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Billet de blog 22 décembre 2025

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Ta race.

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Tu pourrais aussi bien courir…

Illustration 1
© Jiranath Phatarasomjed

Qui court après le succès populaire, qui a envie de voir venir à lui les sportifs de tous poils et de tous âges, n'a qu'un terme à sa disposition pour attirer les avaleurs de bitume, les aventuriers du goudron, les dévoreurs de grands espaces ou bien encore les virtuoses du dénivelé. Point n'est besoin d'user un vocable bien de chez nous, vous resteriez les deux pieds dans le même sabot. Il convient de mettre en avant sur votre affiche un terme de plus en plus décomplexé.

Il n'est plus question de course ou de ronde, de parcours ou de trajet, termes désuets et il faut bien l'admettre totalement obsolètes puisque issus d'une langue que les chantres du progrès dans le consumérisme exacerbé ont décrété universelle et obligatoire. Seule la Race fait l'affaire, si possible avec d'autres mots issus de cette culture expansionniste.

En dépit de la loi Toubon, loi paradigmatique de ce que pondent nos chers parlementaires à longueur de session, un texte jamais appliqué qui ne sert qu'à communiquer un temps sur une volonté qui n'est que de façade, pour amuser la galerie et le bon peuple, bien des communes usent de cette appellation lorsqu'elle organise, cautionne ou patronne un événement sportif où il convient de se mouvoir sur ses deux jambes le plus rapidement possible.

Il me semblait bon de donner une définition claire et accessible à tous pour définir un terme que les scientifiques eux-mêmes n'osent considérer comme pertinent dès qu'il s'agit de distinguer les individus au sein de l'espèce humaine. Pourtant, on use et abuse de la Race pourvu qu'on y mette un accent non de sincérité mais d'exotisme.

Tels les bons soldats de la communication contemporaine, celle qui est promue dans les écoles de commerce, de management ou dans les officines événementielles, c'est d'un même pas que tous ces adeptes de la novlangue appellent Race une course à pied qui enjambe allègrement notre bonne langue française.

Pour forcer le trait, ajouter à l'infamie et à la trahison nationale, il est préférable d'en ajouter un peu avec du training, du color, du love ou du No limit, de l'ultimate ou du boat race pour prendre quelques exemples au bond. Il n'est d'ailleurs pas question de lever le pied dans cette pratique puisqu'à chaque animation, un nouveau mot sort de la botte secrète de nos faiseurs de mots.

Osons évoquer alors la course à l'armement des adeptes de la RACE qui pour pratiquer l'activité la plus naturelle qui soit : la course à pied, s'équipe de pied en cape de tout ce que la technologie peut inventer. Non seulement la course aux matériaux synthétiques, technologiques, sophistiqués fait des ravages dans les vêtements et les chaussures mais il faut encore y ajouter traceur, tensiomètre, GPS embarqué et autres objets numériques qui font du coureur un être vraiment Racé…

N'oublions pas la diététique qui se met en branle pour proposer aux Raceurs de se composer des menus ad-hoc, de prendre des compléments alimentaires idoines, d'avaler des boissons énergisantes et de se gorger de produits favorisant la performance ou la récupération. Naturellement sans contrôle médical ni même de garanties concernant leur santé. L'essentiel étant la course à la dépense pour se dépenser sans compter.

La sueur du front dans la RACE ne suffit pas au bonheur de ceux qui promeuvent cette folie. Il y va d'un abrutissement général, une perte des repères et des pédales, un emballement qui confinent à la fuite en avant. Il est fort peu probable que la race humaine sorte grandie de ce piège. On va me dire ici que je vois tout en noir, que j'aime franchir la ligne jaune, que j'agite trop facilement le chiffon rouge et qu'il serait temps que je déploie le drapeau blanc, je n'entends pas m'arrêter en si bon chemin et me lance dans une course effrénée pour combattre sans pitié l'usage de ce terme équivoque et malsain.

Illustration 2

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