C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

5017 Billets

2 Éditions

Billet de blog 26 juillet 2025

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

La fugue de ma tête de cochon.

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le groin en l'air ...

Illustration 1

Pour lui, je n'étais qu'une mauvaise tête, tout au plus une forte tête qu'il entendait se payer, simplement par plaisir. C'est alors qu'il commit une grave erreur de stratégie. Pensant qu'elle ne valait rien, il refusa de la mettre à prix. Si pour lui, la chose semblait logique, il se retrouva le bec dans l'eau avec aucune proposition à mon sujet.

Après un long tête-à-tête avec lui-même, seule personne au monde qui eut pu parler avec lui d'égal à égal, il se couvrit d'un couvre-chef pour aller quérir une tribu de coupeurs de têtes. Derechef, il se trouva confronté à un véritable casse-tête. Je n'avais pas un poil sur le caillou, il n'était pas possible de me couper les cheveux en quatre, action préalable pour l'opération qu'il espérait faire exécuter.

De mon côté, sentant venir le danger, j'avais eu la sage idée de me mettre la tête sous le bras, histoire de réfléchir à tête reposée. Prenant au mot l'expression, je la glissais confortablement sur un coussin avant que de faire les cent pas pour trouver une bonne idée. À force de tourner en rond sur ce problème épineux, j'en perdis ma tête qui n'était plus là où je l'avais déposée.

Avoir la tête ailleurs sans même savoir où elle se trouvait, voilà bien une situation que je ne souhaite pas même à mon pire ennemi. J'ai naturellement le réflexe de lever les yeux au ciel, mais sans tête, la chose est assez délicate. Je dus faire appel à un comparse pour vérifier si elle n'était pas dans les nuages ou bien sur la Lune. Mon ami Pierrot, bon camarade, constatant la gravité de mon état me confia une chandelle et une plume pour que je rédige un avis de recherche.

C'est alors fort maladroitement que j'écris : « Homme ayant perdu sa tête, offre une prime pour qui la lui ramènera dans les plus brefs délais. Ci-joint une photographie de la fugueuse alors qu'elle était encore sur mes épaules ! ». Désormais ma tête avait un prix, ce qui redonna l'envie de se payer ma tête à mon pire ennemi.

Il entreprit des recherches, n'allant pas par quatre chemins, puisqu'une tête privée de corps ne s'aventure pas à courir les routes. Bien au contraire, c'est vers les jeux d'esprits et les casse-têtes qu'il porta ses investigations tout d'abord. Il se trompait une fois encore, elle n'avait pas la tête à ça, privée qu'elle était désormais de ma compagnie.

Faisant chou blanc, il supposa que dans pareil cas, elle devait souffrir de maux de tête et courut sur le champ à la pharmacie, voir si elle n'était pas venue quérir des traitements pour les céphalées. Mais une tête d'affiche comme la mienne ne court pas le cachet, il aurait dû s'en douter, elle qui avait pris la poudre d'escampette en toute conscience.

De guerre lasse, il se tourna vers les chasseurs de tête cravatés qui gravitent dans l'univers des directeurs des ressources humaines. C'était avouons-le faire plus grosse erreur encore, je n'avais absolument pas la tête de l'emploi. Il eut beau décrire mon chemin de vie, personne dans cet univers n'avait eu recours à une tête dont les dents ne rayaient pas le plancher.

Pour une raison qui m'échappe, il se mit en quête de ma tête dans le charmant village de Patay au cœur de la Beauce, non loin de Bacon, allez donc savoir pourquoi ? Des esprits chagrins et quelques contempteurs habituels subodorèrent que ma tête de cochon ne pouvait décidément pas trouver meilleur refuge. L'idée certes n'était pas mauvaise, ma tête était de nature à pratiquer ainsi des associations d'idées.

C'est ainsi qu'en suivant ses recherches me vint l'idée de rechercher un village dont le nom aurait pu attirer ma tête. Avoir des idées sans sa tête demande une maîtrise intellectuelle dont je peux me glorifier au point de se pousser du col sans se monter le bourrichon. Après de longues recherches j'allais quérir à Chilleurs-aux-Bois ma chère fugueuse car je me doutais qu'elle y avait trouvé là une homologue pour se retrouver cul par-dessus tête. C'est ainsi que s'achève mon récit sans queue ni tête tandis que pour mon pire ennemi, ma tête continuera à jamais de ne pas lui revenir.

Illustration 2

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.