Il aurait dû se prénommer Jules !
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Il fut jadis un rituel sous la monarchie qui en cette époque curieuse était considéré comme un privilège. Lors du coucher du Roi, des gentilshommes avaient l'immense honneur de présenter le pot à sa majesté, laquelle consentait à abandonner le trône pour la chaise percée. Les temps changent et désormais, ceux qui se prétendent appartenir à l'élite de cette nation, vont gentiment au Praud tous les soirs.
Devant un auditoire toujours plus nombreux (la démagogie et la vulgarité ont toujours du succès), des dignitaires viennent vider en public ce qu'ils ont dans les entrailles bien plus que sin cœur dont ils ignorent la fonction. Sans pudeur aucune, les pensées excrémentielles sont proférées dans un langage tenu pour donner l'illusion que tout ceci est parfaitement maîtrisé. Pourtant le bruit et les odeurs ne trompent pas, nous pénétrons là dans les égouts de cette future République à laquelle aspirent tous ces trous du c...
Tous ceux qui comptent dans l'univers politique et qui n'entendent plus se retenir, passent vider leur sac d'immondices sous les yeux hypnotisés de malheureux téléspectateurs qui fort heureusement pour eux perçoivent l'image et le son mais jamais l'odeur. Les miasmes de ce plateau sont tels du reste qu'ils ont attiré le petit coq à lunettes de la ruralité qui a délaissé son tas de fumier pour ce plateau télé de haute tenue.
On y déverse des tombereaux d'insanités, dans une diarrhée verbale intarissable sous la conduite d'un animateur qui se plaît à avoir les quatre membres dans la fange. Nous sommes bien loin du journal télévisé d'antan. Ici c'est l'arrière-cour de la politique, les bas-fonds de la réflexion, le dépotoir des aigris et des factieux, les latrines du nationalisme dégoulinant tout ça sous la houlette d'un milliardaire qui contredit l'aphorisme qui prétend que l'argent n'a pas d'odeur.
En ce lieu d'aisance verbale, le sillon est merdeux, le discours nauséabond, les invités ont dans la bouche ce qu'ils pourraient tout à fait évacuer ailleurs, cet ailleurs qui est si bien symbolisé par Praud, le suppôt de chambre (si faire de l'humour était permis dans cet aréopage qui ne fleure pas la lavande ou bien la fraîcheur des pins).
On s'y déverse, on y vide sa bile et ses mauvaises humeurs, on y défèque complaisamment, au vu et au su de tous, tout en servant ce qu'ils prétendent être la soupe, à la partie de la résurgence scabreuse des latrines de l'histoire du XX° siècle. Et le Praud de s'ouvrir à tous ces propos, d’accueillir à bras ouverts ces formules tout juste digérées de la plus insidieuse pensée de la scatologie qui se prétend politique.
Ici il n'y a d'extrême que dans l'autre camp, celui de la main senestre, celle qui torche le diable et cette bête immonde qu'on nomme indifféremment : communisme, bolchévisme, écologie, collectivisme, assistanat, communautarisme, … j'en passe et des meilleurs. Pour eux, seul le capitalisme sauvage, celui qui détruit la planète est la solution à l'épanouissement d'un peuple sous le joug et l'asservissement.
C'est précisément sur un lieu d'aisance que je libère mon dégoût pour ce que ces égoutiers font de la communication, de l'information et du débat. Une certaine forme de convergence sémantique me rapproche soudain d'eux. Je peux plus aisément libérer ma colère, évacuer mes ressentiments, dégager ma dégoûtation pour cette conception de la démocratie qui préfigure les futurs édicules de basses fosses dans lesquelles cette cohorte de serviteurs de la bête immonde, entend bâillonner tous ceux qui peuvent encore conchier cette hideuse bande au service de la propagande fasciste.
Comment se fait-il que l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique laisse perdurer cette forme abjecte de la propagande haineuse et nationaliste ? Aller tous les soirs au Praud c'est hélas participer à cette abjection, c'est encore permettre en France l'avènement d'une personnalité proche de tous ces repoussoirs de l'intelligence et de la tolérance qui émergent partout dans le Monde.
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