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Billet de blog 17 septembre 2012

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Un ghetto scolaire inacceptable

Une Segpa désintégrée, ancienne génération.

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Une Segpa désintégrée, ancienne génération.

Monsieur Doligé est le président du conseil général du Loiret. Il vient avec une fierté légitime d'inaugurer un nouveau collège flambant neuf dans le quartier de La Source. Il se félicite que cet établissement, nouvelle génération, puisse accueillir aussi les élèves de la Segpa.

Il oublie d'évoquer les dix-huit mois de galère où seuls ces élèves étaient relégués dans des pré-fabriqués aux abords du chantier quand les élèves « ordinaires » avaient droit à un établissement de substitution. Un détail pour ce personnage si soucieux de l'équité. De cette aventure rénovatrice, j'ai pu récupérer enfin un bureau dans le lot des surplus mis au rencart. Je n'avais qu'une table jusqu'alors !

Notre bon président oublie encore de préciser dans un entretien tout à la gloire de la grandeur d'âme de cette noble assemblée que lors d'une rénovation précédente, il s'est joué pire forfaiture encore. Le collège Dunois, établissement du Centre ville (la précision doit sans doute expliquer la suite) avait à son tour l'honneur de la rénovation ce qui dans le Loiret signifie le plus souvent une reconstruction de fond en comble.

Là encore, ce collège avait l'inconvénient manifeste de disposer d’une Segpa, structure fort onéreuse, qui dérange les financeurs et qui reçoit des élèves qui ne seront vraisemblablement pas de futurs électeurs … Là, en dépit des effets d'annonce dans les journaux locaux et sur les prospectus de propagande, pas d'intégration pour ce petit peuple des déshérités scolaires. La Segpa Dunois est restée dans sa venelle à plus d'un kilomètre de ce bâtiment neuf et fonctionnel.

Pire même, avec d'autres responsables de tous poils, non loin de là, dans la même ville, s'organise à petit feu la mort d'une autre structure adaptée, qu'on vide tranquillement, méthodiquement avant de reconstruire un collège débarrassé de cette verrue spécialisée … La discrimination est un gisement d'économies !

Revenons à notre collège Dunois et à sa piteuse annexe de la venelle du Ponceau. Le brave homme avait des raisons que la raison et la morale ignorent. Sans doute, il n'a pas souhaité mettre tous les œufs dans le même panier, surtout que certains étaient sans doute un peu fêlés. Il manquait encore d'esplace pour loger ces maudits ateliers qui demandent tant de place pour si peu d'utilité.

Nous pouvons tout entendre, la discrimination se justifie de bien des manières et la langue de bois officielle permet de tout enrober d'arguments bien commodes. Alors, point de place pour les élèves en difficulté dans ce beau collège flambant neuf. Les parents ne se regrouperont pas pour protester et se faire entendre, les enseignants seront réduits au silence par ce merveilleux devoir de réserve qui ne sert que les actions les plus viles !

Ce brave homme aurait pu néanmoins se pencher sur l'état des bâtiments de relégation. C'eut été faire un geste de commisération ou de simple justice. Je doute qu'il y ait songé et je suis certain qu'il n'y a jamais mis ses respectueux escarpins dans les pas de ces élèves qui ne comptent pas …

Il aurait vu des murs qui s’effritent, des huisseries qui laissent passer les courants d'air, des volets roulants qui n'ont pas été réparés depuis plus de huit ans et qui laissent le soleil transformer les classes en fournaise, tout en ne permettant pas d'y faire des projections quand il n'y a pas un nuage. Cela dit, il faut rendre hommage à notre cher président qui a de la suite dans les idées ; les classes ne sont pas connectées à internet et il n'y a aucune raison de vouloir projeter quelque chose !

Je ne vous dis rien des conditions matérielles, du sentiment d'abandon, de la distance pour aller déjeuner ou se rendre au C. D. I. où naturellement nous n'allons jamais ! Je ne parle pas de l'absence de manuels scolaires ; c'est un fait général pour ces élèves sans droit, de la rentrée qui se fait sans secrétaire, du manque de surveillants.

Vivre à l'écart est déjà compliqué. Nous devons supporter un sentiment d'injustice, de mépris, d'oubli. Nous baignons dans un univers clos où tous les élèves sont en difficulté sans pouvoir bénéficier du contact de ceux qui se comportent mieux. Nous sommes un ghetto scolaire par la volonté, l'incompétence, la malveillance, l'indifférence ou l'ignorance de politiques simplement comptables, de responsables pleutres, de journaux silencieux.

Soyez heureux de vos belles réussites, oubliez longtemps encore cette tâche que vous ne voulez voir..

Colèrement leur.

Lire page 5 de la Tribune d'Orléans

http://www.loire-net.tv/media/tribune_pdf/orleans/tribune-orleans-274.pdf

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