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Billet de blog 23 septembre 2025

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Une omission fâcheuse.

Illustration 1

La Bouline ? Vous vous rappelez sans doute ce groupe historique de la Marine de Loire qui en son temps sortit un album « En Orléans sur Loire » qui fut célébré dignement lors d'un festival qui ne tournait pas encore le dos à ceux qui avaient eu le mérite de créer un répertoire là où les friches du passé lointain n'avaient pas laissé grand-chose à se mettre sous les cordes vocales.

Avec les fis d'Galarne, ils furent les pionniers de cette aventure qui au fil des éditions prit une ampleur considérable. D'autres groupes suivirent leurs traces tandis que plus loin, les véritables collecteurs du chant fluvial : Élébore et Les Chavans cessèrent de figurer au programme pour des raisons qui échappent à ma compréhension.

Un nouveau folklore naissait au fil des créations de groupe. L'inspiration penchait bien plus vers une forme terrienne du chant de marin de pontons et de quais. Pour plaisant et entraînant qu'étaient ces productions, nous étions loin d'une tradition qui n'avait laissé que bien peu d'archives. Il n'est d'ailleurs pas certain que le chant à manœuvrer fut de mise sur la Loire mais qu'importe, un mouvement était né qui méritait qu'on lui offre des scènes au bord de l'eau.

Pendant ce temps, dans le Landerneau local, des artistes se pinçaient du nez à l'écoute de ce qui était pour eux une sous-culture de pacotille, un gloubi-boulga à la sauce aqueuse qui ne méritait aucun respect et recueillait les plus vives critiques, tout comme ce Festival de la beaufitude, jusqu'à ce que la programmation dans un souci de diversification ne leur offre des contrats sur lesquels il était délicat de cracher.

Maintenant, l'amnésie semble avoir frappé puisque Dan Grall, le créateur de certaines des plus belles chansons de ce répertoire qui voyait le jour, n'a pas touché un producteur plus sensible à satisfaire l'air du temps que de défendre ce qui constitue la substantifique moelle d'un événement qui se nomme qu'on le veuille ou non « Festival de Loire ! ». En ne retenant pas la candidature de ce grand monsieur de la chanson de Loire, non seulement il offense nombre de ses amis pour qui il demeure leur maître et leur ami, mais de plus, il ne remplit pas moralement son cahier des charges.

Illustration 2

Je sais déclencher la tempête dans une cité où évoquer une critique publique relève du crime de lèse-majesté, mais comment se taire devant pareil coup de Trafalgar. Faut-il rappeler que la Bouline, sur les navires de la Royale, était une corde tressée qui servait aux châtiments corporels pour les marins qui avaient fauté. Ceci peut et devrait inciter à une relative prudence.

Ajoutons qu'en Loire, la Bouline permettait d'orienter la grande voile carrée pour lui permettre de prendre de biais le vent de travers. Pour les spécialistes ce sont des cordes simples qui tiennent chacune à deux autres cordes plus courtes, qu’on nomme pattes de boulines. Celles-ci tiennent encore à de plus courtes qui sont nommées ansettes ou cobes, lesquelles sont épissées à la ralingue de la voile. Mais ceci a-t-il vraiment son importance quand on en arrive à pareille ignorance du sujet censément traité ?

Les vents semblent contraires qu'ils proviennent de bâbord ou de tribord pour ceux qui se donnent pour mission d'évoquer l'histoire de la Marine fluviale. Ils sont tout juste invités à animer le quai sans bénéficier du statut d'artiste ni accéder aux scènes qui se feront un malin plaisir à tourner le dos à la Loire. C'est la loi du genre et du succès populaire, il ne faut pas s'en étonner.

Les VIP et les têtes couronnées ne se préoccupent guère de toutes ces considérations aussi oiseuses qu'aqueuses. Le clinquant se passe de l'authentique, les réceptions suffiront à leur soif de découverte tandis que l'entre-soi suffira à combler leur éventuelle curiosité à propos d'une épopée qui doit se circonscrire à la gloire des marchands d'antan sans qu'il soit nécessaire d'en savoir plus sur les petits métiers, les gens de peu et leurs difficultés, les légendes et les récits qui ont constitué pourtant le creuset d'une histoire locale qui fut à l'origine de l'une des plus singulière aventure humaine et économique de ce qui était alors le Royaume de France.

Ceux d'la rivière © C'est Nabum

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