Nous sommes tous ukrainiens

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Un fou n'en fait qu'à sa guise tandis qu'il a amusé ceux qui se prennent au sérieux, les promenant de promesses en réunions, pour le seul plaisir d'amuser la galerie. Face à lui, il n'est rien à faire, puisque la raison tout autant que la morale lui sont inaccessibles. Il a mené en bateau le Grand Jupiter en personne, avant que de déclencher la foudre où et quand il le voulait.
Tous ceux qui s'indignent aujourd'hui ne feront rien de mieux que de jouer les vierges outragées. Puis, de guerre lasse, les bras croisés, ils se contenteront de faire de belles et nobles déclarations pour au final, reconnaître qu'il n'est rien à faire. Les bombes iront au hasard, des civils tomberont tandis que les émissions spéciales réuniront les experts qui péroreront sur le sujet.
Les nations démocratiques n'oublieront pas de tenir des conseils de défenses afin de ne pas prendre les armes, des réunions au sommet pour prendre de la hauteur et une distance suffisante afin de ne pas subir d'effets collatéraux. Depuis le chancelier Hitler, la même impuissance paralyse ceux qui se prétendent du camp de la démocratie. Il est vrai que prendre le risque de la riposte avec un fou furieux n'est pas une sinécure.
Cependant jusque-là pour fou qu'il fut, l'homme fut reçu en grand pompe, on lui déroula le tapis rouge et tous les honneurs dus à son rang. Il en va de même pour d'autres tyrans, d'autres cinglés, d'autres monstres qui sont autant de menaces pour la paix dans le monde. Mais tous ceux-là sont des clients en puissance, des marchés à conquérir ou des carnets de commande à remplir. Les lois du commerce passent outre les valeurs et la vertu, pourquoi geindre aujourd'hui alors qu'on sort justement de jeux olympiques dans un de ces redoutables pays totalitaires capables de tout.

Notre impuissance est sidérante, notre seule capacité réside dans des sanctions financières et économiques, ce qui démontre à l'évidence que ce sont bien les seules choses qui font tourner ce système absurde. Sanctions qui du reste seront aussi inutiles qu'un coup d'épée dans l'eau pour contrer des missiles balistiques.
Fort heureusement, il nous restera les discours de nos prétendus chefs d'état. Nous ferons semblant de croire à leur indignation stupéfaite tout autant qu'à leur surprise outragée. Des trémolos dans la voix, les mêmes qui n'ont cessé de faire des risettes à toutes les ordures de cette planète au nom du pragmatisme économique, nous jouerons un peu de violon afin que de continuer le bal des hypocrites.
La guerre est à nos portes mais qu'importe tant que ce n'est qu'à la limite de notre pré carré. Bien sûr, après ces malheureux, d'autres peuples subiront le même sort. Les colères demeureront proportionnées, il n'est pas question de mettre de l'eau dans le gaz sibérien. Les effets de manche le bal diplomatique, les déclarations de principe ne sont que des amusettes pour nos joyeux solistes qui ne savent que pisser dans leurs violons.
Roulements de tambour et sonneries mortuaires viendront se joindre bientôt aux minutes de silence, la plus redoutable de nos répliques communes. C'est même devenu dans la panoplie des défenseurs de la civilisation, la réponse systématique pour couvrir sans doute le bruit immense de toutes nos lâchetés.
La messe est dite en Ukraine, bientôt il faudra un Te Deum pour les autres nations baltes. Nous savons désormais que contre les dérèglements de toutes natures, la démocratie est incapable de prendre ses responsabilités. N'accusons pas nos représentants, nous ne vallons guère mieux.
À contre-feu.

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