Habituellement, le diable est dans les détails.

L'antéchrist au Palais

La bonne gouvernance voudrait que le diable soit dans les détails, tapi derrière des intentions louables ou des propos avenants, dissimulé derrière des propositions plaisantes de nature à satisfaire le plus grand nombre. Dans l'art de la bonne politique, on nomme ce camouflage adroit des véritables intentions : la démagogie.

Nombreux furent ceux qui jouèrent avec un art consommé de la technique, prétendant la main sur le cœur agir au nom du peuple, souhaiter le bien du plus grand nombre tout en proposant des mesures qui pouvaient obtenir l'assentiment de tous. Ceux-là avaient encore une once de sens démocratique et n'osaient pas agir systématiquement contre les citoyens qui les avaient placés à un poste de respectabilité.

Mais ceci était avant l’avènement de l'antéchrist, créature nocive émergeant d'une grande banque, empire du mal s'il en est, dans ce monde des inégalités toujours croissantes. L'homme n'a du reste jamais trompé son monde puisque se prenant pour Jupiter, il annonçait implicitement sa volonté d'entrer dans le monde des forces obscures.

Il a frappé son peuple avec ses armes, la foudre et le tonnerre, châtiant impitoyablement les plus humbles, les terrassant du haut de son Olympe. Il fit de l'Élysée la succursale de l'enfer, niant la réalité, gommant les cris de détresse de ces simples mortels qu'il allait vouer aux flammes de son bras séculier en guise de jugement premier.

Il se fit accompagner d'une fée maléfique, plus sorcière que bonne première dame, qui sous son allure matoise, tirait les ficelles de sa créature. C'est ainsi que nous découvrîmes qu'il n'était que le fruit des amours incestueuses de la finance et de l'ambition au service d'un ego sans limite. Toutes ses déclarations démontraient le profond mépris qu'il avait pour ces vermisseaux qu'il entendait écraser d'une morgue sans pareille.

Qu'importe les soubresauts du pays, les colères et les indignations, lui le maître du temps et des tourments agissait à rebours de toutes les expressions populaires, convaincu qu'il portait la seule parole acceptable, une forme de parole divine venue des tables de la loi du libéralisme sauvage. Ne nous y trompons pas, il n'était que l'envoyé sur terre des maîtres du monde, ces géants cupides qui accaparent désormais toutes les richesses.

Contre vents et marées humaines, il a maintenu le cap, jouant naturellement avec le feu comme le fut sa nature profonde. Il a dissous toutes les fondations de ce qui faisait le lien entre le pouvoir et le peuple, agissant au nom d'une entité suprême qui émanait de sa seule personne. Et c'est alors qu'il se brûla les ailes et ses doigts crochus, déclenchant l'apocalypse.

Pour montrer alors qu'il se moquait des conséquences de ses multiples errements, lui le roi des atermoiements, le Prince des ténèbres, fit appel à un personnage qui ne laisserait plus aucun doute sur ses intentions. Conscient du besoin de symbole chez un peuple renvoyé aux croyances ancestrales, il usa du procédé le plus basique qui soit.

Puisque ses desseins sont machiavéliques, puisque son comportement est diabolique, puisque les conséquences de tous ses maléfices sont sataniques, il alla quérir un représentant sans équivoque, un être cornu pour afficher haut et fort ses objectifs de fin du monde et d’apocalypse nucléaire.

Ainsi avec ce premier ministre au nom prédestiné, nulle surprise désormais. Chacun sait que le chemin est tout tracé par Jupiter en personne pour conduire la nation vers les abysses. Plus certaine sera la chute et cette fois, nulle tromperie dans les intentions. L'homme se dévoile dans toute sa noirceur luciférienne ou méphistophélique.