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Billet de blog 19 juin 2012

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Nos fractures nationales

Et maintenant, qu'est qu'on fait ? Voilà, c'est fini ! Pour le moment du moins, nous bénéficierons d'un bref répit. Nous sortons fragmentés, épuisés, cocufiés de ce long marathon électif qui comme toujours dans la République a donné un verdict bien loin de la réalité complexe du pays. Sans nuance, sans pondération, sans équilibre ni justice, notre système se donne tout entier au camp légèrement en tête, écrasant les autres sous une amplification malsaine et porteuse de frustration et de colère.

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Et maintenant, qu'est qu'on fait ?

Voilà, c'est fini ! Pour le moment du moins, nous bénéficierons d'un bref répit. Nous sortons fragmentés, épuisés, cocufiés de ce long marathon électif qui comme toujours dans la République a donné un verdict bien loin de la réalité complexe du pays. Sans nuance, sans pondération, sans équilibre ni justice, notre système se donne tout entier au camp légèrement en tête, écrasant les autres sous une amplification malsaine et porteuse de frustration et de colère.

Les observateurs poussent désormais des cris de vierges effarouchées ou de jeunes puceaux imberbes en observant le record de l'abstention du dernier scrutin. Ils fustigent du haut de leur candeur feinte l'électeur oublieux de son devoir, le citoyen indifférent à la vie civique, l'individu supposé sans opinion ni conviction. Ils ferment les yeux sur les règles d'un jeu biaisé, injuste et partial qui dans le même temps leur assure une audience qui ne repose pas sur leur influence réelle. Ils sont à ce titre, les complices actifs d'une farce démocratique.

Un petit détail insignifiant, une broutille en ces temps de congratulation rose et de valse brune, un seul des dix prétendants au poste que l'on s'évertue à maintenir suprême fait son entrée au parlement. Parmi ceux qui tentèrent l'aventure, la machine à ne laisser dépasser que deux têtes a encore frappé avec une efficacité redoutable. Il faut taire les voix divergentes dans cette chorale à deux voix ! Les autres sensibilités sont appelées à aller à la pêche, ce qu'elles font désormais pour le plus grand étonnement de nos choristes.

Puis, l'observation des résultats montre le grand malaise de notre société. La France est coupée en fragments imperméables les uns aux autres, en structures qui n'ont plus rien à se dire, en compartiments étanches qui se regardent en chien de faïence. Le vote est désormais géographique, la France fragmentée, éparpillée, divisée.

Nos villes sont Bobo ! Le prix de l'immobilier en a fait des espace préservés pour gens argentés. L'électorat à l'abri du besoin qui s'offre de belles idées généreuses, un semblant de partage par une redistribution qui doit être la moins violente possible. Ce sont les nantis de la culture, du salaire et de l'emploi confortables, des services publics et des infrastructures collectives. Ce sont encore les bénéficiaires longue durée de la retraite et du temps libre. Ils montrent leur générosité en se tournant vers le camp de la générosité prudente et fictive.

Nos campagnes sont Facho ! Ce sont les laissés pour compte de la croissance, de tout ce qui rend la vie plus facile. Ce sont les isolés qui se regroupent autour d'une peur de ce qu'ils ne connaissent pas. C'est le pays victime de la logique libérale qui lui tend les bras en pensant qu'il n'y a pas de salut en dehors de cette farce. Ce sont encore les publics dociles et captifs de nos chaînes de télévision qui transpirent la peur et l'angoisse pour favoriser l'émergence de la pire des pensées. Ils se sont donnés au camp de la terreur et du mensonge.

Nos banlieues sont Ghetto ! Abandonnées de tous, stigmatisées par les uns, incomprises par les autres, méprisées de ce joli monde qui n'est pas du leur, elles se replient sur le communautaire, s'inventent une foi radicale, se ferment à la culture et aux valeurs nationales. Elles regardent, indifférentes d'abord, haineuses ensuite, un spectacle auquel elles ne sont jamais conviées. C'est le camp du silence et de la chape de plomb !

Nos élites sont Bimbos. ! Elles ignorent tout du pays réel, ont grandi à l'écart des enfants des autres catégories, se sont nourries d'une pensée qui se contente de croire sans jamais se confronter au réel. Ils vivent dans une bulle, se regroupent dans des quartiers chics, des condominiums gardés. Ils se préservent du peuple, cette maladie honteuse. Ils font quelques bains de foule puis s'en vont bien vite dans leurs palais dorés. C'est le camp de la cécité !

Voilà notre France, un ensemble explosif, une cocotte minute qui ne pas va tarder à exploser. La représentation nationale ne représente plus qu'elle même, elle a phagocyté une démocratie au seul service de ses intérêts. Deux factions si semblables se partagent le gâteau. Deux conceptions presque identiques pour que la fête continue. Les fractures s'écartent, les différences s'accroissent, les incompréhensions se font gouffre. Mais ils continuent de bénéficier d'avantages scandaleux, de croire en leur légitimité alors qu'ils ne sont plus que les avatars d'un coup d'état consternant. Notre démocratie se meurt d'avoir oublié la pluralité !

Fractalement vôtre

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