Le cercle des boulistes Semeyens.
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Les pratiques évoluent plus vite que ma capacité à les prendre toutes en compte et c'est avec une immense surprise que j'ai découvert que pour jouer à la pétanque il fallait désormais user d'un cerceau pour se tanquer les petits petons dans un étrange cerceau plat. Ainsi donc, il n'y avait plus aucune raison d'user la pointe de ses chaussures pour tracer au sol cet arc de cercle qui permettait dans bien des cas, les débords les plus douteux.
Si l'usage de la chose facilite largement le contrôle de la position du pointeur ou du tireur, il faut néanmoins s'interroger sur l'utilisation qu'on peut en faire dans les diverses situations qu'offrent une partie de pétanque. En tout premier lieu, peut-on affirmer que le bouchon et le cerceau font bon ménage ? Si tel est le cas, nous aurions donc affaire à des cercles de barriques, recyclés pour les besoins de cette pratique sportive.
Si le pointeur pose délicatement ses pieds dans le fameux cercle, qu'en est-il du tireur qui peut aisément le prendre pour une cible ? Il apparaît clairement que les parties voisines sont en droit de craindre une erreur de frappe et que les joueurs doivent se tenir à carreau quand l'artificier se met en position de tir.
Autre point délicat avec l'usage du cerceau, le pointeur qui s'accroupit pour effectuer un lancer de précision sans plomber l'atmosphère. Si ses genoux sortent du cercle prescrit, son jet demeure-t-il valable ? Il se peut que le fameux cerceau ne délimite que la position des pieds, ce qui annule alors tout risque de réclamation pour des débordements de quelque nature que ce soit.
En cas de victoire, les vainqueurs doivent-ils faire une ronde autour du cerceau avant que de jouer à la Lune pour célébrer leur triomphe ? Si le score est de 13 à 0, l'usage ancestral qui consistait à embrasser Fannie a-t-il trouvé son corollaire dans une partie de hula-hoop endiablée ? Je n'ai pas encore observé la chose.
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Le cerceau indique-t-il que l'inscription dans un club de pétanque est une prise de risque pour le néophyte qui se retrouve dans une forme d'engrenage, un cercle vicieux qui va lui manger tout son temps tant cette pratique est chronophage. Dans pareil cas, il pourrait bien avoir les boules quand, rentrant à la maison, sa mégère a pris les devants en emportant ses cliques et ses claques.
Au-delà de ses préoccupations purement pratiques, se pose encore un problème plus complexe pour les associations et les clubs pratiquant la pétanque. Comment agrandir le cercle de leurs adhérents sans modifier le rayon d'action du fameux cerceau ? Il semble que son diamètre soit défini réglementairement et voir plus grand, risque fort de déroger aux principes du jeu.
J'ai également remarqué que l'usage du mètre pour vérifier quelle boule est la plus proche du cochonnet s'est considérablement généralisé sur les terrains. Autrefois, les joueurs avaient le compas dans l'œil et étaient capable d'estimer au jugé sans risque d'erreur. L'usage du cercle a sans doute mis en danger ceux qui avaient à la fois, bon pied, bon œil. Mais là, je risque d'extrapoler quelque peu et de viser à côté.
D'un point de vue strictement pratique, le déplacement du cerceau à la fin de la mène pour le porter à hauteur du cochonnet de la partie précédente, exige du dernier joueur un effort pour le ramasser, alors que la plupart des pratiquants usent de l'aimant pour faire venir à eux leurs boules sans la moindre génuflexion. J'ai cru observer des cerceaux disposant d'un cercle métallique pour éviter cet inconvénient et j'ai même observé des bouchons qui se ramassaient de la même manière. Ce n'est certes pas là ce qu'on peut qualifier de cercle vertueux.
J'ai malgré tout rempli mon contrat en parvenant au terme de cet exercice d'écriture, à évoquer le cerceau de pétanque de long en large si les géomètres m'autorisent cette formulation.
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