Le poulailler se fourvoie
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Alain Souchon, auteur compositeur sans histoire, a par inadvertance déclenché un raz de marée dans le microcosme médiatique qui s'est donné pour mission de favoriser l'avènement de la divine fille du cyclope. Reconnu pour avoir, par le truchement de ses petites chansons d’apparence fort simple, sut restituer les courants de pensées de la France profonde, sans vulgarité et avec une justesse délicate, le voilà accusé de tous les maux par les tenants du nouvel ordre populaire tricolore, de mépriser ce peuple qu'il a si bien dépeint.
Se contentant de répondre à une question sur l'éventualité de la victoire d'une sensibilité politique jadis réputée pour ses outrances verbales (et plus si affinité) il s'est contenté de répondre qu'il ne pensait pas que le peuple serait assez stupide pour aller jusqu'au bout de sa manifestation de mauvaise humeur, exprimée pour l'heure, dans les sondages d'opinion. Il a ajouté, offense suprême pour la nationaliste de tout crin, qu'une telle éventualité le forcerait à l'exil en Suisse, nation avec laquelle, il a des liens familiaux.
C'en était trop pour le rouleau compresseur de la clique à Bolloré qui a sonné l’hallali pour pourfendre cet ennemi du peuple, bourgeois gavé de ses confortables revenus, compte tenu de son succès populaire. Ainsi donc, tous ces individus qui ont vendu leur âme à une des plus grandes fortunes françaises s'indignaient qu’un nanti puisse mépriser de la sorte, les futurs électeurs du seul parti susceptible de sauver le pays.
On devrait en rire. Qui sont ces petits porte-voix de la haine et de la désinformation, si ce n'est que des employés aux revenus conséquents, d'un des fossoyeurs de la richesse nationale ? Des bourgeois obtus et serviles dénonçant un comparse qui ne se couche devant personne, la farce serait risible, si elle se contentait de n'être qu'une aimable plaisanterie.
Mais ces furieux de la parole fétide ont déclenché un mouvement d'opinion dans les réseaux sociaux et le gentil chanteur se trouve désormais sous le feu croisé des agités du bocal. Mort médiatique (pour commencer) à celui qui a insulté un peuple qui n'en peut plus de vivre sous la coupe d'une oligarchie qui le pousse à bout.
On croit rêver ! La matelote héritière serait une petite bergère issue des basses couches de la société. On va nous refaire le coup de la Lorraine de Domrémy en feignant d'ignorer que la famille du cyclope vit dans une opulence que l'on doit qualifier de douteuse. Personne dans l'entourage de la future reprise de justice ne sait ce qu'est la pauvreté et les fins de mois difficiles.
Personne dans cette cohorte journalistique qui bave à longueur d'antenne un catéchisme propagandiste pour préparer la victoire de la peste brune, ne partage le quotidien de ceux qui par dépit, humiliation et désespoir, se tournent vers ce qui leur semble l'ultime recours. Alors, s'ils ne sont pas concernés, pourquoi lancent-ils les fauves sur ce brave chanteur populaire de qualité ?
Tout simplement parce qu'ils agissent sur ordres. Des injonctions qui viennent de leur patron et du grand patronat. Ce fameux parti patriote et populiste est désormais le cheval de Troie du grand capital qui mise sur sa victoire pour accroître leurs bénéfices, abolir les acquis sociaux, réduire les libertés individuelles.
Le peuple auxquels ils entendent ainsi restituer son honneur bafoué par monsieur Souchon, ils ne cessent de le leurrer, de lui faire prendre des vessies pour des citernes, de le gaver de belles promesses qui ne seront jamais tenues. Le parti de la haine et de la xénophobie n'est en rien populaire, il roule pour une certaine idée de la gouvernance qui n'a rien de démocratique et pour un programme réel, à l'opposé de ses belles promesses. Pourquoi Bolloré et consorts soutiendraient-ils un parti qui irait à l'encontre de leurs intérêts ?
Alain Souchon n'est pas un traître au peuple, c'est un éclaireur, un éveilleur des consciences. Il incite au réveil et à la réaction tous ceux qui se sont laissés hypnotiser par cette propagande soigneusement élaborée par les dignes successeurs du national-socialisme d'alors.
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