C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

5062 Billets

2 Éditions

Billet de blog 20 octobre 2025

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

Messieurs les censeurs.

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Autres temps …

Illustration 1
© Chaunu Emmanuel

Il est curieux de constater que le citoyen ordinaire, las d'être mené en bateau par le capitaine et son équipage en vient à espérer la réussite de la motion de censure. Une forme par procuration de laver les innombrables affronts que la présidence actuelle n'a eu de cesse d'affliger au bon peuple des gueux et des manants.

Pourtant, dans l'histoire récente, rien n'était pire que cette maudite censure qui venait imposer une chape de plomb sur la liberté d'expression. Il est vrai que depuis, paradoxalement trop de libertés en la matière fait la part belle aux plus abjects des propos, aux plus hideuses des opinions d'autant qu'elles ont désormais pignons sur rue et médias à leurs dévotion.

Pour clarifier la situation, il est bon de revenir à l'origine de ce terme. Les censeurs romains à partir de -443 avant JC (Jules César peut-être), avaient pour but de répartir les citoyens en cinq classes censitaires (terme qui renvoie à l'imposition fiscale). Les censeurs établissaient ainsi une forme d'ostracisme fondée sur la richesse.

Puis l'église catholique et néanmoins romaine s'est appropriée le mot pour lui donner une dimension sacrée en déclarer solennellement et selon les formes  la pertinence d'une notion qui par là-même devient un dogme. Progressivement cette acceptation introduisit un sens secondaire se référant au jugement et à la critique du texte.

Les conditions étaient alors réunies pour glisser de la critique à l'interdiction en mettant à l'index ou aux enfers, un texte ou une opinion jugés hérétique, scandaleuses, dangereuses ou prohibés suivant les cas. Les pouvoirs politiques s'emparant alors de cette mise sous le boisseau pour imposer leur idéologie.

Pour ce qui nous préoccupe présentement, la motion de censure s'offre un joli mélange des concepts et de l'histoire pour devenir ce mouvement d'humeur des représentants du peuple contre le gouvernement. Nous retrouvons cependant l'idée de regrouper derrière cette sentence les mêmes classes sociales qui s'opposent aux représentants des nantis, une forme de vote censitaire par le rejet des tenants des possédants.

À contrario, il est alors question de briser l'évangile du pouvoir, de rabattre cette parole censée venir de l'Olympe et d'un Jupiter tout puissant. C'est un mouvement d'humeur qui nie la sacralisation d'une présidence vécue comme une monarchie d'essence presque divine. La motion de censure devient un acte impie pour mettre à bas l'épiscopat en place.

C'est enfin la volonté de faire taire une expression qui depuis longtemps s'est coupée de la base et n'a de cesse de se faire le porte parole d'une élite au détriment d'un peuple, devenu quantité négligeable. C'est alors un cri du cœur pour chasser ceux qui ont jeté aux orties l'intérêt général et le bien être des plus nombreux.

Dans une démocratie où l'expression populaire est de plus en plus confisquée par des élites qui ne représentant jamais sociologiquement ceux qu'elles gouvernent, la motion de censure devient une forme de vote par procuration assez paradoxal puis confié à des bénéficiaires d'avantages et de privilèges rejetés massivement par les gens d'en bas.

C'est bien là que réside la limite de cet exercice puisque le risque est grand que le votant soit confronté à un dilemme d'importance : écouter la colère du peuple ou penser aux maintiens de sa position si confortable. Au moment du vote, bien des reniements n'attendent pas le champ du coq tandis qu'ils en se contentent pas de trente pièces d'argent.

Illustration 2
© Jak

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.