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Billet de blog 18 juillet 2012

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Assistance Ligérienne

 Tous ces mariniers restés à quai … Le marcheur solitaire qui s'en va sur les chemins de Loire sans téléphone portable ni prévisions notables serait bien peu de chose sans une équipe logistique restée à quai qui joue, de loin, les anges gardiens, les bons samaritains du traîneux des rives. D'autant que de nos jours, les cabines téléphoniques en marche sont encore plus rares que les points d'eau sur le trajet de la Loire à vélo. Nos services publics baissent la voile …

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Tous ces mariniers restés à quai …

Le marcheur solitaire qui s'en va sur les chemins de Loire sans téléphone portable ni prévisions notables serait bien peu de chose sans une équipe logistique restée à quai qui joue, de loin, les anges gardiens, les bons samaritains du traîneux des rives. D'autant que de nos jours, les cabines téléphoniques en marche sont encore plus rares que les points d'eau sur le trajet de la Loire à vélo. Nos services publics baissent la voile …

Alors, j'avais à terre, une armada invincible, chevaliers servants de la cause ligérienne, restaurateur multi-cartes, animateur, photographe, journaliste et simples mariniers à l'écoute. Tous au taquet pour relier les possibles à l'improbable marcheur injoignable. Seul le courant discontinu de la grande toile carrée permettait à ceux-là d'envoyer bouteille à la Loire.

Ils usèrent des réseaux sociaux pour tenter de placer l'asocial entre de bonnes mains locales. L'affaire fut délicate sur le début du parcours. Il semble que certaines contrées aient tourné le dos à notre fleuve royal. Les syndicats d'initiatives ne connaissent pas les adresses marinières, il se trouve même que certains ignorent celui qui pourtant fait métier de la transmettre à deux pas de là.

Alors, le réseau « Assistance ligérienne » se mit en branle-bas de combat. Les messages allait de l'un à l'autre, les carnets d'adresses chauffaient et la toile bruissait des appels au secours pour le marinier à pied. Ils n'ont pas ménagé leur peine, les amis des bords de quais ! Que c'était difficile de trouver gîte ou couvert en ce mois de juillet tristounet !

Puis le silence s'est déchiré, arrivé à Chaumont sur Loire, la connexion se fit et mon premier bateau me tendit la proue. De cette belle rencontre, un portrait est né. Il aurait pu être le premier d'une longue liste de gueules marines qui m'attendaient désormais. Mais il y avait du gîte sur la mâture, ma cheville n'en a pas voulu ainsi.

Les gens de l'aval m'attendaient. L'assistance ligérienne avait fait des miracles, déjà les étapes suivantes étaient toutes assurées. Les gars Bertrand et Patrick jouant l'étoile du marinier pour indiquer le bon chemin. À Bréhemont ou à bien à Chouzé, à Langeais ou à Chinon, des oreilles étaient dressées pour entendre mes bonimenteries.

Le réseau ne s'est pas offusqué de la défaillance mécanique. L'assistance a joué encore son usage pour ramener au port celui qui avait rompu les amarres. La solidarité marinière n'est pas un vain mot, quand les maux vous foudroient, le fanal de l'amitié brille encore. Ils se mirent en quatre pour me tirer de là, venir me quérir pour me remettre sur pied.

La table était mise, il ne faut pas laisser sur sa faim un marinier en rade. Gilles et Denis jouèrent leur partition hospitalière. Quand le vin est tiré il faut le boire, le verre de l'amitié est chose sacrée quand on vient vous aider, fusse-t-il agrémenté de quelques gélules d'Arnica.

Voilà comment s'achève en queue de poisson mon histoire marinière. Cette année, mes semelles n'étaient pas ailées. Que c'est dommage car la Loire avait fait des joues, le vent d'ouest soufflait comme il y avait bien longtemps. Il y avait de quoi raconter sur le chemin vers la mer et je dois renoncer au tiers de ma descente.

Pourtant, je ne voudrais pas clore, provisoirement je l'espère, cette histoire ligérienne, sans remercier ici ceux qui jouèrent les aiguilleurs des rives. Ils ont l'esprit qui convient pour honorer notre fleuve et même si leurs faces de boucs ne sont pas toujours avenantes, c'est pour faire tourner en bourrique celui qui tombe dans leurs filets. On ne peut attendre mieux de ces maudits pêcheurs à pied de nez !

Assistancement leur

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