Car il ne faut pas s'y tromper, cette volonté sécuritaire n'est que de la poudre aux yeux promise par des justiciables parmi les plus retors dans un monde politique où l’honnêteté et la probité ne sont pas de mise. Le conditionnement fonctionne à plein régime, toutes les pudeurs tombent pour revendiquer haut et fort son racisme et sa volonté de revenir à la loi du Talion comme si la Charia servait de modèle à cette vague mortifère.
Pendant ce temps-là, le Président poursuit son travail de sape pour faciliter cette terrible Réaction qui favorisera ses amis des Grandes Fortunes. Il a cassé notre tissu industriel, il a vendu les bijoux du pays, il a ruiné les finances et pour parachever son œuvre nuisible, il prépare l'avènement de cette fange qui effacera la devise de la République.
Alors, dans un tel contexte, l'entrée au Panthéon de Robert Badinter sonne comme le glas de nos libertés et de nos valeurs. Au lieu de se réjouir et de proposer des rétrospectives sur son existence et de son héritage législatif, il eut été préférable de mettre en garde sur la fragilité de ces acquis, sur le danger qui menace les valeurs humanistes que le garde des sceaux a mises en avant.
Mais pour cela, il faudrait dans les allées du pouvoir, des hommes et des femmes d'état, capables de défendre des idées contre cet hydre terrifiant que l'on nomme l'opinion publique. Ceux-là préfèrent aller dans le sens du vent mauvais pour conserver leurs avantages et leurs places. Ils n'ont aucune dignité et aucun principe moral. Alors, la cérémonie terminée, sans vergogne, ils reprendront leurs rengaines qui aboutiront inévitablement au rétablissement de la peine de mort et à l'avènement du fascisme en France.
Car ne nous y trompons pas, il est bien question de cette effroyable doctrine qui fit tant de mal par le passé et qui renaît une fois encore de ses cendres en se donnant des allures de respectabilité et de démocratie. Robert Badinter ne se serait pas fourvoyé contrairement à cette hideuse cohorte de parasites sociaux.

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